Bien pauvre. Avec cela, il n’en est point au monde dont j’aimasse mieux être la fille.
Je vous loue de ce sentiment ; vous paraissez bien née… Et qu’était votre père ?
Mon père fut un homme de bien. Il n’entendit jamais le malheureux sans en avoir pitié ; il n’abandonna pas ses amis dans la peine ; et il devint pauvre. Il eut beaucoup d’enfants de ma mère ; nous demeurâmes tous sans ressource à sa mort… J’étais bien jeune alors… Je me souviens à peine de l’avoir vu… Ma mère fut obligée de me prendre entre ses bras, et de m’élever à la hauteur de son lit pour l’embrasser et recevoir sa bénédiction… Je pleurais. Hélas ! je ne sentais pas tout ce que je perdais !
Elle me touche… Et qu’est-ce qui vous a fait quitter la maison de vos parents, et votre pays ?
Je suis venue ici, avec un de mes frères, implorer l’assistance d’un parent qui a été bien dur envers nous. Il m’avait vue autrefois, en province ; il paraissait avoir pris de l’affection pour moi, et ma mère avait espéré qu’il s’en ressouviendrait. Mais il a fermé sa porte à mon frère, et il m’a fait dire de n’en pas approcher.
Qu’est devenu votre frère ?
Il s’est mis au service du roi. Et moi je suis restée avec la personne que vous voyez, et qui a la bonté de me regarder comme son enfant.
Elle ne paraît pas fort aisée.
Elle partage avec moi ce qu’elle a.
Et vous n’avez plus entendu parler de ce parent ?