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Le Père de famille.

Éloignez-vous de moi, enfant ingrat et dénaturé. Je vous donne ma malédiction : allez loin de moi. (Le fils s’en va ; mais à peine a-t-il fait quelques pas, que son père court après lui, et lui dit :) Où vas-tu, malheureux ?

Saint-Albin.

Mon père !

Le Père de famille, se jette dans un fauteuil, et son fils se met à ses genoux.

Moi, votre père ? vous, mon fils ? Je ne vous suis plus rien ; je ne vous ai jamais rien été. Vous empoisonnez ma vie, vous souhaitez ma mort ; eh ! pourquoi a-t-elle été si longtemps différée ? Que ne suis-je à côté de ta mère ! Elle n’est plus, et mes jours malheureux ont été prolongés.

Saint-Albin.

Mon père !

Le Père de famille.

Éloignez-vous, cachez-moi vos larmes ; vous déchirez mon cœur, et je ne puis vous en chasser.



Scène VII


LE PÈRE DE FAMILLE, SAINT-ALBIN, LE COMMANDEUR.
(Le Commandeur entre. Saint-Albin, qui était aux genoux de son père, se lève, et le Père de famille reste dans son fauteuil, la tête penchée sur ses mains, comme un homme désolé.)


Le Commandeur, en le montrant à Saint-Albin, qui se promène sans écouter.

Tiens, regarde. Vois dans quel état tu le mets. Je lui avais prédit que tu le ferais mourir de douleur, et tu vérifies ma prédiction. (Pendant que le Commandeur parle, le Père de famille se lève et s’en va. Saint-Albin se dispose à le suivre.)

Le Père de famille, en se retournant vers son fils.

Où allez-vous ? Écoutez votre oncle ; je vous l’ordonne.