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BEG — BEH

& descend jusques aux talons. Elles ont différens réglemens en différens lieux. Voyez Béguinage, & le P. Héliot, T. VIII, C. 1. Il est parlé de ces Béguines dans l’extravagante de Jean XXII, Ratio recta. Elles vivent du travail de leurs mains, ont un genre de vie qui tient le milieu entre le laïque & le religieux. Il y en avoit autrefois en France, dont les maisons ont été données à des Sœurs du Tiers-Ordre de S. François, comme sont à Paris les Filles de l’Ave-Maria. Elles vivoient en commun & étoient gouvernées par des hommes d’une grande piété.

Béguine. Nom d’une secte hérétique. Beguina. Quelques-unes des Béguines dont nous venons de parler, établies en Allemagne donnerent au commencement du XIIe siècle dans des erreurs extravagantes. Elles se persuaderent que l’on pouvoit dans la vie présente, arriver à la souveraine perfection, parvenir à l’impeccabilité, à la claire vue de Dieu, & à un degré si éminent de contemplation, qu’il n’étoit plus besoin de jeûner, ni de se soumettre à la direction & à l’obéissance des hommes mortels. Le Concile de Vienne tenu sous Clément V, les condamna, & on les abolit en 1311, & bientôt après il n’y en eut plus en France. Elles se maintinrent ailleurs, & Jean XXII, successeur de Clément V, expliqua le décret de son prédécesseur, & déclara qu’il n’y avoit de sociétés éteintes, que celles dont les Béguines étoient tombées dans l’hérésie. Thomassin. La porte de Béguines étoit une porte près de la ville de Paris, ainsi nommée, parce que la demeure des Béguines en étoit proche. C’étoit le Monastère de l’Ave-Maria.

Le nom de Béguines est venu à ces Communautés de filles, selon quelques-uns, de Lambert le Bégue, Prêtre & Religieux, qui en fit l’institution : Borel le dérive de Louis le Bégue Roi de France ; ou plutôt de beguin, qui est leur coiffure. Mais d’autres prétendent que cette coiffure a pris leur nom d’elles, & non pas les Béguines de cette coiffure. Joach. Hopperus tire ce nom du verbe allemand beguinen, qui signifie commencer, parce que c’est un commencement de l’ordre monastique ; Quod initium, dit-il, rei monasticæ ponant. En Flandre, où les Beguines sont en grand nombre, l’opinion constante est que leur nom vient de Begga, ou de Begge, leur institutrice, fille de Pepin de Landen, & qui étoit fils du Duc Carloman, & petit-fils de Charles Comte de Hesbaye dans le pays de Liége. Cette Begge étoit sœur de sainte Gertrude, Abbesse, & conjointement avec sa mere Irte, ou Juberge, femme de Pepin de Landen, fondatrice du célèbre Monastère de Nivelle. Car il ne faut pas distinguer Begge, sœur de sainte Gertrude, de Begge fille de Pepin, comme on a fait dans la première édition de ce Livre ; ni prendre ce Pepin pour un de nos Rois de France. Celui-ci fut seulement Maire du Palais sous Sigebert. Cette dernière étymologie paroît la plus vraie.

Beguine. s. f. est aujourd’hui en France au moins en plusieurs endroits, un terme de mépris ☞ dont on se sert, dans le discours familier, pour désigner une dévote qui s’attache à des pratiques minutieuses, qui s’en occupe. C’est une béguine, une vraie béguine.

On appelle aussi quelquefois en général beguine, tout Religieuse ou fille de Communauté, de quelque Ordre ou Congrégation qu’elle soit ; & il a encore en ce sens quelque chose de méprisant. Ce sont des beguines, disent les gens du monde en parlant des Religieuses, qui paroissent s’attacher à des choses qui leur semblent petites & légères, qui sont des vétilles à leurs yeux.

Beguine. s. f. Femme de la secte des Beguins ou Beguards. Beguina. Quelques-uns écrivent aussi Begghines, mais cela n’est bon qu’en Flamand, ou en Allemand ; en François il faut écrire Beguin ou Beguine. Voyez Beguard, & Beguin. Quelques-uns écrivent Bequins & Bequines, mais mal.

☞ BEGUM, ou BEGOUM. s. f. C’est un titre d’honneur qu’on donne aux Princesses dans l’Indoustan. Acad. Fr.

☞ C’est encore le nom qu’on donne à la principale des femmes du sérail d’un homme de qualité, dans le même pays. Elle doit être d’une condition égale à la sienne. Trois autres femmes qui sont aussi de quelque naissance, sont au second rang. Le troisième est composé d’autant de femmes qu’on veut : & le quatrième est celui des esclaves qu’on achète. Observation sur les écr. mod. Tom. XXV, p. 160. Le mot de Begum ou Begoum signifie heureuse.

BEGUQUELLA. s. f. Plante médicinale dont la racine est souveraine pour la dysenterie. Voy. Ipecacuanha.

BEH.

☞ BEHBEHAN. Ville de Perse, dans la province de Fars.

BÉHÉMOT. s. m. Nom hébreu, que l’on a retenu dans des versions Françoises de la sainte Ecriture. Il est parlé de Béhémot dans le Livre de Job, & ce mot a exercé les Interprètes anciens & modernes, & les Critiques. Les uns croient que béhémoth est l’éléphant : ils se fondent sur ce que, dans l’endroit de la sainte Ecriture où il est parlé de béhémot, il s’agit de donner une grande idée de la puissance de Dieu, ce qui se fait en parlant des deux plus grands animaux que Dieu ait créés, leviathan & béhémot, la baleine entre le poissons, & l’éléphant entre les animaux terrestres. Bechart croit que c’est l’hippopotame. D’autres pensent que béhémot signifie en général toute sorte de bête d’une grandeur énorme. Il y en a qui prétendent que par béhémot on doit entendre le diable. S. Grégoire de Nysse est de ce sentiment. Voyez les Interprètes de la sainte Ecriture, sur Job XL, 10, & Vossius, de Idol. L. III, cap. 50.

BEHEN, ou BEHEM. s. m. Les Auteurs en distinguent deux sortes, l’un blanc, l’autre rouge, & qui different l’un & l’autre du ben arabique, qui n’est autre chose que le glans unguentaria. Voyez Ben. Le behen blanc est une racine que Rauwolsius trouva au pied du Mont-Liban, & que Tournefort apporta de l’Asie mineure. La plante qui pousse cette racine, s’appelle jacca Orientalis Carthami facie, selon Vaillant. Elle est cordiale, antispasmodique, & bonne pour tuer les vers. Geoffroy.

Le behen rouge nous est apporté en morceaux ronds ; quelques Auteurs ont pensé qu’on le tiroit d’une espèce de limonium, ou lavande de mer : mais son origine n’est pas encore bien connue. On lui attribue les mêmes propriétés qu’au behen blanc des Anciens, & l’on veut de plus qu’il soit astringent. Geoffroi.

BEHIMA. s. f. Herbe qui croît dans la Province de Tremécen en Afrique. Elle engraisse les chevaux & le bétail en moins de douze ou quinze jours ; mais quand elle jette un petit épi barbu, on le empêche d’en manger, parce qu’elle les étrangle & les tue. Marm. d’Ablanc.

BEHISTRE. s. f. Vieux mot. Tempête.

BEHODER. v. n. Vieux mot. Caqueter, parler trop. On le trouve aussi employé dans sa signification de passer le temps à se réjouir.

BÉHOURD. s. m. Vieux mot, qui signifioit une joute, choc de lances ; combat que l’on faisoit à cheval, la lance à la main ; course de lances. Lancearum exercitatio palasirica, hastiludium. Les anciens Romans font souvent mentions de béours & tournois. En basse latinité on l’a appelé behordium.

BÉHOURDER, ou BÉHORDER, & BORDER. v. n. Vieux mot François dont on s’est servi en parlant de ces exercices des jeunes gens où ils combattent avec des lances & des boucliers. Les Espagnols ont encore retenu quelque espèce de ce jeu qu’ils appellent cannas. En France les gens de campagne & la bourgeoisie des petites villes ont eu aussi un semblable exercice. A certain jour assigné, qu’on appeloit le jour des Bouhordeis, ils s’assembloient & joutoient ensemble avec des bâtons & des cannes. Cela se pratique encore en Angleterre en certains temps de l’année. Nicot & le P. Monet, au mot Bouhordi, disent que ce mot signifie le premier & le second Dimanche de Carême ; ainsi c’étoit les deux jours que l’on faisoit en France cet exercice. Les Italients disent Bagordare, pour signifier le même exercice, & les Académiciens de la Crusca l’ex-