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vraie mine de cuivre, dont on tire ce métal avec succès dans les fonderies du voisinage ; on a même trouvé que ce cuivre contenoit une portion d’argent.

On remarque que presque tous les poissons dont les empreintes sont marquées sur ces pierres, sont recourbés, ce qui a fait croire à quelques auteurs que non-seulement ils avoient été ensevelis par quelque révolution de la terre, mais encore qu’ils avoient souffert une cuisson de la part des feux souterreins. (—)

MANOA & DORADO, (Géog.) ville imaginaire, qu’on a supposé exister dans l’Amérique, sous l’équateur, au bord du lac de Parime. On a prétendu que les Péruviens échappés au fer de leurs conquérans, se réfugierent sous l’équateur, y bâtirent le Manoa, & y porterent les richesses immenses qu’ils avoient sauvées.

Les Espagnols ont fait des efforts dès 1570, & des dépenses incroyables, pour trouver une ville qui avoit couvert ses toits & ses murailles de lames & de lingots d’or. Cette chimere fondée sur la soif des richesses, a coûté la vie à je ne sais combien de milliers d’hommes, en particulier à Walther Rawleigh, navigateur à jamais célebre, & l’un des plus beaux esprits d’Angleterre, dont la tragique histoire n’est ignorée de personne.

On peut lire dans les Mémoires de l’académie des Sciences, année 1745, la conjecture de M. de la Condamine, sur l’origine du roman de la Manoa dorée. Mais enfin cette ville fictive a disparu de toûtes les anciennes cartes, où des géographes trop crédules l’avoient fait figurer autrefois, avec le lac qui rouloit sans cesse des sables de l’or le plus pur. (D. J.)

MANOBA, ou plûtôt MŒNOBA, & par Strabon, en grec Μαίνοϐα, (Géog. anc.) ancienne ville d’Espagne, dans la Bétique, avec une riviere de même nom. Cette riviere s’appelle présentement Rio-Frio, & la ville Torrès, au royaume de Grenade. (D. J.)

MANOBI, s. m. (Botan exot.) fruit des Indes occidentales, improprement appellé pistache par les habitans des îles françoises de l’Amérique. Ces fruits sont tous suspendus aux tiges de la plante nommée arachidua, quadrifolia, villosa, flore luteo, Plum. 49. arachic noides americana, Mém. de l’académie des Sciences, 1723.

La racine de cette plante est blanche, droite & longue de plus d’un pié, piquant en fond. Elle pousse plusieurs tiges de huit à dix pouces de long, tout-à-fait couchées sur terre, rougeâtres, velues, quarrées, noueuses, & divisées en quelques branches naturelles.

Les feuilles dont elles sont garnies sont larges d’un pouce, longues d’un pouce & demi, de forme presque ovale, opposées deux à deux, attachées sans pédicule à des queues.

Les fleurs sortent des aiselles des queues ; elles sont légumineuses, d’un jaune rougeâtre, & soutenues par un pédicule. L’étendard ou feuille supérieure a sept ou huit lignes de largeur ; mais ses aîles ou feuilles latérales n’ont qu’une ligne de large ; il y a entre deux une petite ouverture par où l’on découvre la base de la fleur, appellée ordinairement carina. Elle est composée de deux feuilles, entre lesquelles est placé le pistil qui sort du fond du calice, lequel est formé en une espece de cornet dentelé.

Ce pistil, lorsque les fleurs commencent à passer, se fiche dans la terre, & y devient un fruit long & oblong, blanc-sale, tirant quelquefois sur le rougeâtre. Ce fruit est une espece de gousse membraneuse, sillonnée en sa longueur, garnie entre les sillons de plusieurs petites lignes tantôt transversales, tantôt

obliques, suspendu dans la terre par une petite queue de sept à huit lignes de long. La longueur de ces gousses varie souvent ; il y en a d’un pouce & demi de long, & d’autres de huit à neuf lignes. Leur grosseur est assez irréguliere, les deux extrémités étant communément renflées, & le milieu comme creusé en gouttiere. Le bout par où elles sont attachées à la queue, est ordinairement plus gros que le bout opposé, qui se termine souvent en une espece de pointe émoussée & relevée en façon de bec crochu.

Chaque gousse est composée de deux cosses dont les cavités qui sont inégales & garnies en-dedans d’une petite pellicule blanche, luisante & très-déliée, renferment un ou deux noyaux ronds & oblongs, divisés en deux parties, & couverts d’une petite peau rougeâtre, semblable à-peu-près à celle qui couvre les amandes ou avelines, qui noircit quand le fruit vieillit ou devient sec.

Ces noyaux, lorsque la gousse n’en renferme qu’un seul, sont assez réguliers, & ne ressemblent pas mal aux noyaux du gland ; mais lorsqu’il y en a deux, ils sont échancrés obliquement, l’un à la tête, l’autre à la queue, aux endroits par où ils se touchent. La substance de ces noyaux est blanche & oléagineuse, & le goût en est fade & insipide, tirant sur le sauvage, ayant quelque rapport avec le gout des pois chiches verts.

J’ai donné la description du manobi d’après M. Nissole, parce que celle du P. Labat est pleine d’erreurs & de contes. Voyez les Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1723, où vous trouverez aussi la figure exacte de cette plante. (D. J.)

MANŒUVRE, s. m. (Architect.) dans un bâtiment, est un homme qui sert au compagnon mâçon, pour lui gâcher le plâtre, nettoyer les régles & calibres, à apporter sur son échaffaut les moëllons & autres choses nécessaires pour bâtir.

Manœuvre, terme dont on se-sert dans l’art de bâtir pour signifier le mouvement libre & aisé des ouvriers, des machines, dans un endroit serré ou étroit pour y pouvoir travailler.

Manœuvre, (Peinture) se dit d’un tableau qui est bien empâté, où les couleurs sont bien fondues, hardiment & facilement touché ; on dit la manœuvre de ce tableau est belle.

Manœuvre se dit encore, lorsqu’on reconnoît dans un tableau que le peintre a préparé les choses dans son tableau différemment de ce qu’elles sont restées ; c’est-à-dire, qu’il a mis du verd, du rouge, du bleu en certaines places, & qu’on n’apperçoit plus qu’un reste de chacune de ces couleurs, au travers de celles qu’il a mise ou frottée dessus. On dit, le peintre a une singuliere manœuvre.

Manœuvre & Manœuvres, (Marine) ces termes ont dans la marine des significations très-étendues, & fort différentes.

1°. On entend par la manœuvre, l’art de conduire un vaisseau, de régler ses mouvemens, & de lui faire faire toutes les évolutions nécessaires, soit pour la route, soit pour le combat.

2°. On donne le nom général de manœuvres à tous les cordages qui servent à gouverner & faire agir les vergues & les voiles d’un vaisseau, à tenir les mâts, &c.

Manœuvre ; art de soumettre le mouvement des vaisseaux à des lois, pour les diriger le plus avantageusement qu’il est possible ; toute la théorie de cet art, consiste dans la solution des six problèmes suivans. 1°. Trouver l’angle de la voile & de la quille ; 2°. déterminer la derive du vaisseau, quelque grand que soit l’angle de la voile avec la quille ; 3°. mesurer avec facilité cet angle de la derive ; 4°. trouver l’angle le plus avantageux de la voile