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La Congrégation de Sauve-Major eut pour fondateur S. Gérard, natif de Corbie, dans l’onzième siècle. Le Monastère chef de cette Congrégation fut bâti dans le diocèse de Bourdeaux, en un lieu qui s’appeloit alors Silva-Major, ou Grande-forêt, à présent Sauve-Major, à six lieues environ de Bourdeaux, dans le pays qu’on nomme des deux Mers. Il fut habité en 1079. Il y avoit environ trente Prieurés qui dépendoient de cette Congrégation, outre un grand nombre de Paroisses. P. Helyot, T. V. c. 31.

L’Abbaye d’Hirsauge, en Allemagne, dans le diocèse de Spire, a été autrefois chef d’une florissante Congrégation, qui commença vers l’an 1080, par le zèle de saint Guillaume, qui fut le restaurateur de la discipline monastique en ce pays. Selon Tritème, cette Congrégation fut composée de plus de soixante Monastères que siant Guillaume fonda, outre ceux qu’il réforma. P. Helyot, T. V. C. 32.

Sur la Congrégation de Cîteaux, Voy Cîteaux, & pour Clairvaux, voyez aussi ce mot en sa place.

La Congrégation de Chézal-Benoît est aujourd’hui unie à celle de S. Maur. Voyez Chézal-benoît. Le P. Helyot traite de toutes ces Congrégations de Bénédictins dans son VIe Tome de l’Histoire des Ordres Religieux.

Les Humiliés sont aussi une Congrégation qui suit la règle de S. Benoît, aussi bien que les Sylvestrins, les Célestins, les Religieux du Mont Olivet, les Religieux de l’Ordre de Christ, les Oblates de sainte Françoise, la Congrégation de Molek & d’Autriche qui subsistent encore en Allemagne, & celle de Bursfeld.

La Congrégation de Valladolid, en Espagne, a pour Chef le Monastère de S. Benoît de Valladolid, fondé vers l’an 1390, par Jean I. Roi de Castille. C’est pour cela que ce Monastère est surnommé le Royal. Ce Monastère s’étant réformé, & en ayant réformé beaucoup d’autres, Ferdinand & Isabelle voulurent que tous les Monastères de S. Benoît en Espagne y fussent soumis, ce qu’ils obtinrent d’Innocent VIII. P. Helyot, T. VI. C. 30.

Une autre ancienne Congrégation de Bénédictins est celle de la Chaise-Dieu. Casa Dei. Abbaye fondée vers 1401, par le B. Robert, Chanoine de saint Julien de Brioude. Cette Congrégation s’étendit jusqu’en Espagne, & le Monastère de saint Jean de Burgos en dépendoit.

La Congrégation de Se. Justine, dite depuis du Mont Cassin, commença en 1408. que Louis Barbo, noble Vénitien, Prieur des Chanoinres Réguliers de l’Ordre des Chanoines Séculiers de saint George in Alga, fut pourvu par Grégoire XII de l’Abbaye de saint Justine de Padoue. Il y mit la réforme aussi bien que dans plusieurs autres, qui formerent cette Congrégation, qui fut confirmée par Martin V. L’an 1504, le Monastère du Mont Cassin y ayant été uni, le Pape Jule II. voulut qu’elle quittât le nom de sainte Justine, pour prendre celui de Mont Cassin, qui étoit Chef de tout l’Ordre, & qu’on l’appelât à l’avenir la Congrégation du Mont Cassin, autrefois de sainte Justine. P. Helyot, T. VI. C. 29.

La Congrégation de S. Vanne & de S. Hidulfe, & la réforme des Monastères de Lorraine & de France qui la composent, commença par les soins de D. Didier de la Cour, Religieux de l’Abbaye de saint Vanne de Verdun, sur la fin du seizième siècle.

La Congrégation de S. Vanne a encore produit celle de saint Placide aux Pays-Bas.

La Congrégation de Portugal commença vers 1558, par la réforme du Monastère de Se Thirse, qui y fut portée par les Peres Réformés d’Espagne. Ascagne Tembourin, distingue encore une autre Congrégation de Bénédictins en Portugal, qu’il nomme la Congrégation de Lisbonne ; mais il se trompe. Voyez le P. Helyot, T. VI. C. 31.

L’Abbaye de S. Denys en France, fut aussi chef d’une Congrégation de Bénédictins. Cette Congrégation n’a été établie qu’au commencement du XVIIe siècle, & en vertu du Décret du Concile de Trente, qui oblige tous les Monastères immédiatement soumis au S. Siége, de s’unir en Congrégation ; s’ils n’aimoient mieux se soumettre à la visite de l’Ordinaire. Pour l’éviter, les Bénédictins de saint Denys projeterent de se faire chefs d’une Congrégation, & solliciterent plusieurs Monastères d’entrer dans ce projet. Neuf y consentirent, qui furent ceux de saint Pierre de Corbie, de saint Magloire de Paris, de saint Pere de Chartres, de Bonneval, de Colombs, de Josaphat, de Neaufle le vieux, de saint Lomer de Blois, & de Moustierender. On fit des réglemens, on s’assembla au Prieuré de S. Lazare, au faux-bourg de saint Denys, le 6 Mars 1607. On y conclut le traité d’association. Henri IV donna des Lettres patentes, le Parlement les enregistra le 5 Septembre de la même année. Le Prieur de saint Denys fut élu Général. Paul V confirma cette association l’an 1614, sous le titre de Congrégation de saint Denys, & elle a subsisté jusqu’à la naissance de la Congrégation de saint Maur.

La Congrégation Bénédictine Helvétique ou de Suisse, comprend neuf Monastères : c’est une des plus considérable de l’Ordre. Cinq de ses Abbés sont Princes de l’Empire ; ce sont ceux de saint Gal, d’Einsfidlen, ou Notre-Dame des Hermites, de Muri, de Pfers & de Discutis. Les quatre autres sont Rhinaw, Frischinchen, Engelberg & Rhun. L’union de ces Monastères commença en 1602, & fut approuvée par Clément VIII, sous le titre de Congrégation Bénédictine Helvétique. Elle fut consommée en 1633, qu’elle se trouva de neuf Monastères.

La Congrégation de S. Maur doit son commencement à la Congrégation de saint Vanne, dont la réputation se répandant de tous côtés, invita plusieurs Abbayes à embrasser la même réforme. La première qui s’y soumit fut celle de S. Augustin de Limoges, l’an 1613, S. Faron de Maux, saint Julien de Nouiallé, saint Pierre de Jumiège, & de Bernay suivirent ; de sorte que l’on crut nécessaire de faire une Congrégation nouvelle des Abbayes de France, & de la séparer de cette de saint Vanne. Ce projet fut approuvé par un Chapitre général de saint Mansuy de Toul en 1618. La même année Louis XIII, donna des Lettres patentes pour l’érection de cette Congrégation, à laquelle dans la première Assembler générale on donna le nom de Congrégation de saint Maur. Grégoire XV l’approuva, Urbain VIII la confirma par sa bulle du 21 Janvier 1627. Ces bulles furent fulminées par l’Official de Paris le 16 Mai 1629. Le Roi donna des Lettres patentes le 15 Juin 1631, & le 15 Mars 1632, pour l’exécution de ces bulles, & ces Lettres patentes furent vérifiées au Parlement de Paris le 21 Mars 1622.

Les Bénédictins sont appelés dans tout le Droit Canon Monachi nigri, c’est-à-dire, Moines noirs ; ensorte qu’ils y sont plutôt distingués des autres Ordres par leur habit que par le nom de leur Patriarche saint Benoît. Il y avoit avant les Bénédictins un grand nombre de Moines, même dans l’Occident. Saint Ambroise, saint Jérôme & saint Grégoire font mention des moines qui étoient en Italie, dans les Gaules, & dans plusieurs autres endroits de l’Europe. Il y avoit cette différence entre les anciens Moines & les Bénédictins, que les premiers étoient simplement Moines, sans être attachés à aucun Ordre particulier. C’étoit assez d’être Moine pour être reçu en cette qualité dans tous les Monastères, quand on voyageoit ; car on ne parloit point alors de règles particulières. Le Cardinal Baronius, Gallon Prêre de l’Oratoire de Rome, le P. le Cointe, Prêtre de l’Oratoire de France, ont accusé les Bénédictins d’avoir mis parmi les Moines de leur Ordre plusieurs saints Moines qui n’en ont point été. consultez le P. Le Cointe dans ses Annales Ecclésiastiques de France. Voyez aussi dans le premier Tome des Acta SS. Ben. le Catalogue des Saints omis, où le P. Mabillon convient que dans le Calendrier des Bénédictins il y a des Saints qui n’ont point été Bénédictins, ni même Moines. C’étoit la coutume de mettre dans ces Calendriers les noms des Bienfaicteurs morts ; on les a pris ensuite pour des Moines. Dom Bastide a cependant répondu au P. le Cointe, Act. SS. Ben. Sæc. III. P. II. à la fin. On trouve plusieurs choses concernant l’Ordre des Bénédictins, & leurs divers établissemens, dans les Préfaces de tous les tomes de ces Acta SS. Enfin le P. Mabillon a donné les Annales de l’Ordre de saint Benoît.