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imprimée à Rome en 1671 par ordre de la Congrégation de la propagation de la foi ; mais elle n’a point été estimée, parce qu’on l’a retouché sur notre édition vulgate. Les Bibles arabes que nous avons ici, ne sont point celles dont les Chrétiens se servent dans l’Orient. Quelques savans croient que la version arabe de l’ancien Testament, qui a été imprimée dans les Polyglottes de Paris & de Londres, est celle de Saadias, au moins pour le fond. Leur raison est qu’Aben-Ezra, grand antagoniste de Saadias, rapporte des endroits de sa version, qui sont les mêmes que dans la version arabe de ces deux Polyglottes. Cependant d’autres gens très-habiles ne croient point que nous ayons la version de Saadias. Erpénius fit imprimer en 1622, un Pentateuque arabe, qu’on appelle communément le Pentateuque d’Erpénius, ou de Mauritanie, parce que cette version est faite par les Juifs de Mauritanie, & à leur usage. Cette version est excellente, non-seulement comme l’a remarqué Erpénius, parce qu’elle est très-littérale & très-exacte, mais encore parce que l’Auteur paroît avoir été très habile dans l’hébreu, & dans l’intelligence de l’Ecriture, & qu’il donne aux mots hébreux des interprétations qui, outre une grande exactitude, marquent encore beaucoup de capacité.

On a publié aussi à Rome en 1581 in-folio, les quatre Evangiles en arabe, avec une version latine qui y est jointe, & il se trouve des exemplaires de cette édition de Rome, où il n’y a que le texte arabe. Gabriel Sionita a depuis fait réimprimer dans la Bible Polyglotte de Paris, ces quatre Evangiles arabes, les ayant seulement retouchés en quelques endroits. Les Anglois ont mis dans leur Polyglotte ces mêmes Evangiles arabes de Gabriel Sionite. Erpénius a donné au public un nouveau Testament arabe entier, tel qu’il étoit dans son exemplaire manuscrit : il a été imprimé à Leyde en 1616.

Bibles Arméniennes. Il y a une version assez ancienne de toute la Bible en langue arménienne. Elle a été faite sur le texte grec des Septante, par quelques uns de leurs Docteurs qui vivoient vers le temps de saint Jean Chrysostôme. Comme elle ne se trouvoit qu’en manuscrit, à la réserve de quelques petites parties qui avoient été imprimées séparément, un de leurs Evêques la fit imprimer entière en beaux caractères, arméniens in-4°, à Amsterdam en 1664, avec le nouveau Testament in-8°. Consultez l’Histoire critique du vieux Testament, liv. II, chap. 16.

Bibles Chaldaïques. Ces Bibles ne sont autre chose que les gloses qui ont été faites par les Juifs dans le temps qu’ils parloient la langue chaldaïque. Ils leur ont donné le nom de targumim, ou paraphrases, parce que ce ne sont point de simples versions de l’Ecriture. Elles ont été insérées entières dans les grandes Bibles hébraïques de Venise & de Bâle ; mais on les peut lire plus commodément dans les Polyglottes, par ce qu’elles y sont avec une traduction latine.

Bibles Cophtes, ou Coptes. Nous n’avons rien de la Bible imprimée en Cophte ; mais on en trouve plusieurs exemplaires manuscrits dans les bonnes bibliothèques, & principalement dans celle du Roi. Consultez l’Histoire critique du nouveau Testament, ch. 16.

Bibles Ethiopiennes. Les Ethiopiens ont aussi toute la Bible traduite en leur langue. On en a imprimé séparément les Pseaumes, le Cantique des Cantoques, quelques chapitres de la Genese, Ruth, Joël, Jonas, Sophonias, Malachie, & le nouveau Testament : tous ces livres ont été depuis réimprimés dans la Bible Polyglotte d’Angleterre. Peur ce qui est du nouveau Testament Ethiopien qui a été d’abord imprimé à Rome en 1548, c’est une pièce peu exacte. Les Anglois l’ont insérée avec les mêmes fautes dans leur Polyglotte. On pnurroit donner une Bible éthiopienne entière sur les manuscrits qui se trouvent dans la bibliothèque de M. le Chancelier Seguier, & dans celle des Religieux Dominicains de la rue S. Honoré.

Bibles Gothes. On croit communément que Wlphilas, Evêque Goth, qui vivoit dans le quatrième siècle, a fait une version entière de la Bible pour ceux de cette nation, à la réserve des livres des Rois, qu’il ne traduisit point, à cause des guères fréquentes dont il y est parlé : il craignoit d’inspirer à sa nation déjà trop guerrière, l’amour de la guerre, en lui exposant l’exemple de tant de Rois. Il ne nous reste de cette version écrite en l’ancienne langue des Goths, que les quatre Evangiles qui ont été imprimés in-4° à Dordrecht en 1665, sur un très ancien manuscrit.

Bibles Moscovites. On a imprimé à Ostrovie, dans la Volindie, en 1581, une Bible entière en langue esclavone. C’est ce qu’on appelle communément la Bible Moscovite. Constantin Basile, Duc d’Ostrovie, a fait imprimer cette version pour l’usage de tous les Chrétiens qui parlent la langue esclavone, dont la moscovite est un dialecte.

Bibles orientales. On doit mettre à la tête des versions orientales de la Bible, celle des Samaritains, comme la plus ancienne de toutes : ne recevant pour toute Ecriture-Sainte que les cinq livres de Moyse, ils n’ont aussi traduit en leur langue samaritaine que le Pentateuque : ils ont fait la traduction sur leur texte hébreu samaritain, qui est un peu différent du texte hébreu des Juifs. Cette version samaritaine n’a point été imprimée séparément. Elle nele trouve que dans les Poliglottes de Paris & de Londres.

Bibles Persiennes. Quelques Pères semblent affirmer que toute l’écriture a été autrefois traduite dans la langue des Persans. Mai5 il ne nous reste rien aujourd’hui de cette ancienne version, qui avoit été faite sans doute sur le grec des Septante. Le Pentateuque persan, qu’on a imprimé dans la Polyglotte d’Angleterre, est de la façon d’un Juif. On trouve dans la même Polyglotte les quatre Evangiles en persan, avec une traduction latine, mais cette version persienne, qui est assez nouvelle & peu exacte, ne peut pas être d’une grande utilité. Dans le Moréri l’on a dit Bibles Persanes, qui en effet paroît mieux que Persiennes ; car on dit la langue Persane, un manuscrit Persan, un livre Persan. On pourroit dire aussi Bibles persiques, mais Persanes paroît meilleur. R. Jacob, fils de Joseph, est un Juif Persan, né dans la ville de Tufi, de la province de Corassan : il est Auteur de la version persane du Pentateuque. P. Le Long. & ici même l’on vient de dire, le Pentateuque Persan, & non pas Persien.

Bibles Syriaques. Dès l’année 1562, Widmanstadius fit imprimer en Syriaque tout le nouveau Teslament, à Vienne, en fort beaux caractères. Depuis ce temps-là il y en a eu plusieurs autres éditions, & il a été inséré dans la Bible de Philippe II, avec une version latine. Gabriël Sionita a aussi donné une belle édition syriaque des Pseaumes, à Paris, en 1525, avec une interprétation latine. On a imprimé toute la Bible en syriaque dans les Polyglottes de Paris & d’Angleterre.

Bibles en langues vulgaires. L’usage des versions en langues vulgaires ne vient point des Protestans ; car avant que le nom des Protestans fût connu dans le monde, il y avoit des traductions de l’Ecriture en françois, en espagnol, en allemand, en italien, & même long-temps auparavant en vieux françois, qui étoit la langue allemande, & en vieux saxon. On trouve dans la bibliothèque du Roi un grand nombre de Bibles françoises manuscrites, qui ont appartenu à nos Rois & aux plus grands Seigneurs de leur Cour. On y voit un exemplaire latin & françois de toute la Bible, qui a été écrit par un Duc de Bourgogne. Il y a dans cette même bibliothèque une Bible entière manuscrite, en langue catalane. Consultez l’Histoire critique des versins, tant du nouveau que de l’ancien Testament : il y est parlé en détail des traductions de l’Ecriture en langues vulgaires. Voyez, Polyglotte. Voyez aussi le P. Le Long de l’Oratoire, dans sa Biblothèque sacrée, où il indique toutes les Bibles que l’on peut connoître en quelque langue que ce soit, & toutes leurs éditions.

Guillaume Breton, Cordelier, a fait un Opuscule des mots les plus difficiles dans la Bible.

Après cela, Docteur, va pâlir sur sa Bible ;
Va marquer les écueils de cette mer terrible ;
Perce la sainte horreur de ce livre divin. Boil.