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BAL

nin, l’Orke, & le Poisson noir, lequel tâche de lui ouvrir le ventre avec sa scie, ou bien d’enter dans sa gueule pour lui emporter la langue. Ambass. des Holl. à la Ch. P. II, pag. 99.

Ce mot vient du grec φάλαινα, ou βάλαινα, selon l’ancienne coutume des Grecs, qui disent, par exemple, πύξος, pour βύξος. C’est le sentiment de Festus. On ajoute qu’elles sont appelées de ce nom, à cause qu’elles jettent fort haut l’eau de la mer, car en grec βαλλειν signifie jetter, lancer. D’autres font venir ce mot phalaina de φαλὸς, qui signifie en grec reluisant. La baleine est un animal à poil, & ses poils reluisent de loin sur sa tête. On pourroit encore ajouter que la baleine est appelée par les Geecs phalaina de φαλὸς, reluisant, à cause de certaines taches blanches qu’elle a qui paroissent de fort loin. Selon le P. Pezron balaina, balene est formé du celtique balen, & selon Vossius, de Idol. Lib. IV, cap. 22. φάλαινα vient du chaldéen בלע, avaler, parce que cet animal avale un homme entier.

Une baleine qui reçoit dans sa gueule ses baleinons pour les défendre des tempête, comme le dit Philostrate dans la vie d’Apollonius, Liv. II, ch. 7 & ce mot Quos perdere visa, tuetur, fut la devise qu’on donna à Victor Amedée Duc de Savoie, après son expédition contre le Duc de Nemours.

Baleine. On appelle aussi de ce nom toutes les parties de la baleine qui servent, ou à mettre dans les corps de jupe, ou à faire des parasols, & des éventails, des buses, des baguettes, des paniers, &c.

La chair de baleine est de mauvaise odeur, & très-difficile à digérer, aussi n’en mange-t-on pas : il n’y a que les peuples qui habitent proche le cap de Bonne-Espérance qui en mangent quand ils peuvent en avoir : elle convient assez à leurs estomacs robustes & peu délicats, qui s’accommodent d’intestins crus & puants, & qui les digerent comme les choses les plus tendres & les plus agréables. rondelet dit que la langue de la baleine est d’un bon goût.

Baleine. Terme d’Astronomie. C’est le nom d’une des Constellations méridionales. Elle est composée de vingt-deux étoiles, dont dix sont de la troisième grandeur, huit de la quatrième, & quatre de la cinquième : la principale est dans sa mâchoire. Elle est de la nature de Saturne, & de la seconde grandeur. David Fabricius découvrit, dans le cours de la baleine, une nouvelle étoile qui s’est montrée & cachée plusieurs fois. Elle parut en 1648 & 1662. Ismaël Bouillaud en a décrit le cours & le mouvement. ☞ Selon le catalogue Britannique, la baleine est composée de 78 étoiles.

☞ Dans la Mythologie, Laomedon, pour apaiser Neptune, fut obligé de sacrifier sa fille, & de l’exposer à un monstre marin pour en être dévorée. Hésione fut délivrée par Hercule, & le monstre marin, suscité par Neptune, fut changé en la constellation dont on vient de parler.

BALEINON, ou BALEINEAU. s. m. Ce dernier est plus usité. Petit de la baleine. Balænæ vitulus. Quelques-uns écrivent balenon sans i. Il y a des balenons de 33 pieds de long.

BALENAS. s. m. Le membre de la baleine qui sert à la génération : ce qui est particulier à cette sorte de poisson, qui engendre comme les animaux terrestres.

BALERIE. s. f. Vieux mot. Danse.

BALESTRILLE. Terme de Marine. C’est un instrument avec lequel on prend les hauteurs : on l’appelle autrement arbalête, ou bâton de Jacob.

BALEVER. s. f. Lèvre d’enbas. Labrum inferius. Pasquier dérive ce mot de bis labra. On ne le dit plus en ce sens.

Balaver, en termes d’Architecture, est ce qui excède d’une pierre sur une autre, près d’un joint, dans la douelle d’une voûte, ou dans le parement d’un mur, & qu’on retaille en le ragréant. C’est aussi un éclat d’un joint crevé, parce qu’il est trop serré.

Balevres, en termes de Fonderie, sont des inégalités qui se trouvent quelquefois sur la surface des pièces fondues occasionnées par les cires & les jointures des assises, & qu’il faut ensuite réparer.

BALHOAVA. s. m. Terme de relation. Religieux Pénitent parmi les Arabes. Il y avoit un de ces Calenders que les Arabes nomment Balhoava, que le simple peuple honoroit comme un Martyr qui avoit un cimeterre fiché dans les flancs, qu’il tenoit par la garde, & trois broches de fer comme de grosses lardoires, qui lui traversoient les muscles du bras, avec un panache fiché au milieu du front. P. Roger.

☞ BALI. Ville capitale du Royaume & de l’Île de ce nom, sur une rivière qui a son embouchure sur la côte occidentale de l’Île, dans le détroit de Balambuan.

Bali, (Isle de) que quelques-uns nomment aussi la petite Java, Java minor, est l’île la plus proche de la grande Java à l’orient, dont elle n’est séparée que par le détroit de Balambuan.

Bali. Royaume au midi oriental de l’Abissinie, dont il fait partie, quoiqu’il n’appartienne plus à l’Empereur des Abissins, borné à l’orient & au midi par le royaume d’Adel, à l’occident, par celui de Fatagar, & au nord, par ceux de Gan & de Dawaro.

BALIE. s. f. Quelquefois adj. On dit aussi Bali, s. m. C’est le nom de la Langue savante des siamois. Tous les livres qui traitent de la religion de ces peuples, sont écrits en langue Balie. En cet endroit il est adjectif. Il n’y a que les Docteur Siamois qui entendent la balie : il est ici substantif. La religion des siamois est fort bisarre, & on ne la peut parfaitement connoître que par les livres écrits en langue balie, qui est la langue que personne n’entend, hors quelques-uns des leurs. Le P. Tachard. Le nom de balie vient de bala, mot chaldéen, qui signifie avoir vieilli, parce que c’est une langue morte qui s’est conservée chez les Savans. Il n’y a presque personne dans le royaume de Siam qui ne fasse sa prière tous les jours en langue balie. C’est la langue de leur religion, comme la latine l’est de la religion Romaine. Le Clerc.

Les Talapoins paroissent fort savans dans leurs sermons, quand ils citent quelques passages de leurs livres anciens, qui sont en langue balie. Ce bali est comme le latin parmi nous. Abbé de Choisy. Le Chevalier de Chaumont dit la même chose, & ajoute que cette langue est très-belle & emphatique, & qu’elle a ses conjugaisons comme la latine. Relation du voyage de Siam.

BALIER. v. a. Il ne faut point se servir de ce mot. Voyez Balayer.

BALIEUR. s. m. Ce mot ne vaut rien. Voyez Balayeur.

BALIN. s. m. On appelle de ce nom à la campagne un grand drap qui sert à vanner le grain ; il reçoit le grain qui tombe quand on le vanne ou qu’on le crible.

BALINE. s. f. Espèce de grosse étoffe de laine d’un très-bas prix, qui sert à faire des emballages.

BALISAGE. Voyez Baline.

BALISE. s. f. Terme de Marine. Marque qu’on met pour assurer la navigation sur les côtes ou canaux de la mer, dans les lieux dangereux, & aux havres de barre ou d’entrée où il y a peu de fond. Ce sont ordinairement des tonneaux attachés par une chaine de fer à de grosses pierres qu’on jette au fond. Ils nagent sur l’eau, & marquent le chemin qui est le plus sur. Il y en a beaucoup en Hollande pour arriver à Amsterdam. Il y a quelquefois des mâts dressés, qui servent de balises ou de bouées, qui signifient la même chose. Ce sont quelquefois de grands arbres touffus de feuillages & de branches, hauts élevés, & posés en échauguette à l’embouchure des rivières, au nombre de deux pour le moins, qu’il faut prendre en juste alignement l’un couvrant l’autre, ensorte que tous deux ne paroissent qu’un à l’œil, & il faut entrer en cette posture qu’on nomme travers.

Les Mariniers expliquent cet alignement en ces termes, fermer l’un parmi l’autre pour être dedans.

☞ Dans quelques rivières, dans la Loire principalement, on met des balises pour marquer les endroits où il y a assez d’eau pour le passage des bateaux.

Balise, se dit aussi de l’espace qu’on est obligé de laisser le long des rivages de rivières, pour le halage des bateaux.

☞ BALISER. v. a. Mettre des balises.