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BAR

le Barange tué fut privé de la sépulture. C’étoit sous l’Empire de Michel IV. Bar en anglois signifie fermer. Voyez Codinus. de off. vet. insc. Cantacuzene, Liv. I. Hist. c. 14. & les Juriscons. Grecs ad. l. 3. §. 5. D. ad. leg. Cor. de Sicar. le Gloss. de Cedrenus au mot βάραδγοι le P. Goar sur Codinus, p. 74. n. 53.

Barange. s. f. On appelle ainsi dans les Salines un mur d’environ trois pieds de haut, placé en dedans du fourneau, entre les murs sur lesquels la poële est posée, servant à la séparation des bois & des braises.

☞ BARANYWAR. Baranium, ou Varonianum. Petite ville de la basse Hongrie, qui donne son nom à une petite province ou comté, entre les comtés de Bath & de Boldrogh, de Torn & de Valpon.

BARAQUE. s. f. Hutte ou petit logement que les soldats font dans un camp pour se loger. Casula. Autrefois la hutte étoit pour loger les piétons, & la baraque pour les cavaliers : maintenant on les confond, & les deux s’appellent baraques. On se sert pour cela de planches, de pièces de bois, de branches d’arbres. Les soldats font des baraques, quand ils sont en campagne pendant l’hiver ; durant l’été ils se contentent de leurs tentes.

Ce mot vient de l’espagnol baracas, qui signifie des cahuttes que dressent les pêcheurs au bord de la mer.

☞ On fait aussi des baraques près d’un atelier pour servir aux Ouvriers de magasin pendant l’hiver, & de retraite pendant l’été.

BARAQUER. v. n. Faire des baraques. Tuguria condere. Il s’emploie ordinairement avec le pronom personnel. Les soldats commencent par se baraquer.

BARAQUÉ, ÉE. part. Qui est dans une baraque.

BARAT. s. m. Vieux mot françois & hors d’usage, qui signifioit tromperie, fourbe, mensonge, calomnie. Dolus, fraus, fallacia. On juroit autrefois qu’il n’étoit intervenu dans un contrat aucune fraude, barat ni malengin.

C’est aussi un terme de Relation, & connu de tous nos Marchands qui négocient dans les échelles du Levant, pour signifier une patente du Grand-Seigneur. En ce sens c’est un mot turc.

Barat. Voyez Baratterie ; c’est la même chose.

BARATAS. s. m. Espèce de rat, ou sorte d’animaux tels que les rats. Mus marinus. L’on demeura le reste du jour dans un grand calme & fort incommodés non-seulement de la chaleur, mais aussi de l’incroyable quantité de rats & de baratas. Wicqfort.

BARATEUR. s. m. Ce mot ne se dit que par le peuple, é signifie, trompeur. Fallax, fraudator, deceptor. Ce mot, aussi-bien que baratterie, vient de barat. Voyez ci-dessus.

☞ BARATHRE. s. m. Barathrum. Lieu très-profond, dans l’Attique, où l’on avoit coutume de précipiter les criminels. Il étoit revêtu de pierres de taille, en forme de puits, & l’on y avoit attaché des crampons de fer, dont les uns avoient la pointe en haut, & les autres de côté, pour accrocher le criminel en tombant. Ce nom chez les Grecs signifie toutes sortes de gouffres. Les Latins l’ont emprunté d’eux dans la même signification. Horace applique ce terme à des gourmands.

Pernicies & tempestas, barathrumque maulli,
Quidquid quæsierat ventri, donabat avaro.

☞ Plaute s’en sert pour désigner des femmes de mauvaise vie, dont la lubricité est insatiable.

O barathrum ubi nunc es !

Voyez l’article de Moréri.

BARATTE. s. f. Vaisseau fait de douves, plus étroit par le haut que par le bas, qui sert à battre le beurre. Vas, situla agitando lacti ad faciendum butyrum. Il y a aussi des barattes de terre cuite. Ce sont de grands pots assez larges par le ventre, & assez étroits par le haut. On couvre les barattes d’une espèce d’écuelle de bois, percé d’un seul trou, au travers duquel on passe un bâton qu’on appelle batte-beurre. On remplit ces barattes de crême que l’on bat, jusqu’à ce que le beurre soit fait.

Ce mot vient apparemment de l’espagnol barattar, qui signifie brouiller, parce qu’il faut en effet que les parties du lait soient battues & brouillées pour faire le beurre. D’autres disent qu’il vient du vieux mot françois barate, qui signifie bruit, à cause du bruit qu’on fait en battant le beurre. Les Bas-Bretons disent encore baraz, pour dire, une barate.

☞ BARATTER. v. a. Agiter la crême dans une baratte, pour faire le beurre. Voyez l’art. précédent.

☞ BARATTÉ, ÉE. part.

BARATTERIE. s. f. Terme de Marine. C’est la tromperie du Patron, ou malversation du Maître, ensemble les larcins, altérations, & déguisemens causés par le Maître, ou par l’équipage. Fraus, dolus, fallacia, barataria. La peine de la baratterie est mentionnée au livre 2e. de l’Ordonnance de la Marine. Décharger une barque pendant le cours de la navigation, est un crime de baratterie qui est punissable. Un Capitaine de vaisseau faisant naufrage volontaire, fait un crime de baratterie. L’Assureur court le risque de la baratterie. On se sert aussi de ce terme en italien & en espagnol. Originairement il ne signifioit que marché ; & parce qu’on y faisoit souvent des fraudes, il a été appliqué aux tromperies de commerce. On a appelé aussi Barattiers, les chicaneurs qui faisoient des surprises en plaidant ; & on lit dans Matthieu Paris, que l’Empereur Frédéric fut accusé d’avoir dit, tres fuisse baratores in mundo, seu tres ompostores.

Ce mot est venu du vieux mot françois, barat, qui de tout temps a signifié toutes sortes de tromperies. On disoit aussi baratter, pour dire, tromper. Quelques Auteurs appellent baratteries les malversations des Magistrats dans leurs charges, & celles de leurs domestiques. Le P. Thomassin dérive baratterie de παρατουρία, mot grec vulgaire.

☞ BARAVE, petite ville de France, dans le Languedoc, dans le Marquisat de Marquerose.

☞ BARBA, ou BOLANIQUE, c’est la lèvre inférieure des fleurs labiées. Voyez Labiée.

BARBACANE. s. f. Terme de fortification. Fente, ou petite ouverture qu’on fait dans les murs des châteaux & forteresses pour tirer à couvert sur les ennemis. Tabulare vallum arcendis telis. Quelques-uns croient que c’est un parapet de bois crénelé. D’autres l’ont pris pour toutes sortes de défenses & couvertures contre les ennemis. On a dit aussi autrefois barbocane & barbecane. Du Cange dit que c’est une défense extérieure de la ville, ou du château, qui sert à en fortifier les portes, & les murs, qu’il appelle en latin barbacana, ou barbicana, antemurale, & promurale. C’étoit autrefois un Fort qui étoit à l’entrée d’un pont, ou hors la ville, qui avoit un mur double & des tours.

Il y a une semblable barbacane à un des bouts du pont de Rouen, où le château qui est fortifié de cette manière est encore appelé par quelques personnes barbacane. On y mettoit autrefois de certains vaisseaux de guerre, faits en forme de galères qui servoient à la défense de la ville, dans les temps où ces sortes de galères étoient en usage ; & l’on trouvera encore aujourd’hui dans les archives de Roue, les noms de ceux qui commandoient ces vaisseaux ou galères. Le mot de Barbacana est aussi en usage dans le même sens chez les Espagnols. Voyez Covarrius dans son Trésor de la langue castillane. Ceux de la Crusca disent, que c’est la partie de la muraille qui est au bas de l’escarpe pour la sûreté de la ville : en ce cas ce seroit la même chose qu’une fausse-braie.

Ce mot vient de l’italien babacane, qui est un mot arabe, selon Spelmannus.

Barbacane, en termes d’Architecture, est une fente ou ouverture étroite & longue en hauteur, qu’on laisse dans les murs pour faire entrer & sortir les eaux, quand ils sont bâtis en un lieu sujet aux inondations, ou pour faire égoutter les eaux des terrasses. Spira-