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par ces sortes de superstitions qui ont été adoptées par les Juifs Cabalistes, ils imposoient au simple peuple. Ils avoient inventé de certaines amulètes ou phylactères, auxquelles ils attribuoient de grandes vertus. Consultez S. Irénée & S. Epiphane, S. Philastrius, S. Augustin, S. Jean Damascène, qui ont parlé au long de Basilide, comme d’un magicien & d’un enchanteur, & des Basilidiens. Nous apprenons d’Eusèbe, Liv. IV de son Hist. Ecclésis. ch. 7, que cet imposteur avoit écrit 24 livres sur les Evangiles, & qu’il avoit feint je ne sais quels Prophètes, à deux desquels il avoit donné les noms de marcaba & de Barcoph. Les Gnostiques se plaisoient à inventer des noms inconnus, pour imposer plus facilement à leurs sectateurs, & ils attachoient à ces noms supposés des vertus particulières, croyant avec Pythagore & avec Platon, que les noms n’avoient pas été inventés par hasard, mais qu’ils signifioient tous quelque chose de leur nature. Basilide, pour imiter Pythagore son Patriarche, vouloit que ses disciples fussent dans le silence pendant l’espace de cinq ans. Eusèbe avoit appris toutes ces particularités d’un célèbre Ecrivain, nommé Agrippa Castor, contemporain de Basilide, qu’il avoit réfuté en mettant au jour toutes les impostures de cet hérétique. Origène, dans la Préface de son Commentaire sur S. Luc, met au nombre des faux Evangiles celui qui avoit été composé par Basilide. Voyez Gnostiques.

BASILIDION. s. m. Nom d’un Cerat décrit par Galien, & recommandé pour la gale.

BASILIEN, ENNE. s. m. & f. Religieux & Religieuses de l’Ordre de S. Basile. Basilianus, a. Voyez Ordre de S. Basile. Il y a des Basiliens & des Basiliennes en Grèce, en Moscovie, en Pologne, en Italie, en Sicile, en Espagne. Il y en a eu autrefois en France. C’est le sentiment de M. Herman, qui, dans son Histoire de l’établissement des Ordres Religieux, prétend que celui de S. Basile ne passa en Occident qu’environ l’an 1067. Mais on peut prouver le contraire par une infinité d’Abbayes, dont la fondation est avant la naissance de saint Benoit. La Règle de saint Basile fut reçue dans l’Occident, aussi-tôt que Rufin l’eut traduite en latin. Il y en a même qui prétendent qu’elle y a été observée du vivant de saint Basile dans quelques Monastères, comme à Naples dans celui des saints Nicandre & Marcien, fondé en 363. La plupart des Religieux Grecs sont Basiliens. P. Helyot. T. I. C. 24.

☞ BASILIGOROD, BASILGOROD, & BASILONGOROD. Ville de l’Empire Russien, dans la Seigneurie de la Basse-Novogorod, sur la rive droite du Wolga, & sur la rive gauche de la Sura qui se jette dans ce fleuve en cet endroit.

BASILINDE. s. f. Terme de Mythologie. Basilenda. Espèce de fête que l’on célébroit à l’honneur de Vénus à Tarente. Pollux, Liv. IX, dit que c’étoit un jeu des Grecs, où celui que le sort avoit fait Roi, commandoit quelque chose aux autres. Voyez le Lexic. Juridic. Calvini.

☞ BASILIPOTAMO. Nom de rivière, autrefois l’Eurotas. Rivière de Grèce, en Morée. Elle passe à Misitra, & se perd dans le golfe de Castel-Rampani.

BASILIQUE. s. f. Vieux mot, qui signifioit autrefois Palais du Prince, ou seulement une grande salle, ou un lieu public avec portiques, ailes, tribunes & tribunal, où les Rois rendoienr eux-mêmes la justice ; depuis il a signifié une grande Eglise. Basilica. Ce nom de basilique, qui signifioit dans les commencemens une grande sale où le Roi rendoit la justice à son peuple, fut attribué dans la suite aux lieux où les Juges la rendoient, & où les Marchands s’assembloient. Perrault.

Azor prétend qu’on appeloit autrefois basiliques les Eglises qui n’étoient pas encore consacrées ; il paroît plus vrai de dire, avec le Cardinal Baronius, qu’on appeloit ainsi les Eglises les plus magnifiques, lorsque par leur magnificence elles surpassoient autant les autres Eglises, que les Palais des Princes surpassent les maisons des particuliers. On appelle encore en Italie la Basilique de S. Pierre ; pour dire, la grande Eglise de S. Pierre ; & Basilique d’or, l’Eglise de S. Sauveur, ou de Latran, à cause de son excellente structure, & de ses riches ornemens. M. Perrault a observé que les Basiliques étoient différentes des temples, en ce que les colonnes des temples étoient en dehors, & celles des Basiliques en dedans. Il y avoit autrefois à Rome de quatres sortes d’Eglises ; les Patriarchales, les Titulaires, les Diaconies, & les Oratoires. Les Patriarchales étoient celles que l’on nommoit particulièrement Basiliques ; elles appartenoient proprement au Pape, comme S. Jean de Latran, S. Pierre au Vatican, sainte Marie Majeure, saint Laurent hors les murs, & sainte Croix de Jérusalem. Elles avoient des Mansionnaires, ou Gardiens, chargés de les tenir propres & de les orner. Hadrien de Valois a fait un Traité des Basiliques bâties par nos premiers Rois, & Launoy en a fait la critique.

Basilique, s. m. Basilicus. Les Basiliques étoient dans l’Empire Grec des Officiers qui portoient les ordres de l’Empereur. Ce mot vient de Βασιλικός.

Basilique, s. f. en termes d’Anatomie, est une veine qui naît du rameau axillaire, qu’on nomme aussi hépatique ou jécotaire, c’est-à-dire, du foie, qui va tout le long du bras, & qui a deux rameaux, dont l’un descend le long du grand focile, & l’autre le long du petit focile, & dont les petites branches s’étendent jusqu’aux doigts de la main. Il y en a deux, dont l’une s’appelle la superficielle, ou sous cuir, l’autre la profonde. Saigner quelqu’un à la Basilique.

Basiliques, chez les Jurisconsultes, c’est une collection des lois Romaines traduites en grec. On y a compris les Institutes, le Digeste, le Code, & les Novelles de Justinien, quelques Edits de Justinien, de Justin le jeune, de Tibère de Thrace, de Zenon, de Basile le Macédonien, & de quelques autres Empereurs. Cette compilation est divisée en 60 livres, c’est pourquoi elle a été appelée Ἑξηκοντάβιϐλος. On croit que ce recueil est l’ouvrage de l’Empereur Léon le Philosophe, & que par honneur il attribua les Basiliques à Basile le Macédonien son père, parce qu’il avoit commencé à faire travailler à la version grecque des lois romaines. Quelques-uns ont crû que Constantin Porphyrogénète y avoit autant de part que Basile, & Léon, son aïeul, & son père. Cependant on ne lui peut attribuer que l’ἀνακάθαρσις, c’est-à-dire, la révision, ou répurgation. Des 60 livres de Basiliques, il ne nous en reste que 41. M. Fabrot les a traduits en latin, & en a donné en 1644 une édition grecque & latine, en 7 vol. in-folio. Il est vrai que M. Fabrot a rétabli les 10 livres qui étoienr péris, en les ramassant ex Synopsi Basilicon, traduits par Leunclavius, & des autres lieux où il en a pû retrouver quelques débris. Ce mot vient, ou de l’Empereur Basile qui en avoit formé le premier projet, ou du mot grec Βασιλικός, qui signifie royal, ou impérial.

Basilique ou Basilica, en Astronomie. Nom d’une étoile fixe de la première grandeur, dans la constellation du Lion. On l’appelle autrement Regulus, & corleonis, ou cœur de Lion.

BASILIS. s. m. Nom d’un collyre liquide, dont il est fait mention dans Galien.

BASILISE. s. f. Nom propre de femme. Basilissa. Ce mot vient du grec Βασιλισσα, Reine.

Basilisse, adj. f. Nom sous lequel Vénus étoit honorée par les Tarentins.

☞ BASILOUGOROD. Voyez Basiligorod.

BASIN. s. m. Étoffe croisée, toute de fil & coton, semblable à la futaine, mais plus fine & plus forte. La chaîne est fil, la trame coton : il y en a d’unis, de figurés, & de ras. Les Basins des Indes sont sans poils. Tela è file xylino texta.

Basin. s. m. On nomme ainsi dans le commerce des Peintres & Doreurs du pont de Notre-Dame & du quai de Gêvres, à Paris certaine sorte de bordures, ordinairement de bois uni, qui servent à encadrer des estampes. Ce mot leur vient du nommé Basin, assez habile graveur, qui gravoit des sujets de dévotion, tous d’une même grandeur.

BASIOGLOSSE. s. m. Terme d’Anatomie. Nom d’un muscle. Basioglossus musculus. Les fibres musculeuses des muscles génioglosse & basioglosse, qui tous deux s’in-