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BAN

çois, comme on le voit assez par sa description.

Le P. du Tertre décrit les bananiers, & les bananes de l’Amérique, dans son Hist. des Antil. Traité II, ch. 2, §. 6. Il dit, qu’Acosta en a mieux écrit que tous les autres ; qu’il se trompe néanmoins en rangeant cette plante sous le nombre des arbres. Il distingue les figues des bananes, qui, dit-il, sont plus longues & pour l’ordinaire plus grosses. Il y en a de grosses comme la bras, & longues d’un grand pied, & un peu courbées comme les cornes de vaches. Le suc de cette plante fait une vilaine tache sur le linge, qu’on ne peut jamais ôter. L’eau dont le tronc spongieux de cette plante est rempli, est extrêmement froide, & l’on s’en sert avec succès contre toutes sortes d’inflammations. Quand on coupe la banane, on voit une belle croix imprimée sur chaque tronçon. On appelle le bananier, figuier d’Adam, ou Pomme de Paradis, comme si c’étoit l’arbre du fruit défendu qu’Adam mangea dans le Paradis terrestre. Le bananier a beaucoup de rapport à un figuier des Indes : il en differe néanmoins comme on le peut voir dans Lonvillers, Hist. nat. des Antil. Liv. I, c. 9, art. 3, dans l’Hist. des Antil du P. du Tertre, Tr. III, ch. 2, §. 6.

☞ BANARA. Ville des Indes, au Royaume de Bengale, sur la rive gauche du Cange. On écrit plus ordinairement Banarous, Banares, & Benares.

BANARBAN. s. m. Vieux mot. Charroi que les Vassaux sont obligés de faire pour leur Seigneur.

BANARDS. s. m. pl. Vieux mot. Gardes des fruits. Borel dit qu’en Languedoc on les appelle Bandiers.

☞ BANAUÇON. s. m. Terme d’Architecture, nom du troisième genre de machine des anciens, qui servoient à tirer des fardeaux. Encyc.

BANAUSE. s. m. pl. Sorte d’Esclaves qui travailloient des mains. S. Jérôme en fait mention, l. I, cont. Pélage. Cœl. Rhodiginus en parle aussi, l. 25, c. 18. en grec Βάναυσοι.

BANC. s. m. Siége de bois où plusieurs se peuvent asseoir de rang. Sacmnum. Ce banc est capable de tenir tant d’écoliers. Les anciens Marguilliers ont un banc dans une Paroisse auprès du chœur. La concession des bancs dans une Eglise, n’en transfère point la propriété, & l’usage n’en est point transmissible aux héritiers. Louet. Il n’y a que le Patron & le haut justicier qui aient droit d’avoir un banc à perpétuité.

Ménage dérive ce mot de l’italien banco, ou du latin bancus, ou bancum, qu’on a aussi écrit banchum, qui signifie la même chose ; & qui, selon les Bollandistes, Mart. T. II, pag. 252, signifie la table autour de laquelle des Juges sont assis pour rendre la justice, ou des Banquiers pour faire leurs comptes, & d’où est venu aussi le mot de banqueter. D’autres le dérivent de l’allemand pank. Nicot le dérive de abacus ; d’autres du saxon benc. Covarruvias remarque que quelques-uns tiennent que ce mot vient de l’Arabe bancq. Angelo Rocca dit que c’est un mot gothique. Icquez dit que c’est un mot de la langue des Francs, qui disoient benc, ou banc que nous avons retenu ; & Chorier dit qu’il nous est resté de l’ancienne langue des Allobroges, qui disoient bank dans le même sens. Le P. Pezron dit qu’il est celtique. C’est la même chose.

Banc, se dit aussi en parlant du temps d’étude qu’on doit faire dans les Universités pour parvenir aux degrés. Studiorum curriculum. Il faut avoir été cinq ans sur les bancs, avant que d’être Docteur, c’est-à-dire, il faut avoir étudié cinq ans. Au Palais on appelle Messieurs du grand banc les Présidens à Mortier. Judices primi subsellii, ☞ parce qu’en effet le banc sur lequel ils sont assis, est plus élevé que les siéges des Conseillers.

Banc, est aussi une espèce de bureau, ou de rendez-vous, où les Avocats & Procureurs se rangent pour parler à leurs Parties, pour y signer leurs expéditions, ou pour y serrer leur bonnet. Procuratorum ac Vausidicorum mensa. Les règlemens du Palais portent, que les Procureurs doivent se tenir demi-heure à leur banc entre 10 & 11 heures.

Banc du Roi. C’est un Tribunal de Justice, & une Cour Souveraine en Angleterre. Tribunal primarium. On l’appelle banc du Roi, parce que le Roi y présidoit autrefois en personne, & prenoit place sur un banc élevé, les Juges étant assis aux pieds du Roi sur un banc inférieur. C’est dans cette Cour que l’on plaide les causes de la Couronne entre le Roi & ses sujets, & toutes celles qui regardent la vie des sujets. Elle prend aussi connoissance des trahisons, complots, ou machinations qui se font contre le Gouvernement. Elle est ordinairement composée de quatre Juges, dont le premier est appelé le Lord Chef de Justice du banc du Roi. Il porte des robes, & des livrées de la grande garde-robe. La Juridiction de la Cour du banc du Roi est générale, & s’étend par toute l’Angleterre. Il n’y en a point dans le Royaume qui soit plus indépendante, parce que la Loi suppose que le Roi y préside toujours. Voyez Spelman.

Ban commun. C’est la seconde Cour de Justice en Angleterre. Tribunal secundarium. On l’appelle banc commun, parce qu’on y plaide les causes communes & ordinaires entre sujet & sujet. On y juge toutes les affaires civiles, réelles ou personnelles, à la rigueur de la loi. Le premier Juge de la Cour des Plaidoyers communs est appelé, le Chef de la Justice des causes communes, ou du banc commun. Il n’y a présentement que quatre Juges. Autrefois il y en a eu tantôt 8, tantôt 7, tantôt 6, & tantôt 5. Voyez Spelman sur ces deux dernières significations de banc, dans son Gloss. Archæol. On pourroit aussi s’en servir en parlant d’affaire d’Italie, car le mot bancus & banco se prend aussi pour tribunal, ou selon les Académiciens de la Crusca, pour la table autour de laquelle les Juges & Magistrats sont assis dans leurs assemblées. Voyez Du Cange au mot bancus.

Banc, en terme de Marine, est dans les galères un siége où on met quatre ou cinq rameurs de rang pour tirer une même rame. Transtra. Les galères ont vingt-cinq bancs de chaque côté. Les Galéasses ont 32 bancs, & ont six ou spet forçats par banc. Le nombre des bancs est ce qui fait différence entre les galères, & autres vaisseaux à rames, pour la grandeur & pour la force.

Bancs de Chaloupes, sont les bancs qui sont joints autour de l’arrière de la chaloupe en dedans, pour la commodité de ceux qui y navigent. Sedilia.

Banc, signifie aussi, un lieu dans la mer où il n’y a pas assez d’eau pour porter un vaisseau. On le dit aussi des sables & des rochers qui s’élèvent un peu au-dessus de la surface de l’eau. Arenariæ moles. Ce vaisseau est échoué sur un banc de sable. Le grand banc des morues vers le canada a plus de cent lieues de long, & n’est pas dangereux ; car on y peut flotter. Il se nomme autrement, le grand banc. ☞ C’est là qu’on pêche la morue qui y trouve pour sa nourriture différens coquillages. Le banc de l’Acadie, dans l’Amérique Septentrionale, sur la côte méridionale de l’Acadie. Le banc aux baleines, au couchant du grand banc. Le banc à vert, près de la côte méridionale de l’île de Terre-Neuve. Le banc de bimini, dans la mer du nord, en Amérique, proche de l’île de Bimini. Le banc de la cassie, dans la mer méditerranée, au couchant de la Sardaigne. Le banc du chien, à l’Orient d’Angleterre. Le banc de S. George, sur la côte Orientale de l’Acadie. Le banc de l’île de sable, proche de cette île, au midi de l’Acadie. Le banc des îles, au midi de l’île de Terre-Neuve. Le banc jacquet, ou le petit banc, au levant du grand banc. Le banc des orphelins, dans le golfe de S. Laurent. Le banc des perles. Il y en a deux en Amérique de ce nom ; l’un dans la mer du Nord, & l’autre sur la côte de l’Acadie au levant : on l’appelle autrement le banc aux anglois. La mer de la Manche & celle du Pont-Euxin sont pleines de bancs, & de difficile navigation.

☞ En général le banc est une hauteur d’un fond de mer inégal, qui s’élevant vers la surface de l’eau, paroît quelquefois au-dessus, ou au moins ne laisser pas assez de fond pour y mettre le vaisseau à flot. Il y a des bancs qui portent assez d’eau pour faire flotter le vaisseau, & qui par-là ne sont pas dangereux : tel est le grand banc de Terre-Neuve, au-dessus duquel il