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Quoique tous les oiseaux aient des aîles, il y en a qui ne peuvent pas voler ; tels sont l’autruche, l’émeu, le pingouin : au-moins l’autruche étend ses aîles & les agite pour accélérer sa course ; mais celles de l’émeu sont si petites qu’il ne paroît pas qu’il puisse s’en servir. Les aîles des insectes, des chauves-souris, &c. different de celles des oiseaux, principalement en ce qu’elles ne sont pas couvertes de plumes. Il y a des hirondelles qui ont les pattes si courtes & si foibles, & les aîles si grandes que ces oiseaux ont bien de la peine à prendre leur essor lorsqu’ils se trouvent posés à plate terre. On est bien convaincu à présent que tous les oiseaux ont des pattes, même les oiseaux de paradis ; elles avoient été coupées à tous ceux que l’on a apportés dans ce pays-ci destitués de ces parties. La plûpart des oiseaux ont à chaque pié quatre doigts, trois en avant & un en arriere : il y en a quelques-uns qui n’ont que trois doigts, tous trois en avant, tels sont l’émeu, l’outarde, la pie de mer, le pluvier verd, le pingouin, &c.

Il n’y a que l’autruche qui n’ait que deux doigts à chaque pié : aucun des oiseaux connus n’a plus de quatre doigts, à-moins que l’on ne prenne l’éperon du coq pour un doigt. Dans la plûpart des oiseaux qui en ont quatre, deux sont dirigés en avant & les deux autres en arriere, comme dans le coucou, les perroquets, les pies. Dans quelques-uns des oiseaux qui ont quatre doigts, il y en a deux de dirigés en avant, un seul en arriere, le quatrieme peut s’écarter & se porter en dehors, au point de former un angle presque droit avec le doigt du milieu, on en voit un exemple dans le balbuzard. Les oiseaux qui n’ont point de doigt en arriere ne se trouvent jamais sur les arbres.

Il y a dans le croupion des oiseaux deux glandes où se fait la secrétion d’une humeur onctueuse qui remplit la cavité de ces glandes, & qui en sort par un tuyau excrétoire, lorsque l’oiseau approche son bec des glandes ou des plumes qui les couvrent. Le bec étant chargé de la liqueur des glandes, il la porte sur les plumes dont les barbes sont dérangées & ont besoin de cette onction pour s’affermir les unes contre les autres.

Les jambes & les piés sont dénués de plumes dans la plûpart des oiseaux, quelques-uns n’en ont point sur la tête, tels sont le coq d’Inde, la grue, l’émeu ; mais il n’y a que l’autruche qui n’ait pas le corps entier couvert de plumes.

Les oiseaux qui ont la queue courte & les pattes longues, étendent les piés en arriere, lorsqu’ils volent, pour suppléer au défaut de la queue, & pour les employer comme une sorte de gouvernail qui dirige leur mouvement. Lorsque la queue est grande, ou au-moins de médiocre grandeur, l’oiseau approche ses piés de son corps en volant ou les laisse pendans. La queue ne sert pas seulement aux oiseaux pour modifier leur mouvement, elle sert aussi comme les aîles à soutenir en l’air la partie postérieure du corps. Ceux qui n’ont point de queue, par exemple les colymbes, volent difficilement, & ont le corps presque droit en l’air, parce que la partie postérieure n’est pas soutenue comme dans les oiseaux qui sont pourvûs d’une queue. Les grandes plumes de la queue sont toujours en nombre pair. Les oiseaux muent tous les ans, c’est-à-dire que leurs plumes tombent & qu’il en revient de nouvelles. Les muscles pectoraux sont très-grands & très-forts dans les oiseaux, parce qu’ils servent à une fonction très-pénible, qui est de mouvoir les aîles.

Les oiseaux ont le corps plus court, plus large, & plus épais que les animaux quadrupedes, & la tête plus petite à proportion de la grandeur du corps. L’oiseau-mouche est le plus petit des oiseaux connus,

& le condor le plus grand Voyez Oiseau-Mouche, Condor.

Il y a de grandes variétés dans les individus de même espece d’oiseau domestique, pour les couleurs du plumage, le goût de la chair, la grandeur du corps, & peut-être aussi la figure ; ces différences viennent de la température des climats, de la diversité des alimens, &c. La plûpart des oiseaux sauvages de même espece se ressemblent les uns aux autres par les couleurs & par la grandeur ; il s’en trouve néanmoins quelques-uns qui different par les couleurs.

Il y a des oiseaux qui sont toujours attroupés plusieurs ensemble, soit qu’ils volent, soit qu’ils restent en repos, tels sont les pigeons ; d’autres vont deux-à-deux, le mâle & la femelle, dans la saison de leurs amours & de la ponte, & ils restent avec leurs petits, jusqu’à ce que ces petits soient devenus assez grands pour se passer des soins du pere & de la mere. Les perdrix s’apparient, le mâle avec la femelle, & s’aident mutuellement pour élever leurs petits. Le pigeon mâle couve les œufs, travaille à la construction du nid, & nourrit les petits comme la femelle.

La plûpart des oiseaux cachent leur tête sous leur aîle pendant leur sommeil ; la plûpart aussi ne se tiennent que sur un pié pendant qu’ils dorment, ils approchent l’autre de leur corps pour le réchauffer.

Les oiseaux de même espece construisent leur nid avec la même matiere & de la même façon, quelque part qu’ils se trouvent. Presque toutes les femelles des oiseaux restent nuit & jour dans leur nid avec une constance singuliere pour couver leurs œufs ; elles y maigrissent & s’y exténuent faute de nourriture. Si elles quittent le nid pour en chercher, elles y reviennent avec une promptitude extrème. Les oies & les canards couvrent leurs œufs de paille, lorsqu’ils les quittent, quoique ce ne soit que pour très-peu de tems. Les oiseaux les plus timides & les plus foibles montrent du courage & de la force lorsqu’il s’agit de sauver leurs œufs, même des œufs stériles, ou des œufs qui ne viennent pas d’eux, & ce qui est encore plus étrange, des œufs simulés, des œufs de pierre ou autre matiere. L’ardeur que les poules ont pour couver est très-grande ; lorsque ce feu les anime on les entend glousser, on les voit s’agiter, abaisser leurs aîles, hérisser leurs plumes, & chercher par-tout des œufs qu’elles puissent couver, &c.

Tous les oiseaux ont la voix plus forte & la font entendre plus souvent dans le tems de leurs amours.

Les oiseaux prennent leur accroissement plus promptement que les quadrupedes ; les petits oiseaux nourris par le pere & la mere deviennent en un mois ou six semaines assez forts pour faire usage de leurs aîles, en six mois ils prennent tout leur accroissement.

Beaucoup d’oiseaux apprennent à prononcer quelques mots : à cet égard ils sont au-dessus des animaux quadrupedes.

Les oiseaux vivent très long-tems, si l’on ajoute foi à tout ce qui a été rapporté & attesté à ce sujet. On a dit qu’un cygne avoit vécu trois cens ans ; qu’une oie avoit été tuée à l’âge de quatre-vingt ans, lorsqu’elle étoit encore assez saine & assez robuste pour faire croire qu’elle auroit vécu plus long-tems ; qu’un onocrotale a aussi été nourri jusqu’à l’âge de quatre-vingt ans. Les faits que l’on a avancés sur la durée excessive de la vie de l’aigle & du corbeau sont incroyables, mais ils prouvent au-moins que ces oiseaux vivent très-long-tems.

Aldrovande rapporte qu’un pigeon avoit vécu pendant vingt-deux ans, & qu’il avoit engendré