Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/844

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le plan en bb au bas de la Pl. III. C, deux ouvertures quarrées par où l’eau s’écoule après avoir traversé le kas ; FE, parties de bois reservées qui séparent les piles les unes des autres ; GG, entailles qui reçoivent les soles : la fig. 8. représente le kas, dont le plan est cotté 7. Pl. III. c’est une planche dont la longueur est égale à la profondeur de la pile, & dont la largeur, y compris les deux languettes, est égale à la distance que laissent entr’elles les coulisses DE de la fig. 7. en sorte que le kas puisse y couler à frottement : le kas est percé de deux trous A & B, qui doivent répondre vis-à-vis des ouvertures C de la fig. 7. dans lesquels on a reservé des croisillons pour porter la toile de crin à-travers laquelle l’eau s’écoule ; on voit ces croisillons en A, & la toile de crin en B ; on peut aussi substituer quelques morceaux de forme.

La fig. 9. est une coupe transversale de la pile ; DE est une des coulisses ; m est une des ouvertures C fig. 7. par laquelle l’eau sort après avoir traversé le kas ; cette ouverture est inclinée pour en favoriser l’écoulement.

Les maillets sont dirigés dans leur chûte par des pieces de bois 12, 13, 14, 15, 16, Pl. III. & V. que l’on appelle guides ou gripes de devant, assemblés sur la face supérieure de la pile du côté de l’arbre : les vuides que les pieces laissent entr’elles sont de 3 pouces ; c’est l’épaisseur des queues des maillets en cet endroit ; par cette construction les queues des maillets sont toujours dirigées vers les levées de l’arbre.

L’eau qui vient du coursier F D, Pl. III. & V. est distribuée dans les piles par le canal ou gouttiere de bois, 1, 2, 3, 4, 5, que l’on nomme le grand échenal, qui communique par les gouttieres inclinées 3 4, 3 4, aux fontaines ou bachassons 4, 4, qui communiquent par un trou percé obliquement avec l’intérieur de la pile, comme on peut voir en profil, Pl. IV. ces fontaines ne sont autre chose qu’un creux quarré d’environ demi-pouce de profondeur, dans le milieu duquel on a recreusé une autre cavité aussi d’un demi-pouce de profondeur ; c’est du fond de cette derniere cavité & d’un des angles que part le trou qui conduit l’eau dans la pile : le bord de la cavité supérieure du côté de l’arbre est entaillé pour laisser écouler l’eau superflue hors de la fontaine, qui ne doit être pleine que jusqu’au niveau de la retraite qui distingue les deux cavités.

Le jeu de cette machine est aisé à entendre : l’eau étant lâchée sur la roue, les leviers de son arbre rencontrent en tournant les queues des maillets, les élevent jusqu’à ce que venant à échapper, les maillets retombent par leur propre pesanteur sur le chiffon qui est dans la pile ; le chiffon ainsi trituré pendant une heure ou deux, & dépuré de ses crasses par l’eau continuellement renouvellée des fontaines, laquelle remplit la pile, & sort en traversant le kas, devient enfin la matiere dont on forme le papier.

Un moulin a ordinairement quatre piles, dont une sert pour effilocher le chiffon ; deux autres pour affiner, & le quatrieme dont les maillets ne sont point ferrés, ni la pile garnie de platine pour détremper la matiere quand on la retire des caisses de dépôt où on la fait passer en sortant des piles à affiner pour y rester jusqu’à ce qu’elle passe dans la cuve à ouvrer.

Il y a un art à bien disposer les levées sur l’arbre, en sorte que la roue soit chargée le moins qu’il est possible à-la-fois ; il faut que les maillets levent les uns après les autres pour cela : si l’arbre est destiné à un moulin à quatre piles, comme celui dont nous faisons la description (on a représenté seulement trois piles dans les figures), & chaque pile a quatre maillets, ce qui fait seize en tout, & que de plus chaque maillet doive battre deux fois à chaque révolution de la roue ; il faudra, après avoir tracé les cercles qui répondent vis-à-vis des maillets, diviser la circonfé-

rence d’un de ces cercles, ou la base du cylindre de

l’arbre en seize parties égales, tirer par les points de division des lignes paralleles à l’axe, les intersections de ces lignes & des cercles qui répondent vis-à-vis des maillets, seront les points où il faut placer les levées que l’on discernera en cette sorte ; une des lignes paralleles à l’axe étant prise pour fondamentale, & ayant placé la premiere levée à son intersection avec le cercle qui répond au premier maillet de l’un ou de l’autre côté de l’arbre ; la levée du cinquieme maillet, premiere de la seconde, devra être placée à l’intersection de la seconde ligne & du cinquieme cercle : celle du neuvieme maillet, premier de la troisieme pile, à l’intersection de son cercle & de la troisieme parallele, ainsi de suite, dans l’ordre de la table suivante, où la premiere rangée de chiffres indique les cercles qui répondent aux maillets, & la seconde les paralleles à l’axe, à compter de celle qu’on aura regardée comme la premiere.

I. Pile. II. Pile. III. Pile. IV. Pile.
Mailles. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16.
paralleles & ordres des corps. 1. 9. 5. 13. 2. 10. 6. 14. 3. 11. 7. 15. 4. 12. 8. 16.

Description du moulin à la hollandoise, ou moulin à cylindre. Il y a deux de ces moulins dans la manufacture de Langlée, & désignées dans le plan général, Pl. I. l’un par les lettres EF, & l’autre par les lettres KL ; ils font chacun tourner six cylindres : l’eau leur est fournie par le bassin BG, qui la reçoit par le canal A, qui communique au canal de Loing : elle entre dans les coursiers BDGH, qui traversent le grand bâtiment PR de 64 toises de longueur sur 8 toises de largeur, pour sortir par D & H, qui sont les parties d’aval des coursiers. Voyez l’explication de la Pl. I. des deux moulins dont on vient de parler. L’un est destiné à effilocher les chiffons sortant du dérompoir, & l’autre à les rafiner. On entend par éfilocher, le premier broyement des chiffons ; mais comme ces deux moulins ne different ni en construction, ni dans la maniere d’agir, la description que l’on va faire de l’un des deux suffira pour en donner une parfaite connoissance. Ce moulin est représenté dans les Pl. V. VI. VII. VIII. dans lesquelles on a eu l’attention de mettre les mêmes lettres aux parties semblables. La Planche V. est le plan d’un moulin & de ses six cuves à cylindres ; AD la grande roue à aubes, formée de deux cours de courbes de 5 pouces sur 7 de gros, dont on voit l’élévation, Pl. VII. est placée dans son coursier, où l’eau entre du côté de G ; elle a 18 piés de diametre, non compris les coyaux qui supportent les aubes qui sont au nombre de trente-deux ; elles ont 26 pouces de long & 20 de hauteur. Au-devant de la roue est placée en A la pelle par le moyen de laquelle on ferme le coursier lorsqu’on veut arrêter la machine, ainsi que l’élévation, Pl. VI. & le profil, Pl. VII. le fait voir. L’arbre ou axe BC de cette roue a 18 piés de long sur 27 pouces de gros, non compris les renforts dans lesquels s’assemblent les bras des rouets verticaux Rr, de 8 piés de diametre : ils sont chacun garnis de 49 aluchons ; les courbes dont ils sont formés ont 9 à 10 pouces de gros ; les aluchons de ces rouets engrenent entre les fuseaux des lanternes SS de 5 piés & demi de diametre, chacune garnie de 32 fuseaux ; ces lanternes, y compris les tourtes qui les forment, ont 18 pouces d’épaisseur : les arbres verticaux Y Z, Pl. VI. qui les portent, ont chacun 8 piés de long sur 2 piés d’équarissage ; ils portent aussi chacun un rouet horisontal de 10 piés de diametre, dont les aluchons au nombre de 72, regardent en en-bas, & engrenent dans les lanternes de fer à sept fuseaux chacune, qui sont fixées sur les arbres de trois des cylindres l,