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BER

c’est-à-dire, l’assemblée des Barons : on a dit Ber pour Baron. Voyez Ber.

Parmi les Laboureurs, bernage signifioit un mélange de diverses espèces de grains, comme froment, seigle, orge, &c. En ce sens le P. Labbe le fait venir d’hybernagium. Voyez Du Cange sur le mot Hybernagium.

BERNARD. s. m. Bernardus. Nom d’homme. Selon quelques-uns il vient de l’allemand, & signifie, qui a un esprit d’ours ; art en allemand veut dire, esprit naturel, & ber, ou beer, ou bar, ours. D’autres prétendent qu’il signifie filialis indoles. On le trouve écrit avec aspiration, Bernhard ; & parce qu’on change souvent l’aspiration en W, on trouve aussi S. Bernward, évêque de Hildesheim. Mais c’est toujours le même mot. L’Auteur de la vie de S. Barnard, ou Bernard, Evêque de Vienne, dit que ce nom signifie fils de bonne odeur ; c’est-à-dire, qu’il le dérive du syriac, ou chaldéen בר, filius, & de l’hébreu נרד, Nered, en chaldéen נרדא, nardus. Il ne faut point chercher si loin l’étymologie de ce nom. Bern est un ancien nom des peuples du nord. Il est parlé d’un Roi Bern, ou Born, qui régnoit vers la mer Baltique. Il y a de l’apparence que ce sont les Bourguignons ou les François qui ont apporté ce nom dans les Gaules.

Saint Bernard a écrit autrefois à un grand Prélat touchant les dépenses inutiles & superflues. De Rancé. Saint Bernard, l’un des plus grands ornemens de l’Eglise de France, naquit l’an 1091, au village de Fontaine en Bourgogne, à trois quarts de lieues de Dijon. Son père Técelin, surnommé Sorus, ou Rousseau, Seigneur du lieu, étoit de l’une des plus anciennes noblesses de la Province ; & sa mère la B. Alerte ou Alix, étoit fille de Bertrand, Seigneur de Mombard, qui étoit parent des Ducs de Bourgogne. Baillet. Voyez aussi Barnart.

Bernard l’Hermite. s. m. Cancellus. C’est le nom d’un poisson de mer qu’on appelle aussi le pauvre homme, ou absolument l’hermite. Les Naturalistes lui ont donné ce nom, parce qu’ils ont remarqué qu’il vit toujours seul dans une cellule où il est logé aux dépens d’autrui. Ce poisson, qui est presque fait comme la crevette ou salicoque, a une écaille trop foible pour le garantir. Il cherche une écaille vide, proportionnée à sa grosseur, où il habite jusqu’à ce qu’il soit devenu trop gros pour y pouvoir tenir. Il cherche pour lors un autre domicile, & continue toujours de grosseur en grosseur, jusqu’à ce qu’il ait atteint toute sa crue ; alors il en reste à cette dernière maison qui lui sert de tombeau.

BERNARDE. s. f. Nom de femme, qui a saint Bernard pour Patron. Bernarda. La Mère Bernarde de Vignol fut une des cinq Réformatrices des Bernardines, en Savoye. P. Héliot, T. V. C. 42.

BERNARDIÈRE. s. f. Espèce de poire dont parle La Quintinie, P. III, T. III, p. 322. C’est une mauvaise poire des mois d’Avril & de Mai. Id. p. 386.

BERNARDIN. s. m. Nom de Religieux, dont l’Ordre est fort étendu dans l’Europe. C’est une Réforme de l’Ordre de S. Benoît faite par Robert Abbé de Molesme, & depuis par S. Bernard Abbé de Clervaux. Monachi Ordinis sancti Bernardi. Leur habit est une robe blanche, avec un scapulaire noir ; & lorsqu’ils officient, ils sont vêtus d’une coule ample & large, qui est toute blanche, & qui a de grandes manches, avec un chaperon de la même couleur. Il y a cinq Abbayes Chefs d’Ordre de S. Bernard en France ; Cîteaux, Clervaux, Pontigny, La Ferté, & Morimont. Les Ordres de Calatrava & d’Alcantara en Espagne, sont sous la Règle de S. Bernard.

BERNARDINE. s. f. Religieuse de l’Ordre de Cîteaux. Bernardina monialis. On ne s’accorde pas sur leur origine. Quelques Auteurs prétendent qu’elles ont été fondées par sainte Humbeline, sœur de saint Bernard. Voici ce qu’il y a de plus probable. Milon, Comte de Bar, accorda le Monastère de Juilly à l’Abbaye de Molesme, afin qu’il servît de retraite à des Religieuses, qui y vécussent sous l’obéissance de l’Abbé de Molesme, qui leur donneroit quatre de ses Religieuses pour les conduire. Or Molesme a Toujours été de l’Ordre de S. Benoît. De plus, le premier Monastère de filles de cet Ordre ne fut fondé à Tart, diocèse de Langres, que l’an 1120, par saint Etienne, & non pas par saint Bernard ; ce qui se prouve par les Chapitres généraux des Religieuses de cet Ordre en France, qui se tenoit autrefois à Tart, comme la plus ancienne Abbaye de tout l’Ordre. Les Bernardines sont habillées comme les Bernardins, & elles ont de bonnes Abbayes, auxquelles le Roi nomme.

Il y a aussi des filles de cet Ordre en Espagne, qu’on appelle Bernardines de la Récollection, ou Déchaussées.

Mais puisqu’elles sont de l’Ordre, & non pas de la Filiation de Clervaux, pourquoi les appelle-t-on Bernardines ? Je n’en trouve point la raison : mais c’est l’usage : cela suffit.

Il y a encore en France & en Savoie d’autres Religieuses de Cîteaux, que l’on nomme Bernardines réformées des Congrégations de la Divine Providence, & de saint Bernard. Leur Fondatrice fut la Mère Louise-Blanche-Thérèse de Ballon, parente de saint François de Sales, par les conseils duquel elle se conduisit dans cet établissement. Rumilly, petite ville de Savoie, fut le lieu où elle jeta les fondemens de sa réforme l’an 1622. En 1624 elles s’établirent à Grenoble, & là furent dressées les constitutions de cette réforme. Elles furent imprimées pour la première fois en 1631 à Paris, avec les approbations nécessaires, excepté celle de Rome, que l’on n’obtint qu’en 1634.

Les Religieuses du précieux Sang à Paris, sont encore des Bernardines sorties de celles que la Mère du Ballon avoit établies & fondées en 1636 ; mais qui ont formé depuis une autre congrégation, ou réforme de l’Ordre de Cîteaux en 1655. En 1659 elles prirent la règle de saint Bernard & les coutumes de Cîteaux, & en 1660 elles commencèrent à les observer. La même année on leur fit des règlemens, qui, le 14 Août de l’année suivante, furent approuvés par l’Abbé de Prièves, Vicaire général de l’Etroite Observance de Cîteaux en France, & par le Prieur de saint Germain des Prés, comme Vicaire général du Cardinal de Bourbon, Abbé de saint Germain.

☞ BERNAUDOIR. s. m. Grand panier d’osier où l’on met les brins de laine qui tombent pendant qu’on la bat sur la claie. Avec une baguette on les agite circulairement jusqu’à ce qu’ils soient ouverts & assez nettoyés pour être ajoutés au reste de la laine battue.

☞ BERNAVI. s. m. Plante dont les Américains usent pour se rendre gais, comme les Turcs font de leur opium. Pierre Petit parle de cette plante dans son traité du Nepenthès.

☞ BERNAW. Ville d’Allemagne, dans la basse Saxe, dans la moyenne marche de Brandebourg, à trois milles de Berlin.

☞ BERNAY. Petite ville de France, dans la haute Normandie, avec titre de comté, bailliage & élection, renommée par une grande & riche Abbaye de Bénédictins de la Congrégation de S. Maur.

☞ BERNBOURG. Petite ville d’Allemagne, dans le cercle de la haute Saxe, & dans la principauté d’Anhalt, sur la Sala.

BERN-CASTEL, ou BERENCASTEL ou BERNE-CASTEL. Ville d’Allemagne, dans l’Electorat de Trêves. Castellum Tabernarum.

BERNE. Berna, Ville de Suisse, capitale du canton, sur une colline entourée de trois côtés de la rivière d’Aar. Le nom de Berne signifie Ours. Cette ville en a un dans ses armes, & en entretient plusieurs dans une fosse fort propre. M. Corneille dit qu’elle fut nommée Berne, ours, parce qu’on trouva un ours dans ses fondemens. Hoffman dit que Berne fut commencée par Berthold IV, Duc de Zeringhen, achevée par son fils Berthold V, qui lui donna le nom de Berne, ours, de la première chose qu’il rencontra dans la ville, en 1191. De-là vient que quelques-uns la nomment en latin Arctopolis. A Berne l’adultère & la prostitution sont des crimes punis de mort, & la simple fornication rend un homme incapable d’aucune charge pour toute sa vie. Maty.

Le Canton de Berne est le plus puissant des XIII, qui composent la République des Suisses. Il occupe seul