Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/707

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
683
BAA

de tout votre cœur, ôtez du milieu de vous les Dieux étrangers, les Baalim & les Astaroth, 1. Liv. de R. VII, 3. Baal, ou Baalim au pluriel, & Astaroth marquent en général les Dieux & les Déesses des Païens. Saci, dans sa note sur cet endroit. Cependant le même Auteur a toujours évité d’employer le pluriel Baalim dans le texte de l’Ecriture, & il ne met jamais que le singulier Baal. Otez du milieu de vous les Dieux étrangers Baal & Astaroth. Mais ce n’est pas parler assez exactement ; car comme nous avons dit, il y avoit plusieurs Dieux de ce nom tous différens les uns des autres. D’ailleurs, pourquoi ne pas retenir Baalim, comme Astaroth, qui est au pluriel, aussi-bien que Baalim ? Ou il falloit changer l’un & l’autre, ou il falloit retenir l’un & l’autre, comme ont très-bien fait les Lovanistes. C’est que M. de Saci ne savoit pas les langues originales. Les Traducteurs de Genève ont encore plus mal fait : car quelquefois ils ont aussi substitué le singulier Baal au pluriel Baalim ; mais quand ils ont conservé le pluriel, au lieu de Baalim, ils ont mis Bahalins, comme si on disoit Bahalin au singulier, ou qu’en françois le singulier Bahal pût jamais avoir Bahalins au pluriel ; c’est enter un pluriel françois sur un pluriel chaldéen, & faire un double pluriel. Les Lovanistes font aussi une faute à mon sens ; c’est qu’ils prennent Baalim pour un singulier, & ne lui joignent que l’article du singulier. Les enfans d’Israël firent donc mal en présence du Seigneur, & servirent à Baalim. Frison le change quelquefois en singulier, Baal, & quelquefois il met Baalim sans article, laissant à douter s’il en fait un singulier ou un pluriel. Otez du milieu de vous les Dieux étrangers Baalim & Astaroth. Je crois que pour parler exactement, il faut le faire pluriel, & lui en donner l’article. Les Baalim, des Baalim, aux Baalim. Il est même mieux & plus élégant de dire, ôtez les Baalim, & les Astaroth, que de dire, ôtez Baalim & Astaroth, ou Baal & Astaroth. Voyez Vossius, de Idol. Lib. II, cap. 4, & dans d’Herbelot ce qu’en disent les Musulmans.

Baal, est aussi quelquefois un nom propre d’homme, comme l. Paral. VIII, 30, IX, 36. Et dans Josephe, Liv. III, contre Appion, un Roi de Tyr, successeur de Ithobal, ou Ethbaal, est appelé Baal, soit que ce fût un nom appellatif & général, comme celui de Pharaon, soit que ce fût son nom propre.

Baal, est aussi un nom de lieu au Liv. I, des Paralipomènes, ch. IV, v. 23, & v. 33. C’est le même que le Livre de Josué, ch. XV, 9, 10, 11 & XIX, 8, appelle Baalath, ou Baala. Ce lieu étoit aux confins de la Tribu de Siméon, du côté du midi. S. Jérôme l’appelle Ballath dans son Livre, de locis hebraicis.

☞ BAALA. Ancienne ville de la Palestine, dans la Tribu de Juda. Elle est autrement nommée Kirjathjearim, selon Reland, & Canathiarim, ou Cariath-Baal, ou simplement Baal, ou Baalim de Juda, selon D. Calmet. L’arche d’alliance y fut transportée lorsque les Philistins l’eurent rendue.

☞ BAALLATH. Ville de la Tribu de Dan, que Josephe nomme Baleth, près de Gazara.

Baalath. Ville d’abord de la Tribu de Juda, ensuite de la Tribu de Siméon, entre Azem, ou Azemon & Chazar-Sual.

☞ BAALAT-BEER. La même, à ce qu’on croit, que Ramath, sur les confins de la Tribu de Siméon.

BAAL-BERITH. s. m. Nom d’une Idole. Les Talmudistes prétendent que cette idole avoit une figure obscène. Ils se fondent sur la signification de son nom, qui veut dire maître de l’alliance, Dominus fœderis ; selon la remarque de Buxtorf, la Circoncision étoit la marque de l’alliance que Dieu avoit faite avec les hommes. Pfeiffer croit que Baal-Berith étoit le Dieu protecteur des traités & des alliances, tels à peu-près qu’étoit, selon Kippin, Jupiter vengeur des sermens violés, ζεὺς ὅρκιος. Baal-Berith, selon Bochart, dans son Phaleg. Liv. II, ch. 17, p. 859, est l’idole, ou le Dieu de Berith, ou Beryte, patrie de Sanchoniathon. L’Ecriture en parle dans le Livre des Juges en deux endroits, 1° Jud. VIII, 27, où elle dit que Gédéon étant mort, les Israëlites prirent Baal-Berith pour Dieu, & au même Livre, IX, 2, où elle dit que les Sichémites donnèrent à Abimélech soixante pièces a argent qu’ils tirèrent du temple de Baal-Berith : & parce qu’on ne trouve Baal-Berith en aucun endroit, Bochart conjecture que cette idolâtrie se communiqua aux Israëlites par le commerce fréquent qu’eut Gédéon avec quelque Bérytien considérable, ou de quelque alliance ou traité fait avec lui. Il y a cependant une difficulté, c’est que le nom de la ville de Béryte vient comme nous le disons, à sa place, de l’hébreu בארות qui signifie des puits, & très-différent de ברית, berith, que l’Ecriture met toujours à Baal-Berith, & qui signifie, traité, alliance, confédération, fœdus ; mais cela ne l’arrête point. Autre conjecture : Nonnius appelle la ville de Bérith, Beroé, & dit que ce nom lui fut donné en l’honneur de Beroé fille de Venus & d’Adonis, ou, selon d’autres, de Thétis & de l’Océan. De-là Bochart infère au même endroit que Béroé est la même que Bérith ; que Baal par conséquent, dans Baal-Berith, est féminin ; mais que cela n’est point extraordinaire, & que les Septante le font souvent de ce genre, comme I, Sam. XVII, 4. Jer. II, 28, XI, 13, XIX, 5, XXXII, 35. Os. II, 8. Sophon. II, 4, & S. Paul Rom. II, 4. Seldenus a remarqué la même chose dans son Traité des Dieux de Syrie, Synt. II. Ainsi, selon Bochart, Baal-Berith est une Déesse, & non pas un Dieu. Il confirme ce sentiment par Sanchoniathon, qui parle d’un Elioun, c’est-à-dire, Très-haut, & d’une femme nommée Beruth, qui demeuroient à Byblos, qui étoit entre Berite & Sydon. Pour ce qui est du Liv. des Juges qui, ch. VIII, v. 27, dit que les enfans d’Israël prirent Baal-Berith pour Dieu ראלחים, il répond que les Hébreux ne connoissant point de sexe entre les Dieux, ils ont dû parler ainsi. Quoiqu’il en soit, il ne satisfait point sur la différence de בארות, Bérite, & בריתdans Baal-Berith ; & il est plus probable que Baal-Berith étoit un Dieu des Phéniciens, ou des Syriens, ainsi nommé, parce qu’ils croyoient qu’il présidoit aux traités & aux alliances ; Baal-Berith, Dieu du traité ou de l’alliance.

D’autres veulent que ce soit un nom de lieu, ou de montagne, dans la tribu d’Ephraïm, non loin de Sichem, où les Israëlites bâtirent un temple à Baal,& où, selon d’autres, ils firent alliance avec Baal, d’où vient le nom du lieu. En ce cas Baal-Berith signifieroit Alliance de Baal ; métathèse qui n’est point du génie des langues hébraïque, syriaque ni phénicienne.

BAAL-GAD. s. m. Selon quelques Auteurs c’est une idole des Syriens, & ce nom est composé de Baal, Seigneur, ou Dieu ; & de Gad, fortune, comme qui diroit Dieu de la fortune. Ils prétendent que l’on a dit aussi Bagal, ou Begal, noms qui signifient, disent-ils, bonne fortune. Dans l’Allemagne, ajoutent-ils, les Juifs ont coutume de mettre au-dessus de la porte de leur maison Ba-gad, ou Mazaltob, c’est-à-dire, bonne fortune, ou bon génie, pour attirer, ce semble, la prospérité dans leur famille. Il en est parlé dans Josué XI, 17, XII, 7, XIII, 5, & c’est un nom de lieu qui étoit dans la plaine du Liban, au pied du mont Hermon. Quelques Interprètes grecs l’ont appelé Baelgad, & Galgal, & Baegga, ou Balgad ; mais tous le prennent pour un nom de lieu. Il pourroit avoir été ainsi nommé, à cause de quelque idole qui y étoit adorée.

Quant à ce qui est de Bagad, ou Begad, que ces Auteurs disent avoir été la même chose que Baal-gad, ce mot ne se trouve qu’une seule fois dans l’Ecriture, Gen. XXX, 10, où l’Auteur sacré rapporte ce que Zelpha dit en mettant Gad au monde, & ce qui le fit nommer Gad, בגד. Ce mot hébreu ne peut avoir que deux étymologies. Ou il est formé du verbe בא, venit, & du nom גד, qu’on interprete felicitas, fortuna, & qu’Aquila, qui suit ce sentiment, a tourné ζῶσις ; ou bien il est composé de la préposition ב, in, & du même mot Gad. De quelque manière qu’on le prenne, c’est une manière de parler adverbiale, que la Vulgate a très-bien rendue par feliciter, prosperè. Est-il vraisemblable que Zelpha ait reclamé, ou remercié une idole, & que quand elle l’eût fait, c’eût été de ce nom d’Idole qu’on eût