Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/838

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
814
BEA

☞ BAZOCHE (la) ou la Bazoche gouet. Gros bourg de France, au bas Perche, sur la rivière de Coitron.

BAZOCHE. s. f. Voyez Basoche.

☞ BAZOIS. Petite contrée de France, dans le Nivernois dont elle fait partie.

☞ BAZUMA. Ville d’Afrique, sur l’Océan Ethiopique, ou oriental, entre le pays de Berberat & celui de Zenze.

BAZZO. s. m. Petite monnoie d’Allemagne, qui vaut environ deux sous de France, un peu moins.

BDE.

BDELLIUM, s. m. est la gomme résine d’un arbre qui vient dans la Bactriane, dans l’Arabie & aux Indes. Cet arbre est épineux, noir & ressemble à l’olivier quant à sa grosseur ; ses feuilles sont semblables à celles du chêne, & son fruit à celui du figuier sauvage. Cette gomme doit être amère, transparente, grasse, odoriférante, semblable à la cire ou à la colle de taureau, molle & facile à fondre. Moyse dit que la manne des Hébreux ressembloit à cette drogue quant à la forme ; quant à la grosseur, qu’elle étoit comme la graine de coriande, & qu’elle avoit le goût de miel.

Du Cange après Isidore appelle bdellium une eau faite avec des vessies d’orme, qui est bonne pour les plaies, & croit que c’est la même chose que le bdellium des Grecs & des Latins. Scaliger dit qu’on ne sait pas au vrai ce que c’est que le bdellium dont il est parlé dans la Genèse, & qu’on n’en parle que par conjecture. Voyez dans la Bibliothèque sacrée de Ravanelle, & dans les interprètes de la sainte Ecriture, les différentes opinions des savans sur le bdellium. Il y en a qui font signifier au mot bdelium, escarboucle ou cristal.

BE.

BÊ. Terme indéclinable, qui marque le cri des moutons. Les Grecs prononçoient leur ita comme un ê : témoin le Poëte Cratinus : Sicut ovis bê bê dicens.

BEA.

☞ BEALT. Ville d’Angleterre, dans la principauté de Galles, au Comté de Brecknock.

BÉANCE. s. f. Vieux mot. Félicité, du latin beatus, heureux.

BÉANT, ANTE. participe de l’ancien verbe béer qui ne s’emploie que comme adjectif. Qui montre une grande ouverture, hians. On dépeint les dragons avec une gueule béante ; l’Enfer comme un gouffre béant. Ils reçoivent l’eau à bouche béante. Vaug.

On le dit figurément de ce qui est vide & ouvert. ☞ On appelle aussi gueules béantes ceux qui ont une avidité continuelle de manger. Acad. Fr.

BÉARN. Province de France ; qui a titre de principauté. Benearnia. Le Béarn est aux pieds des monts Pyrénées, entre le Comté de Bigorre à l’Orient, la Prévôté d’Acqs, la basse-Navarre, & une partie du pays de Soule au Couchant ; les Pyrénées au Midi ; & la Gascogne au Septentrion. La capitale de Béarn est Pau. Louis le Débonnaire, après avoir condamné Loup Centule, Duc de Gascogne, au commencement du IXe siècle, établit des Vicomtes dans le Béarn ; & depuis ce temps-là jusqu’à Henri IV, cette Province a toujours eu ses Princes particuliers. Par l’avènement de ce Prince à la Couronne, le Béarn y fut réuni. M. de Marca étant encore Président au Parlement de Navarre, fit l’Histoire de Béarn que nous avons.

Ce mot s’est fait du mot latin Benearni, qui se trouve dans les anciens Itinéraires, & dans les Notices de l’Empire, où il est parlé de la cité des Bénéarniens. De-là on a fait Béarniens, & enfin Béarn.

Béarn. Ville ancienne des Béarnois. La cité des Béarnois étoit nommée Benearnus, comme on voit dans l’Itinéraire d’Antonin, ou Benardus, comme le représentent la Notice des Provinces, le Concile d’Agde, & Grégoire de Tours. Marca.

BÉARNOIS, OISE. s. m. & f. & adj. Qui est de Béarn, ou qui appartient au Béarn. Bearnensis, Bearniensis. Ortelius estime que les Preciani de César sont les Néarnois. Vigenère croit que ce sont les Crosates. Villeneuve & Bergier prennent les Cucueni de Ptolomée pour ceux d’Oleron. Le P. Monet prétend que les Béarnois font une portion des Bigordans, qu’il nomme Bigordans occidentaux, & les vrais peuples de Bigorre Bigordans orientaux. M. de Marca, Hist. de Bearn, Liv. I, chap, II, croit que les Venami de Pline sont les Béarnois, pourvu que le texte soit remis avec une correction fort aisée, & très-recevable, lisant Venarni, au lieu de Venami : il ne faut que séparer la première jambe de l’m pour faire deux lettres d’une ; savoir, de l’m un r & un n. Dans les exemplaires de Pline imprimés à Paris en 1516, on y reconnoît la leçon de Venarni au lieu de Venami.

On lit dans l’Histoire de la Ligue le Béarnois ; c’est Henri IV que les Ligueurs appeloient ainsi, parce qu’ils s’obstinoient à ne le pas reconnoître pour Roi de Frane, mais seulement pour Prince de Béarn ; ne lui donnant pas même la qualité de Roi de Navarre, parce qu’il n’étoit point en possession de ce Royaume, quoiqu’il en fût l’héritier & le maître légitime. Le Pape Sixte V bien informé de la façon de vivre de Henri IV, de celle du Duc de Mayenne, pronostica hardiment que le Béarnois, il l’appeloit ainsi, comme faisoient tous les Ligueux, ne pouvoit manquer d’avoir le dessus, puisqu’il n’étoit pas plus long-temps au lit, que le Duc de Mayenne étoit à table, & qu’il usoit plus de bottes, que l’autre n’usoit de souliers. . Les Ligueurs prononçoient Biarnois. Il n’a point d’autre nom dans toute la Satyre Menippée. Henri IV étoit né à Pau en Béarn, le 13 de Décembre 1553, p.15.

Le Gave Béarnois, est une rivière qui a sa source dans les montagnes de Bareige en Bigorre.

☞ BÉAT, ATE. adj. Ce mot ne se dit point pour béatifié. Il se prend même très-rarement en bonne part, pour dévot ; mais il se dit ordinairement de celui qui fait le dévot, qui affecte de le paroître. Piétatis simulator. Cet homme est un Béat. Un Béat pourroit-il s’exprimer plus heureusement ? Boil. Ce mot de Béat ne se dit ordinairement qu’en riant, & dans le style comique & burlesque. Mon Révérend, dit-elle au béat homme, je viens vous voir. La Font. Cette coquette est maintenant une Sœur Béate.

Béat. s. m. Terme de joueurs. C’est celui qui ne joue point, & cependant qui a sa part de ce que l’on joue. Quand ceux qui veulent jouer une collation, ou un souper, sont en nombre impair, on tire, & l’on fait un béat, qui est exempt de jouer avec les autres, & de payer sa part.

BÉATIFICATION. s. f. Acte par lequel le Pape, ☞ après la mort d’une personne, déclare qu’elle est bienheureuse : par lequel, disent les Vocabulistes, il déclare seulement qu’une personne qui n’est plus de ce monde, jouit du bonheur éternel dans les Cieux. Alicujus in Beatorum numerum adscriptio. La béatification diffère de la canonisation, en ce que dans la béatification le Pape n’agit pas en juge qui décide sur l’état de celui qui est béatifié, mais il accorde seulement à certaines personnes le privilège d’honorer d’un certain culte religieux celui qui est béatifié, sans encourir les peines portées contre ceux qui rendent un culte superstitieux. Dans la canonisation il parle en juge, & comme l’on dit, il prononce ex cathedra, sur l’état de celui qu’il canonise. Voyez Castellinus, Galesinus, Catelarius, Lezana, Silveira, Scacchi, &c. La béatification a été introduite depuis qu’on a jugé à propos de ne plus traiter la canonisation des Saints que par de longs délais, pour s’assurer davantage de la vérité dans les voies des procédures les plus sévères. Bail.

Quelques uns ont cru que l’origine de la béatification ne peut pas remonter plus haut qu’à Grégoire X, mais on ne peut pas douter de la béatification de Guillaume, Hermite de Malaval en Toscane, par Alexandre III. Le Cardinal Lambertini, Archevêque de Boulogne, Pape sous le nom de Benoît XIV, a