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BAR

mentum. Mais en ce sens le mot de barbacane n’est pas si usité que celui de ventouse.

BARBACINE. s. m. & f. C’est la même chose que Berebère. Voyez ce mot. D’Ablancour s’est servi de ce mot dans sa Traduction de Marmol.

BARBACOA. s. f. Espèce de grand gril de bois, élevé dans le milieu d’un Boucan, sur lequel on met la viande & le poisson qu’on veut faire boucaner. Ce terme, qui est caraïbe, a passé dans la langue françoise, depuis que les François se sont établis dans les îles Antilles de l’Amérique.

Barbacoa. Ville de l’Amérique. Voyez l’art. suivant.

☞ BARBACOAS. Peuple de l’Amérique méridionale, au Popayan, entre la mer pacifique & la rivière de Cauca.

BARBACOLE. s. m. Barbacola, c’est le nom d’un Maître d’Ecole Italien, dans l’Opéra intitulé : Le Carnaval, Mascarade, seconde entrée. C’est ce qui a fait dire à la Fontaine dans la Fable de la querelle des Chiens & des Chats, & de celle des Chats & des Souris,

Ce que je sais ; c’est qu’aux grosses paroles
On en vient sur un rien plus des trois quarts du temps :
Humains, il vous faudroit encore à soixante ans
Renvoyez chez les Barbacoles.

C’est-à-dire, chez les Maîtres d’Ecole, à l’Ecole.

BARBACOLLE. f. Jeu de hasard appelé autrement Hocca, ou Pharaon. Le Jeu de Hocca ayant été défendu, pour éluder ces défenses, on le nomma Barbacolle. C’est pourquoi le Roi le défendit sous tous ses noms par un Arrêt du 15 Janvier 1691. Le Roi ayant été informé que nonobstant les défenses réiterées, l’on n’a pas laissé de jouer au Hocca & à la Bassette, que l’on a déguises sous le nom de Pharaon, Barbacolle & de la Bassette, ou Pour & Contre, défend très-expressément à toutes personnes, de quelque sexe & qualité qu’elles soient, de jouer auxdits jeux de Hocca, ou Pharaon, Barbacolle & de la Bassette, ou Pour & Contre, sous quelques noms & formes qu’ils puissent être déguisés, &c.

BARBADE. La Barbade. On y joint toujours l’article. On trouve aussi Barboude, mais ce mot n’est point en usage en France. Barbata, Barbada, Barbuta, Barbuda. Île de l’Amérique septentrionale, la plus orientale de celles qu’on appelle les Antilles de Barlovento. Elle est éloignée d’environ 25 lieues de celle se sainte Luce, & de celle de saint Vincent, & un peu plus de la Martinique. Elle est fertile en tabac, en gingembre, en coton & en cannes à sucre. Les Anglois qui en sont les maîtres depuis 1627, y ont les villes de S. Michel, de Carelstow, de Jameslow, & le petit Bristol. Elle a 7 lieues de long sur cinq de large, & 25 de circuit. L’île Barbade est par les 304° 5′ 15″, de longitude ; & par les 31° 30′ 0″, de latitude septentrionale. Harris.

Il y a encore dans les Antilles une autre île de même nom qui est au couchant de celle de S. Christophe : les Anglois y ont quelques colonies.

☞ BARBANÇON. Beau village des pays-bas, dans le Hainaut, avec un château qui a titre de principauté, à une lieue de Beaumont.

BARBANT. adj. m. Faisant la barbe. Mot peu en usage. Gui Patin appelle Barbier barbant, un homme qui est simplement Barbier, dans faire les fonctions de Chirurgien. Un Barbier barbant nommé Grisel avoit une femme fort jolie, à ce qu’on dit…

BARBARA. C’est le nom qu’on donne dans l’Ecole au premier mode d’argument de la première figure. Un syllogisme en barbara est un syllogisme dont toutes les propositions sont universelles & affirmatives, & dont le moyen terme est sujet dans la première proposition, & attribut dans la seconde. Exemple.

Tous ceux qui laissent mourir de faim ceux qu’ils doivent nourrir, sont homicides.
Tous les riches qui ne donnent pas l’aumône, laissent mourir de faim ceux qu’ils doivent nourrir.
Donc tous les riches qui ne donnent pas l’aumône, sont homicides.

C’est l’argument de S. Jean Chrysostôme contre les riches, non pavisti, occidisti. Le syllogisme en barbara est le premier des quatre directs de la première figure : barbara est le premier mode direct de la première figure.

☞ BARBARALEXIS. s. f. On donne ce nom à une figure de Réthorique, qui consiste à joindre un mot étranger avec un naturel à la langue en laquelle on s’exprime.

☞ BARBARE. adj. de t. g. Ce mot n’a plus la même signification qu’il avoit autrefois. Les Grecs appeloient barbares tous les peuples qui ne parloient pas leur langue, ou qui ne la parloient pas aussi bien qu’eux ; de sorte que ce mot chez eux ne signifie qu’étranger, peregrinus. Les Romains eurent la même vanité ; ils appelerent barbares tous les autres peuples, excepté les Grecs, qu’il regardoient comme un nation polie & savante ; de sorte que ce n’étoit point parmi eux un terme de mépris, comme parmi nous. Ils donnoient des ôtages à des barbares dans l’état le plus florissant de la République. Ablanc. Les Bourguignons & les Francs qui s’établirent dans les Gaules, étoient appelés barbares. Les Goths d’Italie furent aussi appelés barbares. Il semble que ce mot ne vouloit dire qu’étranger, & que depuis long-temps on lui eût attaché cette signification ; car Ovide qui étoit si poli à Rome, avoue qu’il étoit barbare parmi les Grecs.

Barbarus hìc ego sum, quia non intelligor ulli,
Et rident stolidi verba latina Getæ.

Nos Gaulois qui étoient soumis aux Romains, appeloient barbares les nations germaniques qui habitoient au-delà du Rhin. On appeloit dans les Gaule la langue teutone, langue barbare. Enfin, les ennemis de l’Etat, & ceux qui n’étoient pas catholiques, étoient appelés barbares. Ce que l’on appeloit barbares dans les Gaules, sous les Empereurs Romains, n’étoient point Gaulois originaires du pays, mais des peuples de Germanie que les Empereurs y avoient faits passer pour cultiver les terres. Chifflet, Gloss. Sal. au mot barbarus. De Hauteserre, dans ses notes sur Grégoire de Tours, pag. 99. a remarqué que cet Auteur prend souvent barbare pour païen.

Ce mot βάρβαρος, selon Stabon est dit pas imitation. Les étrangers, quand ils venoient en Grèce, ἐβαρβάριζον, id est balbutiebant, ils bégayoient, parloient grossièrement. Cependant on peut dire qu’ils appeloient barbares, ceux dont ils n’entendoient pas le langage, tels qu’étoient les Persans, les Scythes, les Egyptiens. Scaliger tient que ce mot de barbare vient de l’arabe bar, qui signifie déser. Barbare, selon son sentiment, est un Sauvage, un homme vivant dans les solitudes. Ravanelle dérive, comme les autres, le mot barbare du grec βάρβαρος, d’où l’on a fait barbarus ; mais il ajoute que βάρβαρος, vient de l’arabe barbar, auquel on a ajouté la terminaison grecque ; barbar signifie bruit, & désert. Mais Ravanelle se trompe, on ne dit point barbar en arabe pour signifier désert, mais seulement bar. D’autres prétendent, comme Picard dans sa Celtopédie, qu’il vient de βάρβαρ, mot qui ne signifie rien, & que certains étrangers venus à Athènes avoient sans cesse à la bouche ; ce qui fit qu’on les appela βάρβαροι, barbares. Tossius, L. I. De vitiis Sermonis, Cap. 1. croit que ce mot vient de ברא, adverbe chaldéen, qui signifie, extrà, foris, hors ; & qui se trouve dans le Thalmud pour le בר des Hébreux. Ainsi un barbare, dans sa signification primitive, est, selon Vossius, un homme de dehors, qui est hors du pays de ceux qui l’appellent ainsi, en un mot, étranger ; & Scaliger, au commencement de sa li. Exercitation, montre que ברברי, barbari, est un mot venu d’Orient, qui signifie étranger. Le Concile de Chalcédoine, Can. 28. appelle les Evêques