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sallon octogone de figure oblongue, dont chaque face formoit un demi-cercle, & dont la voute étoit soutenue par plusieurs rangs de colonnes d’une hauteur extraordinaire.

On a trouvé à Lincoln, sous terre, en 1739, les restes d’un tepidarium des Romains, & l’on en peut voir la description dans les Trans. philosophiques n°. 461. sect. 29. (D. J.)

TÉPIS, s. m. (Comm.) étoffe de soie & coton qui se fabrique aux Indes orientales. (D. J.)

TEPPIA, la, (Géog. mod.) riviere d’Italie, dans la campagne de Rome. Elle a sa source près de Rocca de Massimo, & se perd dans le fleuve Sisto ; c’est l’ancien Amasène, qui traverse les marais Pomptins, & tomboit dans la mer de Toscane, près du promontoire de Circé. (D. J.)

TEPULA-AQUA, (Géog. anc.) Pline, liv. XXXVI. ch. xv. & Frontin, lib. de aquæductib. donnent ce nom à un des aqueducs qui conduisoient l’eau à Rome & dans le Capitole : cette eau venoit du territoire appellé Lucullanus, & que quelques-uns croyent être le même que Tusculum. L’aqueduc passoit par la voie Latine. Cn. Servilius Cæpio, & L. Cassinus Longinus l’avoient fait faire dans le tems qu’ils étoient censeurs, dans la 629 année de la fondation de Rome, sous le consulat de M. Plautius Hypsœus, & de M. Fulvius Flaccus. (D. J.)

TER, le, (Géogr. mod.) en latin Thicis, riviere d’Espagne, dans la Catalogne. Elle a sa source près du mont Canige, baigne les murs de Gironne, & va se perdre dans la Méditerranée.

TERAIN, le, ou THEREIN ou THARAIN, (Géog. mod.) en latin vulgaire Tara, riviere du Beauvoisis ; son nom est formé de la racine tar & du latin amnis, d’où l’on a fait ain, comme dans plusieurs autres noms de rivieres. Elle tire sa source d’un village du côté de Dieppe, & se jette dans l’Oise à Montalaire. (D. J.)

TERAMO, (Géog. mod.) ville d’Italie, au royaume de Naples, dans l’Abruzze ultérieure, au confluent du Tardino & de la Viciola, entre Ascoli & Civita-di-Pena, à 8 lieues d’Aquila. Cette ville est l’Interamna du pays des Praegutiens ; Ptolomée, liv. III. c. j. écrit Interamnia. Elle a présentement un évêché fondé l’an 500, & qui ne releve que du pape. Long. 31. 28. lat. 42. 37.

Palladino (Jacques) auteur ecclésiastique du quatorzieme siecle, connu sous le nom d’Ancharano, & plus encore sous celui de Jacques de Téramo, parce qu’il naquit dans cette ville en 1349. Il devint évêque de Monopoli en 1391, archevêque de Tarente en 1400, archevêque de Florence en 1401, évêque & administrateur du duché de Spolete en 1410. Il fut envoyé en Pologne, en qualité de légat du saint siége en 1417, & il y mourut la même année. Le seul de ses ouvrages qui a eu cours, mais un cours incroyable, est une espece de roman de piété, qu’on a traduit dans presque toutes les langues de l’Europe.

M. Dupin a eu tort de dire, que ce roman n’existoit qu’en manuscrit dans les bibliotheques d’Angleterre ; il a été mis au jour plusieurs fois, & sous des titres différens. Voici ceux des premieres éditions : 1°. Jacobi de Ancharano, processus Luciferi contrà Ihesum, coràm judice Salomone ; c’est une très-vieille édition, in-folio, sans aucune indication, ni date. 2°. Reverendi patris domini Jacobi de Theramo, consolatio peccatorum nuncupatum, & apud nonnullos Belial vocitatum, id est, processus Luciferi principis doemoniorum, quorum procurator Belial, contra Ihesum redemptorem, ac salvatorem nostrum, cujus procurator Moyses, de spolio animarum quæ in lymbo erant, cùm descendit ad inferna…… coram judice Salomone ; c’est encore une très-ancienne édition, in-folio, en assez beaux caracteres, sans aucun nom de ville, & sans aucune date.

On a d’autres éditions du même ouvrage. 1. Une d’Ausbourg, chez Jean Schusler en 1472, in-folio, 2. Une intitulée : Lis Christi & Belial, judicialiter coràin Salomone judice, Gondæ, per Gerardum Leen en 1481. in-folio, en caracteres gothiques. 3. Une sans nom de ville, ni d’imprimeur en 1482. in-folio. 4. Une en 1484. in-folio. 5. Une à Ausbourg, chez Jehan Schoënbarger en 1487. in-folio. 6. Une à Strasbourg en 1488. in-folio. 7. Une à Vicence en 1506. in-folio. 8. Une à Hanoviæ en 1611. in-8°. &c.

Palladino n’avoit que trente-trois ans, lorsqu’il composa cet ouvrage, dont voici un court précis ; car j’imagine que peu de personnes en France connoissent ce livre singulier.

L’auteur après avoir dit en deux mots, que la chûte de l’homme avoit obligé J. C. à mourir pour la rédemption du genre humain, suppose que son ame descendit aux enfers immédiatement après sa mort, y entra triomphante, en délivra les ames des bienheureux, enchaîna Lucifer, & mit en fuite les démons. Ces démons s’étant rassemblés, élurent Bélial pour leur procureur, & l’envoyerent demander justice à Dieu contre Jesus, comme contre un perturbateur & un usurpateur. Belial obtint de Dieu, Salomon pour juge. Jesus cité devant ce roi, & ne pouvant comparoître en personne, prit Moïse pour son procureur. Moïse comparut, & Belial l’admit, se contentant de lui faire essuyer le reproche du meurtre de l’égyptien.

Moïse ayant proposé ses moyens, voulut faire ouir ses témoins ; & Salomon leur fit prêter serment sur le livre des Evangiles, de ne rien dire que de véritable : ce qui n’est pas moins plaisant que l’imagination de ces peintres ignorans, qui, dépeignant l’annonciation du Verbe, y mettoient bonnement la Vierge Marie à genoux devant un crucifix.

Excepté le seul Jean-Baptiste, Belial recuse tous les autres témoins ; savoir Abraham, à cause de son concubinage public ; Isaac, à cause de son parjure ; Jacob, à cause de ses fraudes ; David, à cause de son meurtre & de son adultere ; Virgile, à cause qu’il s’étoit laissé suspendre d’une tour, & exposer à la risée du peuple par une femme ; Hippocrate, à cause du meurtre de son neveu ; & Aristote, à cause du vol des papiers de Platon.

Belial propose à son tour ses moyens ; mais après de longues contestations, selon la forme du barreau, & l’allégation de plusieurs passages tirés de la bible ; Belial est condamné par Salomon. Il en appelle à Dieu, qui lui donne pour souverain juge, Joseph le patriarche, devant qui la cause fut encore plaidée vivement. Belial fait proposer par David de mettre l’affaire en arbitrage, & les parties en conviennent. Ces arbitres, qui sont l’empereur Auguste & le prophete Jérémie, pour Belial ; Aristote & le prophete Isaïe, pour Moïse, prononcent enfin un arrêt, dont les deux parties s’attribuent l’avantage.

Jesus ayant reçu cet arrêt de la main de Moïse, s’en réjouit avec ses disciples, & leur donne ses instructions. Ensuite les ayant quittés pour monter au ciel, Dieu le pere & le S. Esprit, accompagnés de millions d’anges, viennent au-devant de lui, & l’introduisent dans le séjour de la gloire éternelle ; bientôt après il envoie le S. Esprit à ses disciples, qui se répandirent par tout l’univers, pour enseigner & endoctriner les différentes nations.

Il n’est pas nécessaire de dire que tout cela est aussi grossierement traité, qu’on voit qu’il est imaginé ; c’est le fruit d’un siecle barbare. Les passages de l’Ecriture y sont cités d’une maniere comique, & plus propre à faire rire, qu’à édifier. Belial y turlupine même quelquefois Moïse, comme quand il lui dit en se moquant de lui : loquere, domine, quia servus tuus audit, pag. 86 ; ou comme quand il se contente de