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BAL

peu près 240 milles d’Italie. La Martinière, sur les notes duquel on réforme cet article où l’on mettoit au mot balai ce pays 2400 milles plus à l’Orient qu’il ne peut être, selon M. Paolo, soupçonne que ce royaume de Balassie, n’est pas distingué du Candahar. La situation entre un cercle de hautes montagnes convient assez à l’un & à l’autre.

BALASSOR. s. m. Etoffe faite d’écorce d’arbre, que les Anglois apportent des Indes Orientales.

BALAST. s. m. C’est un amas de cailloux & de sable que l’on met à fond de cale, afin que le vaisseau entrant dans l’eau par ce poids, demeure en assiette. C’est ce qu’on appelle autrement, lest, ou pointillage.

BALASTRI. s. m. On nomme ainsi à Smyrne les plus beaux draps d’or qui se fabriquent à Venise, & que les vaisseaux Vénitiens portent dans les Echelles du levant.

BALATAS. s. m. Grand arbre de l’Amérique qui sert à la charpente & autres gros ouvrages. Son écorce est mince & peu adhérente, & la feuille en est petite, forte & raboteuse. C’est un bois sec, rougeâtre, qui a ses fibres longues, pressées & le grain gros. Il s’équarrit plus facilement qu’il ne se scie. Les grands portent jusqu’à trois pieds & demi d’équarrissage, & le P. Labat dit qu’il en a fait débiter un à la Guadeloupe, qui avoit plus de cinq pieds, étant équarri, & quarante-deux pieds de tige.

☞ BALATIMORE. Voyez Baltimore.

BALATRON. s. m. Vieux mot, qui signifie débauché. Acron ancien Grammairien, & Commentateur d’Horace, rapporte différentes étymologies de ce nom, que Lambin & les autres Commentateurs de ce Poëte ont copiées d’après lui. 1°. Il dit que ce nom vient de Servilius Balatro, dont Horace parle, Liv. II, Satyr. 8. Ce fut un fameux débauché de Rome, ce qui fit qu’on donna son nom à tous les gens de même sorte. Acron ajoute qu’on trouve aussi baratrones, d’où balatro peut s’être formé ; ensorte qu’on ait appelé les débauchés baratrons, parce qu’ils jettent leurs biens comme dans un gouffre, in barathrum mittunt. Il dit encore qu’ils ont été appelés balatrons du mot balatus, bêlement des brebis, pour marquer que ce sont des gens qui ne disent que des bagatelles, vaniloqui, ou bien que ce sont des goinfres, de grands mangeurs, qui dépensent tout pour leur bouche. Un autre commentateur plus récent, croit que ce mot peut venir de blatero, qui signifie un grand parleur, un babillard. Spelman le fait descendre de balare, danser, balatro, un danseur. Ce terme passa dans notre langue, & l’on a dit que Henri III, Empereur chassa les farceurs, les balatrons, &c. Mais il ne se dit plus. Les Italiens appellent encore balatrons les gens de néant, que nous appelons belîtres, peut-être au sens que Sextus Pompéius lui donne, en disant que balatrons signifie les taches de boues, les crotes oui s’attachent aux pieds & aux habits d’un homme qui va à pied.

☞ BALAUSTE. Terme de Pharmacie. On donne ce nom au fruit du grenadier sauvage. Les balaustes font astringentes, elles arrêtent le cours de ventre, les gonorrhées, les crachemens de sang, & conviennent dans les hernies. Lemery. Les plus belles balaustes sont celles qui ont des fleurs larges, de la couleur d’un beau rouge velouté. Voyez Grenade & Grenadier.

BALAUSTIER. s. m. C’est le grenadier sauvage. Il y en a de deux fortes, le grand & le petit. En latin, malus punica sylvestris, ou balaustium. Voyez Grenadier.

BALAYER, v. a. (Prononcez Baleyer.) C’est rendre nette une chambre, une rue, en ôter les ordures avec un balai. Verrere, converrere.

Balayer, se dit aussi des habits longs, qui traînent & amassent les ordures à mesure qu’on marche.

D’une robe à longs plis balayer le barreau. Boil

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Balayer, en termes de guerre, se dit figurément pour chasser ceux qui font dans un poste pour le défendre. Balayer le rempart, balayer la tranchée, c’est tuer ou chasser tous ceux qui les défendent. Ejicere, expellere, vacuare, vacuasacere. Les assiégés firent une sortie, & en un moment ils balayerent toute la tranchée.

On dit proverbialement d’une personne dévote, qu’elle balaye l’église, quand elle en sort la dernière.

On dit que le vent du nord balaye l’air ; pour dire, qu’il nettoie l’air, qu’il en châtie les nuages.

BALAYE, ÉE. part.

BALAYEUR, EUSE. f Celui ou celle qui balaye. Scoparius. Balayeur de temple, est originairement la même chose que néocore, qui a maintenant une autre signification parmi les Antiquaires. Car le mot de néocore, qu’on trouve si souvent sur les médailles grecques, est un titre que plusieurs villes grecques & leurs habitans ont pris pour marquer qu’elles s’étoient dévouées & consacrées au culte de quelque Divinité, & qu’elles prenoient un soin particulier de leurs statues, de leurs temples, des sacrifices que l’on faisoir sur leurs autels, & des jeux qu’elles célébroient à leur honneur. C’est en ce sens que la ville d’Ephèse est appelée néocore de diane dans les actes des Apôtres, & que plusieurs autres villes, comme elle, se disent aussi sur leurs médailles grecques, & dans les inscriptions, Néocores des Empereurs, à cause des temples qu’elles avoient bâtis, & des jeux qu’elles célébroient à leur honneur, de même que du soin qu’elles prenoient de les entretenir. Néocore vient du grec Νεωκόρον, qui signifie proprement balayer le temple, & dans un sens plus honorable, la même chose qu’Ædituus chez les Latins, & Sacristain chez nous.

BALAYURES. s. f. pl. Ordures amassées avec le balai. Purgamenta, sordes.

Balayures, ou Balyures, en termes de Mer, sont plusieurs choses que la mer jette sur ses bords, comme de la mousse, & ce que les Pilotes appellent ovas marinas. On dit que ce fameux Pedro Serrano, qui fit naufrage en une île déserte, qu’on a appelée depuis Serranilla, vivoit des balayures qu’il alloit ramasser le long de la mer.

BALAZÉES, ou SAUVAGUZÉES de Surate. s. f. pl. Toiles blanches de coton qui se fabriquent dans cette ville du Grand Mogol, &c aux environs.

BALBANIN, ou ALBANIN. Nation particulière de Grecs ou d’anciens Egyptiens qui se retirerent vers la Nubie & dans la ville d’Asuan en Thébaïde, lorsque les Mahométans se rendirent maîtres de l’Egypte. Ils font profession de la religion chrétienne & de la secte des Jacobites.

BALBASTRO. Barbastrum. Ville épiscopale d’Espagne, dans l’Arragon, sur la rivière de Vere, auprès de son embouchure dans la Cinca. Quelques-uns prétendent qu’elle a été nommée autrefois Bergidum, ou Belgida.

☞ BALBEC. Ancienne ville de la Turquie, en Asie, située dans la Syrie du Liban, au bout d’une longue plaine, presque saute environnée de hautes montagnes. Cette ville étoit autrefois considérable. On y voit les plus beaux restes d’antiquités qui soient dans tout l’Orient. Quelques Auteurs la prennent pour l’ancienne Palmyre : le plus grand nombre, pour l’ancienne Héliopolis.

BALBUTIEMENT. s. m. Prononcez BALBUCÎMENT. Défaut d’organes qui fait balbutier. Linguæ hæsitantia, vel titubantia. Un esclave More poursuivi par son maître, s’étant fauve dans l’Eglise, près du tombeau de saint Loup, ce maître, sans aucun respect pour ce saint asysl, l’en tira avec fureur, & dit que ce Loup enfermé dans son sépulchre, ne mettroit pas la pate dehors pour l’arracher de ses mains. Il porta dès l’heure même la peine de son blasphême, courant dans le Temple comme un furieux, & ne parlant qu’en hurlant. Sa femme effrayée de son balbutiement & de ses violentes agitations, offrit aux Prêtres un présent considérable, dans l’espérance que par leurs prières elle obtiendoit de Dieu pour ce malheureux un prompt soulagement. Ses vœux furent cependant inutiles : il mourut dans son péché, après avoir souffert