Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/37

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une espèce d’œuf, au centre duquel on trouverait un fœtus bizarre dans son organisation, comme il l’a été dans sa production, oblitéré, contraint, étouffé, et que cet œuf se nourrirait jusqu’à ce que sa pesanteur achevât de détacher la petite partie de sa surface qui resterait adhérente, qu’il tombât isolé dans la matrice, et qu’il en fût expulsé par une sorte de ponte, comme l’œuf de la poule, avec lequel il a quelque analogie, du moins par sa forme[1]. Si ces conjectures se vérifiaient dans une môle, et qu’il fût cependant démontré que cette môle s’est engendrée dans la femme sans aucune approche de l’homme, il s’ensuivrait évidemment que le fœtus est tout formé dans la femme, et que l’action de l’homme ne concourt qu’au développement.


XXXIII.


secondes conjectures.


Supposé que la terre ait un noyau solide de verre[2], ainsi qu’un de nos plus grands philosophes le prétend, et que ce noyau soit revêtu de poussière, on peut assurer qu’en conséquence des lois de la force centrifuge, qui tend à approcher les corps libres de l’équateur, et à donner à la terre la forme d’un sphéroïde aplati, les couches de cette poussière doivent être moins épaisses aux pôles que sous aucun autre parallèle ; que peut-être le noyau est à nu aux deux extrémités de l’axe, et que c’est à cette particularité qu’il faut attribuer la direction de l’aiguille aimantée et les aurores boréales qui ne sont probablement que des courants de matière électrique[3].

Il y a grande apparence que le magnétisme et l’électricité dépendent des mêmes causes. Pourquoi ne seraient-ce pas des effets du mouvement de rotation du globe et de l’énergie des

  1. C’est en effet de cette façon que s’explique aujourd’hui la formation des môles, qui sont les restes des enveloppes du germe anormalement développées après la mort, et souvent la résorption de tout ou partie, d’un embryon ou même d’un fœtus. Quant aux môles créées sans fécondation antérieure, ce ne sont que des caillots de sang ou des polypes : de fausses môles.
  2. C’est-à-dire de matière en fusion en partie consolidée ou vitrifiée, suivant le langage d’alors. C’est la théorie de Buffon.
  3. Pour la dernière partie de cette conjecture au moins, l’explication de Diderot est non plus probable, mais certaine.