Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le père de famille.

Je vous sais gré de cette attention ; mais je crains que vous n’en soyez indisposée. Allez vous reposer.

Cécile.

Mon père, il est tard. Si vous me permettiez de prendre à votre santé l’intérêt que vous avez la bonté de prendre à la mienne…

Le père de famille.

Je veux rester, il faut que je lui parle.

Cécile.

Mon frère n’est plus un enfant.

Le père de famille.

Et qui sait tout le mal qu’a pu apporter une nuit ?

Cécile.

Mon père…

Le père de famille.

Je l’attendrai. Il me verra. (En appuyant tendrement ses mains sur les bras de sa fille.) Allez, ma fille, allez. Je sais que vous m’aimez. (Cécile sort. Germeuil se dispose à la suivre ; mais le Père de famille le retient, et lui dit :) Germeuil, demeurez.



Scène V[1]


LE PÈRE DE FAMILLE, GERMEUIL.
Le père de famille, comme s’il était seul, et en regardant aller Cécile.

Son caractère a tout à fait changé. Elle n’a plus sa gaieté, sa vivacité… Ses charmes s’effacent… Elle souffre… Hélas ! depuis que j’ai perdu ma femme et que le Commandeur s’est établi chez moi, le bonheur s’en est éloigné !… Quel prix il met à la fortune qu’il fait attendre à mes enfants !… Ses vues ambitieuses, et l’autorité qu’il a prise dans ma maison, me deviennent de jour en jour plus importunes… Nous vivions dans

  1. La marche de cette scène est lente.