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BIG

BIFURCATION. Terme de Botanique. C’est ce qu’on nommoit autrefois le fourc, l’endroit où une branche se sépare en deux & devient fourchue. Les Galinsectes se tiennent ordinairement dans les bifurcations des petites branches de l’orme. Reaumur.

Bifurcation. Terme d’Anatomie. État ou disposition d’une partie qui se divise en deux, qui fourche. Bifurcatio.

Se BIFURQUER. v. récip. Se diviser en deux, avoir deux fourchons. Terme de Dentiste. On voit des dents molaires, dont les racines se bifurquent vers le bout. M. Fauchard. ☞ On peut le dire de même en Anatomie & en Botanique. Branche qui se bifurque. Ramus bifurcus, bifurcatus, bifidus.

BIG.

BIGAILLE. s. f. Terme générique qui comprend tous les Insectes volatils, comme mouches, moucherons, vareurs, moustiques, cousins, tavets, maringouins, &c. Ces marécages couverts entretiennent un nombre infini de moustiques, maringouins, vareurs, & autres bigailles, qui dévorent ceux qui sont à leur portée le jour & la nuit. P. Labat. Il sembloit que tous les atômes de l’air fussent convertis en moustiques, en maringouins & en une autre espèce de bigaille qu’on appelle des vareurs. Id.

☞ BIGAME. adj. Souvent employé substantivement. C’est un terme de Jurisprudence, qui signifie qui est marié à deux personnes en même-temps. Il est Bigame. Bigamus, ou Digamus. On le dit également d’une femme. Elle est Bigame. A Rome celui qui avoit contracté deux mariages en même temps, étoit noté d’infamie par l’Edit du Préteur. On punissoit ci-devant les bigames de mort, mais par erreur, car il n’y a pas d’Ordonnance qui les condamnent à ce supplice ; maintenant on leur impose d’autres punitions.

☞ Les hommes sont ordinairement condamnés au Carcan & aux Galères, les femmes au bannissement.

Bigame, en Droit canonique, se dit de celui qui a épousé deux femmes successivement, ou qui ne s’étant marié qu’une fois, a épousé une veuve. En l’un & l’autre cas on est irrégulier, & l’on ne peut être promu aux Ordres sacrés sans dispense. Ce point de discipline est fondé sur ce que saint Paul dit dans son Epître à Tire, chap. 1. Mari d’une seule femme. C’est pourquoi les Bigames n’étoient point admis aux Ordres sacrés ; soit que la bigamie fût réelle pour avoir épousé deux femmes, soit qu’elle fût interprétative, pour avoir épousé une veuve, ou une fille qui a été corrompue avant son mariage. Ceux-là même passoient pour bigames, qui avoient fait vœu de virginité avant leur mariage ; & l’Eglise observoit une si grande rigueur à l’égard des bigames, que le Pape Léon I, ne voulut jamais permettre à un Evêque de Mauritanie de les ordonner. Le P. Doucin, dans son Histoire du Nestorianisme, dit qu’Irénée étant bigame, en ce qu’il avoit été marié deux fois, avoit été élu Evêque de Tyr contre les Canons. S. Jérôme, Gennadius & les Grecs, ne regardoient comme bigames que ceux qui avoient épousé deux femmes successivement, depuis qu’ils avoient épousé deux femmes successivement, depuis qu’ils avoient reçu le baptême ; mais saint Ambroise, saint Innocent & saint Augustin, ont regardé avec l’Eglise latine, comme bigames, ceux qui avoient épousé deux femmes, quand même ils auroient épousé la première avant que d’être baptisés. Voyez le P. Thomassin. Saint Epiphane dit, hær. 59, n. 4, que l’Eglise observe exactement de ne point ordonner les bigames, quoiqu’ils n’aient épousé la seconde femme qu’après la mort de la première. Dans le 6, 7 & 8e siècles, les bigames n’étoient exclus, tant en Orient qu’en Occident, que de l’Episcopat, la Prêtrise & le Diaconat : ils pouvoient recevoir les Ordre intérieurs avec dispense de leur Evêque, selon plusieurs Théologiens, & plusieurs Canonistes, qui citent pour eux saint Thomas ; mais le P. Thomassin dit que les Cardinaux interprètes du Concile de Trente, & Sixte IV, ont déclaré qu’il falloit, même en ce cas, avoir recours au Pape.

☞ BIGAMIE. s. f. Crime d’une personne qui est mariée en même-temps à deux autres. Digamia, ou Bigamia. Mariage avec deux personnes vivantes, dans le même-temps.

Ce mot vient du grec διγαμία, qui signifie un double mariage.

Bigamie, est aussi une qualité contractée par le mariage de deux femmes qu’on épouse successivement, & par un mariage avec une veuve, ou avec une femme débauchée. La première espèce de bigamie s’appelle réelle, & la seconde, interprétative. La Bigamie cause une irrégularité qui exclut un homme de l’entrée aux Ordres, tant sacrés que mineurs, & qui l’empêche d’exercer ceux qu’il a reçus. Confer. d’Ang. Tr. des Irrégularit. Le Pape Innocent I, dans sa Décrétale à Victrice, Evêque de Rouen, déclare qu’il y a bigamie, & par conséquent irrégularité, quand même le premier mariage auroit été contracté avant le baptême, parce que le mariage n’est pas comme les péchés qui sont effacés par le baptême.

Il y a une troisième espèce de bigamie, qu’on appelle par ressemblance : elle est encourue par le mariage qu’un homme engagé dans les Ordres sacrés, ou qui a fait profession dans quelqu’Ordre religieux, contracte avec une fille : l’Evêque peut dispenser, au moins en certaines occasions, de l’irrégularité qu’elle produit. Ducasse.

Bigamie, se dit aussi dans les choses spirituelles. Quand on possède deux bénéfices incompatibles, de même nature, comme deux Evêchés, deux Cures, deux Chanoinies, sub eodem tecto, &c. on commet une bigamie spirituelle. Voyez la déclaration du Roi, du 12 de Février 1681, sur l’incompatibilité des bénéfices.

BIGARADE. s. f. Sorte d’orange d’un goût amer, qui a sur la peau plusieurs pointes & excroissances. Malum aureum. Un jus de bigarade. Dans la classe des oranges aigres, les bigarades sont les meilleures, les plus belles & les plus considérables. La Quint. T. des Or. c. 12.

La diversité de sa couleur & l’inégalité de sa figure, lui ont fait donner le nom de bigarade en Provence.

Bigarade. s. f. C’est aussi une espèce de poire grosse, plate, d’un gris jaunâtre, & qui a la chair cassante : elle se nomme autrement Tulipée, ou Vilaine d’Anjou. La Quint.

BIGARRAT. s. m. Pendant la ligue, tous ceux qui tenoient le parti du Roi, furent appelés Bigarrats. Bouché. Hist. de Prov. T. II, p. 704, & De Ruffi, Hist. de Mars. Liv. VIII, p. 371, & suivantes. Celui-ci écrit Bigarras.

BIGARREAU. s. m. Fruit rouge, blanc & doucereux, qui vient au temps des cerises, qui a la chair plus ferme, & de figure moins ronde que les cerises, & approchant de celle d## "BIGARRAT" ##un cœur ; qui ressemble à une guigne, & qui a été ainsi appelé, à cause qu’il est bigarré de rouge, de blanc, & de noir. Cerasa duracina. Le Bigarreau est un très-bon fruit en arbre de tige. La Quint.

Il y a aussi un Bigarreau qu’on appelle cœur. Voyez Cerise.

☞ BIGARREAUTIER. s. m. Espèce de cerisier, arbre qui produit les bigarreaux. Cerusus duracinus. Voy. Cerisier. La Quintinie écrit bigarrotier. Il donne aussi le nom de bigarreau au bigarreautier. Le bigarreau, dit-il, a son fruit ferme, croquant, longuet & carré, mais toujours fort doux & fort agréable. Le bois en est fort gros, assez badinant, & la feuille longuette. Cela est contre l’usage.

BIGARRER. v. a. Diversifier de couleurs tranchantes ou mal assorties. {(lang|la|Variegare, vario colore distinguere}}. Les masques, les bouffons portent des habits bigarrés. Les Sergens, en faisant leurs exploits, portoient autrefois des manteaux bigarrés, comme on voit dans la Farce de Patelin.

Bigarrer, au fig. On commence à vouloir dans les discours une pointe de poësie, non qu’il faille les bigarrer des rapsodies d’Accius & de Pacuvius, mais bien y faire transpirer l’esprit d’Horace, de Virgile, & de Lucain. Morabin, p. 79.