Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/47

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fer. On l’appelle trempe en paquet. Pour tremper en paquet, ou prend de la suie la plus dure, on la pile, on la délaie avec de l’urine, on y ajoute de l’ail broyé, de la savate déchiquetée et du sel commun ; on a une boîte de fer ; on en couvre le fond d’un lit de ce mélange ; on place sur ce lit un lit de différentes pièces d’ouvrages en fer ; sur ce lit, un lit de mélange ; et ainsi de suite, jusqu’à ce que la boîte soit pleine ; on la ferme de son couvercle ; on l’enduit exactement à l’extérieur d’un mélange de terre grasse bien battue, de bourre et de fiente de cheval ; on la place au centre d’un tas de charbon proportionné à son volume ; on allume le charbon ; on laisse aller le feu, on l’entretient seulement ; on a un vaisseau plein d’eau fraîche ; trois ou quatre heures après qu’on a mis la boîte au feu, on l’en tire ; on l’ouvre ; on fait tomber les pièces qu’elle renferme dans l’eau fraîche, qu’on remue à mesure que les pièces tombent. Ces pièces sont trempées en paquet ; et si l’on en casse quelques-unes, on en trouvera la surface convertie en un acier très-dur et d’un grain très-fin, à une petite profondeur. Cette surface en prend un poli plus éclatant et en garde mieux les formes qu’on lui a données à la lime. N’est-il pas à présumer que, si l’on exposait, stratum super stratum, à l’action du feu et des matières employées dans la trempe en paquet, du fer bien choisi, bien travaillé, réduit en feuilles minces, telles que celles de la tôle, ou en verges très-menues, et précipité au sortir du fourneau d’aciérage dans un courant d’eaux propres à cette opération, il se convertirait en acier ? si, surtout, on confiait le soin des premières expériences à des hommes qui, accoutumés depuis longtemps à employer le fer, à connaître ses qualités et à remédier à ses défauts, ne manqueraient pas de simplifier les manœuvres et de trouver des matières plus propres à l’opération.


XXXIX.


Ce qu’on montre de physique expérimentale dans des leçons publiques, suffit-il pour procurer cette espèce de délire philosophique ? je n’en crois rien. Nos faiseurs de cours d’expériences ressemblent un peu à celui qui penserait avoir donné un grand repas parce qu’il aurait eu beaucoup de monde à sa table. Il faudrait donc s’attacher principalement à irriter l’appétit, afin que