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BOR

Boquillon est dans Cotgrave, & Boscheron dans Furetière, au mot Bûcheron. Mais il n’y a que ce dernier qui soit aujourd’hui en usage.

☞ Dans les coupes des bois destinés pour les salines, il y a des ouvriers, que l’on appelle Boquillons.

BOR.

☞ BORACHERA. s. m. Arbre des Indes occidentales. On dit que du suc exprimé de ses feuilles, mêlé avec de l’eau, on fait une liqueur assez forte pour enivrer.

BORAMETS. s. m. Agnus Scyticus, frutex Tartaricus. Racine d’une espèce de fougère qu’on taille en manière de mouton, & dont les tiges servent de pieds. Duret, Scaliger, & plusieurs naturalistes ont repardé cette plante comme un zoophyte, c’est-à-dire, une plante-animale à laquelle on donne la figure d’un agneau, & qui vivoit des plantes voisines. Rien cependant n’est plus faux. La figure qu’en donnent plusieurs Auteurs est faite à plaisir : & il y a plusieurs fougères en Amérique dont on pourroit faire de pareils Boramets. Cette racine est ordinairement couverte d’un poil fin, soyeux, court, n’ayant pas plus d’un tiers de pouce de longueur. Ce poil est nommé Poco sempis. Il est astringent, & on s’en sert pour arrêter le sang dans des plaies récentes. On l’appelle encore Kinkia. On dit qu’il est en usage dans la Chine sous ce nom-là. Voyez le Commetaire de Moscovie du Baron Sigismond. Voyez Agneau de Scythie.

BORAX. s. m. Sel minéral qui se tire d’une pierre qu’on trouve aux Indes Orientales dans les terres nitreuses, & qu’on fait calciner, lessiver & cristalliser. On trouve le borax en Perse & en Transylvanie. On prétend que c’est la première préparation du borax que nous appelons naturel, qui est ordinairement en cubes alongés, verdâtres, un peu transparens. Ce borax est quelquefois enveloppé d’une matière grasse, d’une couleur jaune tirant sur le vert, d’une odeur rance. C’est ce qu’on nomme borax gras. On croit qu’à Venise & en Hollande, pour y préparer le borax que nous nommons artificiel, on ne fait que refondre & cristalliser de nouveau ces premiers cristaux de borax ; d’autres ont dit qu’il se faisoit avec l’urine des jeunes gens buvant du vin, battue dans un mortier de bronze, & sur laquelle on jetoit de la rouille d’airain, & quelquefois du nitre. Mais ce dernier sentiment n’est pas probable, puisque plusieurs personnes qui ont suivi cette manipulation, n’ont jamais pu venir à bout de faire aucun sel qui approchât du borax. On ne connoît point positivement la manière dont il se prépare, ni que quoi il est composé. Le borax factice, ou artificiel, ressemble à l’alun glacial ou alun de roche d’Angleterre : il est pareillement âpre au goût. Les Orfévres & les ouvriers qui travaillent sur les métaux, s’en servent non-seulement pour souder les métaux, mais encore pour avancer leur fonte. Quelques Modernes prétendent que le Crysocolla des Anciens & le Tinear des Arabes, n’étoient autre chose que notre borax. Le borax sert pour procurer la sortie du délivre retenu, pour faciliter l’écoulement des mois aux femmes ; mais il faut le donner avec prudence.

Après que le borax a été tiré de la terre, on le raffine à-peu-près comme les autres sels : il se condense en beaux morceaux blancs, nets, durs, transparens, secs : il se garde facilement sans l’humecter : il a d’abord un goût un peu amer, après quoi il devient douceâtre. On s’en sert pour souder quelques métaux, & principalement l’or, ce qui le fait appeler chrysocolla. Il est aussi quelquefois employé dans la Médecine, comme un remède incisif & apétitif. Acad. des S. 1703. Hist. p. 49. Le borax est si disposé à la vitrification, qu’il aide à celle de l’antimoine calciné, & des autres minéraux. Le verre du borax se dissout entièrement dans l’eau. Ib. p. 50.

Pline dit que le borax est une humeur qui se congèle l’hiver dans les mines & dans les caves, & que ce limon congelé est dur comme une pierre-ponce. Il s’en trouve dans les mines de plomb, de cuivre, d’or & d’argent. Dioscoride dit que le borax d’Arménie est le meilleur, & est vert comme un poireau. On appelle borax jaune le vert de terre qui est beaucoup plus dur que l’artificiel, qui se fait en jettant de l’eau sur les veines minérales tout le long de l’hiver jusqu’au mois de Juin ; auquel temps on détourne l’eau, & on laisse pendant deux mois sécher la mine, de sorte que le borax n’est autre chose qu’une mine pétrifiée. Le noir se trouve aux mines de plomb, le blanc aux mines d’argent, & le jaune aux mines d’or. Il se trouve encore du borax naturel en quelques endroits, & entre autres au fond d’un torrent dans les montagnes de Purbet, dans les terres de Radziaribron qui vont jusqu’aux confins de la Tartarie Blanche, & il croît en forme de corail. On le ramasse deux fois tous les ans sans autre préparation, comme il est écrit dans les Relations des Hollandois recueillies par Thévenit. Biringuccio écrit qu’il vient quantité de vrai borax d’Allemagne, & que c’est une pierre luisante, & de forme semblable au sucre candi, ou au sel gemme, quoique Pline dise qu’elle soit verte, & qu’elle sert non-seulement à souder l’or, mais aussi à hâter la fonte des métaux, & à peindre. Agricola dit qu’il y a du nitre fossile, dur & épais comme une pierre dont on fait le borax à Venise ; mais la vérité est, comme on l’a dit, qu’on ne sait ce que c’est que le borax artificiel. On dit borax sec ou rafiné, borax naturel, brute ou gras. Pline, Dioscoride, Agricola, Thévenot, dans son Recueil des Voyageurs Hollandois, en ont parlé.

Borax. C’est aussi une espèce de Béozard de Crapaud, c’est-à-dire, une sorte de pierre qui se trouve dans la tête du crapaud, à laquelle on attribue de grandes propriétés. Voyez Crapaudine.

BORBORIEN, ENNE. s. m. & f. Nom de secte. Borborianus. Quelques-uns disent Borborien, au lieu de Borborite, dont on va parler tout à l’heure. Aëtius s’attacha à disputer avec un de ceux que l’on nommoit Borboriens, & qui étoient les plus infâmes des Gnostiques. Aëtius fut entièrement vaincu, & en pensa mourir de chagrin. Fleury.

BORBORITE. s. m. Nom de Secte de Gnostiques dans le second siècle. Borboriani, ou Borboritæ. Ceux qui en étoient, ne se contentoient pas d’admettre seulement toutes les ordures de ces infames hérétiques : ils nioient outre cela le jugement dernier.

Le nom de Borborites vient du mot grec βόρϐορος, cænum, boue, ordure ; & ce nom a été donné à ces Hérétiques, non pas parce qu’ils commettoient les crimes les plus sales, mais parce qu’ils avoient coutume de se barbouiller le visage & le corps de boue & d’ordure. Cet usage étoit dans eux non-seulement une chose extravagante, mais aussi une impiété, parce qu’ils prétendoient par-là défigurer l’image de Dieu, qui est sujette à commettre tant de crimes, comme si les péchés des hommes ne venoient pas du déréglement de leur volonté. Voyez le Traité de Philastrius sur les Hérésies. Quelques-uns prétendent que dans les premiers siècles de l’Eglise, on a donné le nom de Borboriens ou Borborites, aux Nicolaïtes, aux Gnostiques, aux Barbelites, à cause des abominations qu’ils enseignoient, & qu’ils commettoient, & des infamies dont leurs cérémonies étoient pleines.

BORBORYGME, ou BORBORISME. s. m. Terme de Médecine, qui vient du grec βορϐορίζειν, avoir l’odeur de la bourbe, sentir le bourbier. Borborygme est dont ce qui sent la bourbe, ce qui a l’odeur d’un bourbier. Borborygmus. Mais en Médecine il signifie plus particulièrement un vent qui sort des gros intestins avec le son que feroit une liqueur. C’est, dit Jean Gorrée, Médecin de Paris, dans ses Définitiones Medicæ, flatus ab intestinis crassis erumpens cum sonitu quodam humoris. Et il est, ajoute-t-il, différent d’un vent sec, qui se nomme βόμϐος. Ces douleurs commençoient ordinairement vers l’os des iles du côté droit, & s’étendoient en passant sur l’estomac jusqu’au côté gauche : elles étoient accompagnées de tranchées, de borborigmes, de gonflement dans tout le bas-ventre. Demours. Acad. d’Ed. T. I, p. 357. Galien dans ses Comment. Aphor. 73, l. 4, définit le borborygme en cette sorte : Sonitus spiritûs, qui nec magnus sit, nec multus, sed cum modicâ quâdam humiditate deorsum descendens.