Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/38

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matières dont il est composé, combinée avec l’action de la lune ? Le flux et reflux, les courants, les vents, la lumière, le mouvement des particules libres du globe, peut-être même celui de toute sa croûte entière sur son noyau, etc., opèrent d’une infinité de manières un frottement continuel ; l’effet des causes, qui agissent sensiblement et sans cesse, forme à la suite des siècles un produit considérable ; le noyau du globe est une masse de verre ; sa surface n’est couverte que de détriments de verre, de sables, et de matières vitrifiables ; le verre est, de toutes les substances, celle qui donne le plus d’électricité par le frottement : pourquoi la masse totale de l’électricité terrestre ne serait-elle pas le résultat de tous les frottements opérés, soit à la surface de la terre, soit à celle de son noyau ? Mais de cette cause générale, il est à présumer qu’on déduira, par quelques tentatives, une cause particulière qui constituera entre deux grands phénomènes, je veux dire la position de l’aurore boréale et la direction de l’aiguille aimantée, une liaison semblable à celle dont on a constaté l’existence entre le magnétisme et l’électricité, en aimantant des aiguilles sans aimant, et par le moyen seul de l’électricité. On peut avouer ou contredire ces notions, parce qu’elles n’ont encore de réalité que dans mon entendement. C’est aux expériences à leur donner plus de solidité, et c’est au physicien à en imaginer qui séparent les phénomènes, ou qui achèvent de les identifier.


XXXIV.


troisièmes conjectures.


La matière électrique répand, dans les lieux où l’on électrise, une odeur sulfureuse sensible ; sur cette qualité, les chimistes n’étaient-ils pas autorisés à s’en emparer ? Pourquoi n’ont-ils pas essayé, par tous les moyens qu’ils ont en main, des fluides chargés de la plus grande quantité possible de matière électrique ? On ne sait seulement pas encore si l’eau électrisée dissout plus ou mains promptement le sucre que l’eau simple. Le feu de nos fourneaux augmente considérablement le poids de certaines matières, telles que le plomb calciné ; si le feu de l’électricité, constamment appliqué sur ce métal en calcination,