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BIS

par une mixtion de tartre blanc, de salpêtre & d’arsenic stratifié dans un creuset à feu nu. On fait la même chose du zinch, ou zain, en mettant du plomb au lieu d’étain, & un peu de calamine.

☞ Quand le Bismuth sert à former les caractères d’imprimerie, on le mêle avec de l’étain, pour rendre ces caractères plus durables. Oryct.

☞ BISNAGAR. Royaume des Indes. Voyez Narsigue.

Bisnagar. Ville. Voyez Chandegri.

BISNAGUE, ou VISNAGA. Voyez Gingidium.

BISNOW. s. m. Nom de Secte parmi les Banianes des Indes, qui sont la Caste des Marchands, dans laquelle il y a deux Sectes. Celle de Bisnow, & celle de Samarath. Ils reconnoissent un Dieu seul, qu’ils appellent Ram Ram. Ce nom pourroit venir de l’hébreu רם, Ram, & signifier par conséquent, haut haut, c’est-à-dire, en style de langues orientales, Très-haut. Ils ne donnent point de Lieutenans à ce Dieu, comme fait la secte de Samarath. Il fait tout par lui-même, c’est-à-dire, qu’ils ne reconnoissent qu’un seul Dieu. Ils lui donnent cependant une femme. Ils parent leurs idoles de chaînes d’or, de colliers de perles, & de pierreries. Ils chantent, dans leurs temples, des hymnes à l’honneur de ces idoles, & dansent au son des flageolets, des tambours, des bassins de cuivre, &c. Les femmes de la secte de Bisnow ne se brûlent point après la mort de leurs maris, comme celles de la secte de Samarath. Elles se contentent de ne se plus remarier. Peut-être que Bisnow est la même chose que le Dieu Visnou, dont nous avons parlé au mot Brama, & dont nous parlerons encore en son lieu.

BISOCHE. s. m. Bifœcus. Voyez Frérot.

BISOGNE. s. m. Nouveau soldat. Vieux mot. Le Roi d’Espagne, dit le sieur d’Aubray au Duc de Mayenne, envoya à votre père du secours ; mais tel que j’ai honte d’en parler : tous bisognes ramassés, qui jamais ne voulurent combattre a la bataille de Dreux, & se couvrirent des charriots de bagage… Sat. Men. T. I., p. 111.

Brantôme dit que de son temps, en France & en Espagne, on appeloit bisognes, ou Bisonnos, toutes les troupes qui n’avoient point servi dans les guerres de Piémont, & Vieïos, celles qui y avoient été employées. Cependant Bernardin de Mendosse, en ses Commentaires de la guerre des Pays-Bas, semble restreindre la qualité de Bisognes aux seuls nouveaux soldats Espagnols destinés à être mis dans les garnisons, à la place des vieilles troupes que les Espagnols en tiraient pour composer leurs armées : c’est là effectivement la propre signification du mot espagnol Bisonno, qui veut dire un soldat nouveau, de recrue, ou de nouvelle levée ; tels qu’étoient ceux qui se couvrirent du bagage à la bataille de Dreux. Mézerai dit aussi qu’on appeloit en France, en ce temps-là, bisognes, toutes les troupes nouvellement levées… Sat. Men. tome II, p. 272.

BISON. s. m. Bœuf sauvage des Indes. Il a la tête courte, le front large, les cornes crochues, pointues, noires & luisantes. Ses yeux sont grands, hagards, enflammés & affreux. Sa langue est si rude, qu’en léchant il enlève la peau, & fait sortir le sang. Son cou est chargé de quantité de crins longs, qui ont une odeur de mule. Cet animal habite dons les bois : il est féroce & fort dangereux. Sa fiente est résolutive, & ses cornes prises en poudre sont, dit-on, sudorifiques, & résistent au venin.

Bison, en termes de Blason, est la même chose que bufle. Bos ferus. Une tête de bison couronnée.

BISQUAIN. s. m. Peau de mouton garnie de sa laine, préparée & passée par les Mégissiers. C’est de ces peaux (qu’on nomme communément housses) dont les Bourreliers se servent pour faire des couvertures aux colliers des chevaux de tirage.

BISQUE. s. f. Potage exquis, fait de plusieurs Pigeons, poulets, béatilles, jus de mouton, & autres bons ingrédiens. Catinus jurulento pane, & exquisitis fartilibus refertus.

Ce mot, en ce sens, vient de bis cocta ; parce que la bisque, se faifant de plusieurs béatilles, il en faut faire plusieurs cuissons séparées & réitérées, avant que de lui donner la dernière perfection. Vive la France pour les ragoûts & pour les bisques. Main. Rien ne charme tant leur esprit que la bisque & la fricassée. Gomb.

Qu’est devenu ce teint dont la couleur fleurie
Sembloit d’ortolans seuls & de bisques nourrie ?

Boil

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On appelle demi-bisque, celle qui se fait à moindre frais, & où l’on ne met que la moitié des ingrédiens de la précédente.

On appelle bisque de poisson, celle qui se fait avec des hachis de carpe, leurs œufs & leurs laittes, & avec des écrevisses.

Bisque. Terme de jeu de paume, est un coup que l’on donne gagné au joueur qui est plus foible, pour égaler la partie par cet avantage, & qu’il prend quand il veut une fois en chaque partie. Quadrans pilarii quindenarii. ☞ Ainsi prendre bien sa bisque, c’est placer à propos cet avantage qui vaut quinze. C’est dans ce sens qu’on dit familièrement & figurément, prendre bien sa bisque ; pour dire, prendre bien son temps, profiter de son avantage, d’une occasion pour faire ce qu’on souhaite.

Quelques-uns, en ce sens dérivent ce mot de bis capit, parce que d’ordinaire on la prend après un avantage qu’on vient de gagner, & ainsi on prend deux coups en même temps.

On dit aussi dans ce sens demi-bisque, pour un semblable avantage qu’on ne prend qu’une fois en deux parties, ou en deux jeux.

On dit proverbialement à un homme sur qui on se vante d’avoir de l’avantage en quelque chose que ce soit, qu’on lui donneroit quinze & bisque. On dit aussi ☞ avoir bisque & quinze ; pour dire, avoir un grand avantage, de grands préjugés en sa faveur pour le succès d’une affaire.

BISSAC. s. m. Sac double & tout d’une pièce, qui a une ouverture par le milieu, & fermé par les deux bouts, en sorte qu’il forme un double sac. Pera, mantica, &c. Les bissacs se peuvent mettre à l’arçon de la selle. Les paysans portent sur l’épaule un bissac pour les nécessités de leur voyage. Il ne diffère de la besace, qu’en ce qu’il est plus petit, & est fait ordinainement de cuir. On dit d’un homme ruiné, qu’il est au bissac.

Ménage dérive ce met du latin bisaccium, qui se trouve dans Pétrone en la même signification. Nicot le dérive de bis, & de saccus, aussi-bien que besace ; c’est-à-dire, double sac, ou deux sacs s’entretenans ; & le P. Monet l’appelle sac à double fond. Les Bollandistes, Act. Sanct. Mart. T. II, p. 756, croient qu’il seroit peut-être mieux de le tirer d’un ancien mot françois, ou teutonique, & de dire que bissac signifie un sac à mettre le manger, ou bid-sac, saccus mendicatorius, sac propre à mandier ; car il n’y a, disent-ils, que les pauvres, ou ceux qui vivent d’aumône, qui se servent de bissac ; cependant la première étymologie paroît sans comparaison meilleure.

BISSE. s. f. Terme de Blason, qui signifie un serpent, qui est la même chose que guivre, givre, ou vivre. Anguis.

Ce mot vient de l’Italien biscia, signifiant la même chose. Quelques-uns disent que c’est à cause de son sifflement, qu’on lui a donné ce nom. D’autres croient qu’il peut venir du françois bis, qui signifie couleur cendrée & grise, comme on dit du blé bis, de la pâte bise, & pain bis-blanc ; parce que ces serpens sont cendrés ordinairement.

BISSE. Voyez Bysse.

☞ BISSECTION. s. f. Terme de Géométrie, synonyme à bipartition. Division d’une étendue en deux parties égales. Bipartitio.

BISSÊTRE. s. m. Malheur, accident causé par l’imprudence de quelqu’un. Calamitas. Si vous laissez entrer cet étourdi, il fera quelque bissêtre en la maison.

Ce terme est populaire, & est venu par corruption de bissexte, parce que les superstitieux ont cru que c’étoit une armée malheureuse. On ne s’en doit donc servir que