Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/213

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s’animait, elle avait plus de gaieté. J’ai cru deviner qu’elle m’attendait. Souvent elle m’a plaint d’un travail qui prenait toute ma journée, et je ne doute pas qu’elle n’ait prolongé le sien dans la nuit, pour m’arrêter plus longtemps.

Le père de famille.

Vous m’avez tout dit ?

Saint-Albin.

Tout.

Le père de famille, après une pause.

Allez vous reposer… je la verrai.

Saint-Albin.

Vous la verrez ? Ah, mon père ! vous la verrez !… Mais songez que le temps presse…

Le père de famille.

Allez, et rougissez de n’être pas plus occupé des alarmes que votre conduite m’a données, et peut me donner encore.

Saint-Albin.

Mon père, vous n’en aurez plus.



Scène VIII


LE PÈRE DE FAMILLE, seul.

De l’honnêteté, des vertus, de l’indigence, de la jeunesse, des charmes, tout ce qui enchaîne les âmes bien nées !… À peine délivré d’une inquiétude, je retombe dans une autre… Quel sort !… mais peut-être m’alarmé-je encore trop tôt… Un jeune homme passionné, violent, s’exagère à lui-même, aux autres… Il faut voir… il faut appeler ici cette fille, l’entendre, lui parler… Si elle est telle qu’il me la dépeint, je pourrai l’intéresser, l’obliger… que sais-je ?…