Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/794

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
770
BAR

sortes de dignités, duché, marquisat, comté, vicomte, &c. & il s’étonne que les Avocats qui ont fait des Factums contre le Chapitre de Lyon, aient voulu lui disputer le titre de comté, sous prétexte que dans les Traités de Philippe le Bel le comté de Lyon est souvent appelé Boronnie.

L’Auteur du Grand Coutumier écrit qu’au Royaume de France il n’y avoit autrefois que trois Baronnies, Bourbon, Coucy, & Beaujeu.

Baronnies (les) contrée de France, dans le Dauphiné, ainsi nommée parce qu’elle est composée de deux grandes Baronnies, de Meuvillon, medullio, dont le Buy est capitale, & de Montauban, qui a Nyon pour capitale.

BAROQUE. adj. de t. g. Terme de Joaillier, qui ne se dit que des perles qui ne sont pas parfaitement rondes. Gemmæ rudes & impolitæ. Collier de perles baroques.

Baroque, se dit aussi au figuré, pour irrégulier, bisarre, inégal. Un esprit baroque. Une expression baroque. Une figure baroque. Il n’y a point de langue si baroque qui n’ait trouvé des partisans zélés. Mém. de Trév.

☞ En peinture, un tableau, une figure d’un goût baroque, où les règles des proportions ne sont pas observées, où tout est représenté suivant le caprice de l’Artiste.

BAROSANÈME, ou Pése-vent, s. m. Machine inventée pour savoir la pesanteur du vent. Ce mot est composé du grec βάρος, εος, pesanteur, & ἄνεμος, vent Saverien.

BAROSCOPE. s. m. C’est la même chose que Baromètre. C’est M. Bayle & les Journaux des savans d’Angleterre, qui l’ont appelé Baroscope, qui signifie un instrument propre à faire voir ou connoître la pesanteur de l’air ; de Βάρος, pondus ou poids, σκοπέω, video, considero, je vois, je considère. En France le mot Baroscope n’a pas fait fortune, quoiqu’on l’ait employé dans quelques livres ; Baromètre a pris le dessus Voyez ce mot.

Wolphius dans son Aërométrie distingue le baroscope du baromètre. Le baromètre est selon lui, un instrument avec lequel on peut mesurer la pesanteur de l’air, & le baroscope un instrument avec lequel on mesure confusément les différences de la pesanteur de l’air. Il remarque que l’on confond communément ces deux instrumens ; mais il prétend qu’il est plus à propos de les distinguer, parce que c’est autre chose de connoître que l’air est plus pesant en un temps qu’en un autre, que de savoir que la pesanteur de l’athmosphère est plus grande aujourd’hui qu’elle n’étoit hier. Or on le fait, dit-il, si l’on mesure la pesanteur de l’air. Au reste on ne fait plus aujourd’hui de baroscope qui ne soit baromètre, c’est-à-dire, qui ne fasse voir les variations de la pesanteur de l’air par des degrés ou divisions qui sont placées le long du tuyau ; ce qui fait toute la différence du baromètre au baroscope.

BAROT. s. m. Terme de Marine & de Charpenterie. On appelle barots, ou baux, les pièces de bois qui traversent d’un bord à l’autre du navire dans l’épaisseur des membres, & servent à porter les planchers que l’on nomme ponts. Tignum navis, ou navale transversum, Caron.

☞ BAROTER ou BARROTER ; terme de Marine : v. a. remplir en partie, ou en totalité la cale d’un vaisseau jusqu’aux barots, du premier pont, de manière qu’il n’y puisse plus rien entrer.

BAROTÉ. part. & adj. Un vaisseau baroté, est un vaisseau dont le fond de cale est rempli jusqu’aux barots.

BAROTIN. s. m. Diminutif de barot. On appelle quelquefois les barotins demi-barots : ce sont des pièces de bois de moindre grosseur que les barots, qui traversent la largeur des ponts ; ils sont de deux pièces, & sont soutenus par des arc-boutans ou traversins, à cause des ouvertures d’écoutilles, caillebotis, passage des mats, & autres baies servant pour l’utilité du vaisseau, Tigillum transversum navis. Caron.

BARQUE. s. f. Bâtiment de mer qui n’a que des voiles latines, au nombre de deux ou trois pour le plus. Navicula. La voile d’avant ou de proue se nomme le trinquet ; celle du milieu la maîtresse ; celle de poupe, la voile d’artimon, ou la meiane. Il y en a qu’on nomme les barques de rous, & en grec μονόξυλα, qui ne sont faites que d’un arbre creusé, auquel on ajoute quelques pièces de côté & d’autre, & qui sont néanmoins capables de 50 rames.

Ménage dérive ce mot de barca, latin ; le Pere Fournier, de Barcé ville d’Afrique ; & Rodéricus Tolétanus, de Barcelonne ; d’autres, entre lesquels est Saumaise, de βάρος, mot grec, qui signifie un édifice fait en rond, qu’on a étendu aux barques, à cause qu’elles sont courbées. Jules Scaliger le dérive de βάρος, ab oneribus gerendis. Il vient plus vraisemblablement de barga, ou barca, terme fréquent dans les lois Saliques, pour dire un bateau. De Laurière. Barca se trouve en effet non-seulement dans les Auteurs de la basse latinité, mais aussi dans S. Paulin, poëme 13 ad Cytherium. Isidore, Orig. L. XIX. c. i. dit que c’est la barque qui porte à terre les marchandises d’un vaisseau, & qu’en pleine mer la barque se met dans le vaisseau, ne pouvant soutenir les flots. C’étoit donc ce que nous appelons aujourd’hui chaloupe. Mathieu Paris, Abbon, & plusieurs autres, & entre les Mordernes, Vossius Lib. II. de vitiis serm. cap. 3. & les Bollandistes en plusieurs endroits, comme Jan. Tom. II. p. 830. Fébr. Tom. II. pag. 731. A.

Barque, se dit aussi d’un fort petit bâtiment de mer, ou navire sans hune, qui sert à porter des munitions, à charger, ou à décharger les navires qui sont à la rade dans les lieux où les grands vaisseaux ne peuvent pas aborder, & à plusieurs autres usages. Cymba. Une barque d’avis, est celle qu’on envoie porter quelques nouvelles, soit d’un vaisseau à un autre, soit dans un lieu éloigné.

Barque, se dit aussi d’un petit bateau qui sert à passer une rivière, ou à y voiturer des marchandises en petite quantité. Il est arrivé une barque d’huîtres à l’écaille. Une barque de Pêcheur.

Une barque en fagot, c’est tout le bois taillé pour faire une barque, qu’on porte dans un vaisseau pour l’assembler quand on est parvenu aux lieux où on en a besoin, & pour remonter dans les rivières.

On appelle aussi barque longue, ou double chaloupe, les bâtimens qui sont de bas-bord, & ne sont pas pontés. Quelques-uns appellent barque, tous les vaisseaux qui n’ont point de hune.

Barque droite. Terme de Marine. C’est un commandement que l’on fait, pour avertir ceux qui sont dans une chaloupe de se placer également, afin qu’elle soit droite sur l’eau, sans pencher plus d’un côté que d’un autre.

Droit de Barque, Barganaticum, est une remise de tous tributs & péages à cause de ce qui sera conduit par eau ou par terre. Ce droit fut accordé par Charles le Chauve à l’Abbé & aux Religieux de S. Denis en France, pour les choses qui leur appartenoient. Voyez De Lauriere sur Ragueau.

On appelle poëtiquement la Barque de Caron, la prétendue nacelle dans laquelle les Poëtes ont feint que les ames passoient aux Enfers. Cymba Charontis.

Cependant Eurydice au pouvoir de la Parque,
Déjà froide passoit dans la mortelle barque.

Sarras.

Le nocher de la Parque
Dans une même barque.
Passe indifféremment le vice & la vertu.

Maucr.

La barque de Caron, la barque fatale, se prend figurément pour la mort. Malherbe même a mis la barque simplement pour la mort.

Barque, se dit figurément de la barque de S. Pierre ; pour dire, l’Eglise. Être hors la barque, c’est être Hérétique, ou Schismatique.

On le dit encore pour conduite, événemens bons ou mauvais, &c. Il faut vouloir ce que Dieu veut, & tous nos efforts & nos inquiétudes ne nous tireront point de la tempête, tant qu’il lui plaira que nous y demeurions ; abandonnons-lui le soin & le gouverne-