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V
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LOU

mère de François I. fut Louise de Savoye, qui épousa Charles, comte d’Angoulême en 1488. Elle fut régente du Royaume pendant que François I. fut en Italie, & mourut peut de temps après sa prise en 1531. Voyez le père Daniel, Histoire de France, T. III. p. 9,110,123,181. & suiv.. Henri III. épousa Mademoiselle Louise de Vaudemont, qui fut une très-vertueuse Princesse. Louise de Marillac, Religieuse de Poissy, a fait une paraphrase sur les Pseaumes Pénitentiaux. On a dit autrefois Eloïse pour Louise, & c’est la même chose. On isoit autrefois Loyse, comme font Du Tillet & d’autres Anciens.

Ce nom vient de celui de Louis, en ajoutant un e à la fin.

Louise-Bonne. s. f. Nom d’une espèce de poires. La Louise-bonne est d’une figure assez approchante de celle de la Saint Germain, & même de la Verte longue d’automne, sinon qu’elle n’est pas tout-à-fait si pointue : on en voit de beaucoup plus grosses & plus longues les unes que les autres ; les plus petites sont les meilleures ; la queue en est fort courte, un peu charnue & penchée, l’œil petit & à fleur, la peau fort douce et fort unie, le coloris verdâtre, tiqueté & devenant blanchâtre en mûrissant ; ce qui n’arrive point aux grosses. La première marque de sa maturité est cette blancheur : mais il faut encore qu’en lui appuyant le pouce auprès de l’œil, on le sente un peu enfoncer. Son mérite consiste en ce qu’elle est merveilleusement féconde, & qu’elle fournit près de deux mois, Novembre & Décembre ; que sa chair est extrêmement tendre, pleine d’une eau assez douce, & un peu relevée. Les fonds humides rendent cette poire fort grosse ; mais en même temps fort mauvaise, ayant un goût de vert & de sauvage, & une manière de chair particulière, qu’on ne sauroit définir, qu’en disant qu’elle est à peu près comme de l’huile figée : cette chair ne fait point de corps, ses parties ne tenant pas plus l’une avec l’autre que des grains de miel, ou de sable mouillé ; mais en revanche le plein air lui est très favorable, & le seroit bien davantage, si elle tenoit à la queue un peu plus qu’elle ne tient. La Quint. T. I. p. 312,313. La Louise-bonne, comme toutes les poires d’hyver qui sont bonnes à manger crues, est admirable cuite, pourvû qu’on la mette au feu avant qu’elle soit arrivée en maturité, autrement la cuisson la réduit en bouillie. La Quint.

LOUISETTE, subst. f. Nom propre de fille, diminutif de Louise. Ludovica. C’est un nom qui ne se dit que dans le peuple, qui appelle quelquefois Louisette une petite fille qui aura été nommée Louise au baptême ; Louison est plus ordinaire. On dit aussi plus communément Lisette pour Louise.

LOUISIANE, s. f. Nom d’une grande contrée de l’Amérique. Ludovisiana. La Louisiane est au sud-ouest de la nouvelle France, & s’étend jusqu’au golfe du Méxique, vers l’embouchure du fleuve Mississipi. On la nomme souvent Mississipi du nom de ce fleuve. Elle a les Apalacites & la Virginie au levant, le nouveau Méxique au couchant. Elle a été nommée Louisiane, en l’honneur de Louis le Grand, sous le règne duquel elle fut découverte l’an 1678. par le sieur Robert Cavelier de la Sale, Gouverneur du Fort de Frontenai. Le sieur d’Iberville y a fait depuis un établissement au midi, & bâti un fort vers l’embouchure du Mississipi. C’est depuis ce temps là surtout qu’on l’a nommée Mississipi. La Louisiane est un pays fort gras, & abondant en toutes sortes de choses.

LOUISIEN, enne, adj. Ludovicianus, a, um. On prétend que l’on dit le Code Louisien & la Période Louisienne. Je n’ai jamais trouvé en aucun Auteur, dont je me souvienne, ces mots ; on dit bien le Code Louis, pour signifier le Code des Loix faites par Louis le Grand ; mais le Code Louisien n’est pas d’usage. Pour la Période Louisienne, on ignore ce que c’est. Louisien est le nom d’une ancienne monnoie.

LOUISON, s. m. Ludovicus. Nom propre, diminutif de Louis. Ludovicus. Petit Louis. Louison est devenu grand en peu de temps. Il ne se donne qu’aux petits garçons, & parmi les gens du peuple. Ce nom se dit aussi des filles, & alors il est du genre féminin.


C’est le diminutif de Louise, qui ne se dit que des filles du peuple. Dans le Malade imaginaire la seconde des filles d’Argon, encore petite & jeune, se nomme Louison. Ah ? ma pauvre fille, ma pauvre petite Louison ! Molière.

LOULE, s. f. Petite ville de Portugal, dans la Province d’Algarve, au nord-ouest de Taro, sur la côte méridionale.

LOUMAZE, s. f. Nom propre de femme. Voyez Néomaie.

LOUNG, s. m. Drogue pour peindre en jaune, dont on se sert dans la Chine, à Camboya, & en plusieurs autres lieux des Indes Orientales. Elle se trouve dans les Royaumes de Camboya & de Siam.

LOUNIGUIN, s. m. Terme de Relation. 1°. Portage d’un canot d’une riviére à une autre, ou d’un endroit de la riviére que l’on ne peut passer à un autre endroit au-dessus ou au-dessous. 2°. Chemin d’une riviére à une autre ; espace de terre qui fait la distance d’une riviére à une autre, & pendant lequel il faut porter le canot pour passer de l’une sur l’autre. Cymbulae gestatio, spatium terrae ab uno flumine ad aliud, quò cymba humeris ferenda est. De la riviére de S. Jean à d’autres riviéres qui conduisent dans le fleuve S. Laurent & à d’autres riviéres, il y a à chaque traverse deux ou trois portages de canots, au travers des bois, où l’on trouve des chemins qui vont d’une riviére à l’autre, que les Sauvages appellent Louniguins ; les autres portages sont des endroits dans les riviéres où la navigation est empêchée par les sauts ou chûtes d’eau, causées par des rochers qui les retiennent & en retrécissent le passage, ce qui rend le courant si rapide, & fait que l’eau tombe de si haut, que l’on est obligé de porter les canots sur les épaules, ou sur la tête, jusqu’au lieu où le cours de la riviére est uni. Le plus souvent ces portages sont de cinq à six lieues, quelquefois jusqu’à dix, ce qui est rate, dont les Sauvages entreprennent volontiers le trajet, par la facilité qu’ils ont de porter leurs canots, qui sont très-légers. Denys.

LOUP. s. m. Louve. s. f. Animal farouche demeurant dans les bois, l’ennemi le plus dangereux du bétail, parce que c’est le plus goulu, le plus carnassier, & le plus fin des animaux, Lupus, Lupa. Il ressemble à un grand chien. Il a un odorat exquis. C’est une espèce de chien sauvage qui a une tête quarrée, & dont les côtes sont posées selon la longueur de son corps, ou paralleles à l’épine du dos. Aller en quête pour le Loup. Saln. Détourner un loup. Id. Forcer un loup. Abl. Lancer un loup. Chasser le loup. Saln.

Vit-on les loups brigands, comme nous inhumains,
Pour détrousser les loups, courir les grands chemins ?

Boileau

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On appelle cheaux, plus communément louveteaux, les petits de la louve ; & on dit, ligner la louve, pour dire, la couvrir. Le loup ne porte rien à ses cheaux qu’il ne soit saoul, & même il ôte la prébende à sa louve & à ses cheaux. La louve fait le contraire. On dit que la saoulée du loup dure huit jours.

Les Egyptiens avoient en vénération cet animal, parce qu’ils croyoient qu’Osiris s’étoit souvent déguisé en loup. C’est que ce Prince portoit pour habillement de guerre une peau de loup. Le loup étoit même adoré à Lycopolis, qui signifie la Ville du loup. Cet animal étoit consacré à Apollon.

Lactance, Instit. Christ. L. I. c. 10. dit, que les Romains rendirent des honneurs divins à la louve, parce qu’une louve avoit sauvé Remus & Romulus en les alaitant, quand ils furent exposés. Arnobe, L. IV. adv. Gentes, dit que de cette louve, ils firent la déesse Luperca. Voyez encore sur cela Properce, Eleg. IV. L. IV. v. 55. Ovide, Fast. L. II. v. 413,415. Tite-Live, L. I. c. 4. & Plutarque dans la vie de Romulus. C’est que leur nourrice s’appelloit Lupa, qui signifioit louve.

Loup & Louve, sur les médailles signifient ou l’ori-