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BAG

gnolettes une dentelle de soie noire tout autour. Les bagnolettes d’été sont ordinairement de gaze blanche mouchetée, avec une dentelle de fil ou blonde de soie : quelques-unes sont de Marly, ou entièrement de point, Merc. Mai 1726. L usage s’est déclaré pour bagnolette : il n’y a guère que les gens de Province qui disent bagnolet.

BAGNOLOIS, OISE. s. m. & f. Qui est de Bagnol en Languedoc. Balueoli ortus, è Balneolis.

Bagnolois ou Bajolois, Oise. s. m. & f. Bagnolus, ou bajolus, a. Nom de secte. Les bagnolois sont des hérétiques du VIIIe siècle. C’étoient de vrais Manichéens ; mais ils déguisoient leurs erreurs, aussi-bien que celles des Albanois qu’ils tenoient aussi. Ils rejetoient l’ancien Testament & une partie du nouveau. Ils prétendoient que le monde étoit éternel, & nioient que Dieu créât les âmes quand il les met dans les corps. S. Antonin, Summa Hist. P. IV, Tit. XI, cap. 7. Prateole, & Raynerus contra Valdenses, cap. 6, parlent des bagnolois. Le dernier dit qu’ils furent ainsi appelés de la ville de Bagnols en Languedoc. Les Vaudois ont aussi été appelés bagnolois.

BAGNOLS. Petite ville de France dans le Bas-Languedoc, à deux lieues du Pont du Saint Esprit. Balneolum. Cette ville a 21° 59′ 5″ de longitude, & 44° 40′ 0″ de latitude. Acad. de Montp.

☞ BAGNONE, ou BANONE. Bourg de Toscane, en Italie, sur une rivière de même nom, à deux lieues de la ville de Pontremoli. Bagnona, ou Bondalia.

BAGOÉ. s. f. L’une des Sibylles qui demeuroit chez les Toscans : la première d’entre les femmes qui ait rendu des oracles : elle prédisoit l’avenir par le tonnerre.

BAGUE. s. f. Anneau où il y a une pierre enchâssée & que l’on porte au doigt. Annulus. Il se dit sur tout de celui qu’on donne en la cérémonie du mariage. Scaurus, gendre de Sylla, fut le premier des Romains qui porta des bagues aux doigts.

Ce mot vient de bacca, que les Latins ont dit d’une perle ronde.Ménage, après plusieurs autres. Du Cange le dérive de baga, qu’il dit avoir signifié un coffre dans la basse latinité, d’où il prétend qu’est venu aussi le mot de bagage ; ou bien après l’Elementarium Doctrinæ Rudimentum de Papias, de bauga, ou bauca, qui signinoit des brasselets, que les hommes portoient autrefois, d’où il prétend qu’est venu aussi le mot de bagatelle. Icquez remarque que boug, dans la langue des Francs, baug dans celle des Goths, bagua dans celle des Cimbres, beag & beg dans celle des Saxons, signifient bijou, brasselet, pierrerie ; & il dit que c’est de ces mots, qui sont tous fort approchans, que bague est dérivé. Il ajoute que bigan & bugan veut dire fléchir, courber, & que ce verbe saxon est la racine de tous les mots que nous avons rapportés ici. Etienne Guichard croit qu’il peut être emprunté de l’hébreu בגד, beghed, habit ; car bague signifie meuble, vêtement, comme il paroît par cette phrase, se retirer bagues sauves. Cependant bague en ce sens ne vient point de בגד, beghed, mais de braccæ, braies, habit très-commun chez nos anciens Gaulois. Le même Etienne Guichard dit que bague dans le sens d’anneau vient de l’hébreu שכעה, qui signifie la même chose, en retranchant le ש. Cela ne paroît guère mieux fondé.

Bague d’oreille, est un petit cercle d’or, enrichi de pierreries, que les femmes portent aux oreilles, qu’elles percent à dessein. Monile pensile. On dit aujourd’hui boucles d’oreilles.

Course de bague, Equestris palestra, equestris discursionis genus, equestris decursio, est un exercice de manége que font les jeunes gens, pour montrer leur adresse, lorsqu’avec une lance, courant à toute bride, ils emportent une bague suspendue au milieu de la carrière à une potence.

Bagues et joyaux. En droit. Gemmæ, monilia, vasa, &c. ☞ Sont les ornemens qui servent à la parure des femmes, comme colliers, pierreries & autres choses semblables. Dans tous les contrats de mariage on stipule que les femmes emporteront leurs bagues & joyaux, ou une certaine somme en argent qui leur en tiendra lieu.

☞ Ces ornemens sont meubles, & considérés comme tels, de quelque valeur qu’ils soient : par la raison que ce n’est pas le prix des choses qui les rend meubles ou immeubles, mais leur nature & leur qualité. Ainsi comme la nature d’une chose ne peut être changée par sa rareté, ni par sa valeur, une chose qui est meuble par sa nature, ne peut devenir immeuble, quoiqu’elle soit d’un prix considérable & d’une rareté extraordinaire. Cependant par l’Ordonnance de 1667, les bagues & joyaux de la valeur de trois cens livres & plus ne peuvent être vendues qu’après trois expositions à trois jours de marché différens ; si ce n’est que le saisissant & le saisi n’en conviennent par écrit. Charles IX disoit que sa vie n’étoit pas de si grande conséquence, qu’elle dût être gardée dans un coffre, comme les bagues de la couronne. Brant.

Bagues, signifie aussi tous les meubles qu’on a les plus précieux, soit en argent, pierreries, ou autres choses en petit volume. Supellex pretiosior. Ainsi on dit dans les compositions qu’on fait aux gens de guerre qui se rendent, qu’ils sortiront vie & bagues sauves ; pour dire, avec tout ce qu’ils pourront emporter. Cette manière de parler vient de ce qu’autrefois en France, on disoit bague pour bagage. Et bague en ce sens semble moins signifier des meubles précieux, comme bijoux & pierreries, que des habits, du latin braccæ, partie de l’habillement de nos anciens Gaulois.

On dit proverbialement qu’un homme s’en est allé bagues sauves ; pour dire, qu’il est sorti d’une affaire, d’un procès, du jeu, d’un péril, sans qu’il lui en ait rien coûté. Salvus, incolumis. Salvis vasis, latere tecto evasit.

On dit figurément d’une maison de campagne, ou d’une autre chose de prix qu’on n’a que pour le plaisir, pour l’ornement, & qu’on peut vendre aisément, que c’est une bague au doigt.

Bague, terme de Marine. Nom qu’on donne à une petite corde mise en rond, dont on se sert pour faire la bordure d’un œil de pie, ou œillet de voile.

Bague, chez les Facteurs d’orgues. C’est un anneau soudé sur le corps du tuyau, au travers duquel passe la rosette qui sert à accorder les jeux d’anches.

BAGUENAUDE. s. f. Vieux mot françois. C’étoit une ancienne sorte de Poësie toute masculine, dont la rime étoit mauvaise & peu estimée ; & souvent sans rimes & en galimathias. Pasquier en fait mention au Liv. VII. On en a fait le mot de baguenauder.

Baguenaude, est aussi le fruit d’un petit arbre qu’on appelle baguenaudier. ☞ Ce fruit est enveloppé dans une capsule membraneuse enflée comme une vessie que les enfans font claquer en la pressant entre les mains. Halicacabus, solanum, vesicaria.

BAGUENAUDER. v. n. Faire le badaud, s’amuser à des bagatelles, à des choses vaines & frivoles. Nugari. C’est à nous à rêver & à baguenauder, & aux jeunes gens à chercher de la réputation. Mont. Parmi tant d’admirables actions de Scipion l’aïeul, il n’est rien qui lui donne plus de grâce que de le voir nonchalamment & puérilement baguenaudant, amasser & choisir des coquilles avec Lœlius son ami intime. Id.

Ce mot qui est vieux & familier, vient de ce que les enfans s’amusent avec des baguenaudes, prenant plaisir au bruit qu’elles font en les crevant entre leurs mains ; ou selon Pasquier, de faire des baguenaudes.

BAGUENAUDIER & BAGENAUDIER. s. m. Colutea vesicaria. Arbrisseau branchu, revêtu de deux écorces, l’une cendrée & quelquefois lavée de pourpre, l’autre verte. Ses feuilles sont rangées comme par paires sur une côte terminée par une seule feuille. Elles sont petites, un peu ovales, charnues, molles, lisses & vertes en dessus, plus pâles, & un peu velues en dessous, amères au goût. Ses fleurs sont jaunes, légumineuses ; auxquelles succédent des fruits ou vessies vertes, quelquefois roussâtres, transparentes, qui renferment de petites semences brunes & taillées en rein. Cet arbrisseau vient en Languedoc, & dans plusieurs endroits du royaume : on en trouve aussi dans les jardins. Ses feuilles & ses semences purgent plus violemment que le Séné.

Chomel, dans le Dictionnaire Écon. décrit encore