Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/227

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Sophie.

Pardonnez-moi, monsieur ; j’en ai reçu quelques secours. Mais de quoi cela sert-il à ma mère !

Le Père de famille.

Votre mère vous a donc oubliée ?

Sophie.

Ma mère avait fait un dernier effort pour nous envoyer à Paris. Hélas ! elle attendait de ce voyage un succès plus heureux. Sans cela aurait-elle pu se résoudre à m’éloigner d’elle ? Depuis, elle n’a plus su comment me faire revenir. Elle me mande cependant qu’on doit me reprendre, et me ramener dans peu. Il faut que quelqu’un s’en soit chargé par pitié. Oh ! nous sommes bien à plaindre !

Le Père de famille.

Et vous ne connaîtriez ici personne qui pût vous secourir ?

Sophie.

Personne.

Le Père de famille.

Et vous travaillez pour vivre ?

Sophie.

Oui, monsieur.

Le Père de famille.

Et vous vivez seules ?

Sophie.

Seules.

Le Père de famille.

Mais qu’est-ce qu’un jeune homme dont on m’a parlé, qui s’appelle Sergi, et qui demeure à côté de vous ?

Madame Hébert, avec vivacité, et quittant son travail.

Ah ! monsieur, c’est le garçon le plus honnête !

Sophie.

C’est un malheureux qui gagne son pain comme nous, et qui a uni sa misère à la nôtre.

Le Père de famille.

Est-ce là tout ce que vous en savez ?

Sophie.

Oui, monsieur.