Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, I.djvu/214

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risée par les lois, ils n’épargnent aucun moyen, ne laissent échapper aucune occasion d’exciter des révoltes ; gens sans égard pour la vraie piété, et sans respect pour nos constitutions… Toutefois nous n’entendons pas qu’on les traîne au pied de nos autels, et qu’on leur fasse violence… Quant au menu peuple, il paraît que ce sont ses chefs qui fomentent en lui l’esprit de sédition ; furieux qu’ils sont des bornes que nous avons mises à leurs pouvoirs ; car nous les avons bannis de nos tribunaux, et ils n’ont plus la commodité de disposer des testaments, de supplanter les héritiers légitimes, et de s’emparer des successions… C’est pourquoi nous défendons à ce peuple de s’assembler en tumulte, et de cabaler chez ses prêtres séditieux… Que cet édit fasse la sûreté de nos magistrats que les mutins ont insultés plus d’une fois, et mis en danger d’être lapidés… Qu’ils se rendent paisiblement chez leurs chefs, qu’ils y prient, qu’ils s’y instruisent, et qu’ils y satisfassent au culte qu’ils en ont reçu ; nous le leur permettons : mais qu’ils renoncent à tout dessein factieux… Si ces assemblées sont pour eux une occasion de révolte, ce sera à leurs risques et fortunes ; je les en avertis… Peuples incrédules, vivez en paix… Et vous qui êtes demeurés fidèles à la religion de votre pays et aux dieux de vos pères, ne persécutez point des voisins, des concitoyens, dont l’ignorance est encore plus à plaindre que la méchanceté n’est à blâmer… C’est par la raison et non par la violence qu’il faut ramener les hommes à la vérité. Nous vous enjoignons donc à vous tous, nos fidèles sujets, de laisser en repos les Galiléens. »

Tels étaient les sentiments de ce prince, à qui l’on peut reprocher le paganisme, mais non l’apostasie : il passa les premières années de sa vie sous différents maîtres, et dans différentes écoles ; et fit, dans un âge plus avancé, un choix infortuné : il se décida malheureusement pour le culte de ses aïeux, et les dieux de son pays.

XLIV.

Une chose qui m’étonne, c’est que les ouvrages de ce savant empereur soient parvenus jusqu’à nous. Ils contiennent des traits qui ne nuisent point à la vérité du christianisme, mais