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d’autres, par le scythe Abaris. Proserpine n’avoit aussi qu’un seul temple à Rome, dans la cour duquel on alloit acheter tout ce qui étoit nécessaire pour les funérailles. Je ne sais pourquoi les Gaulois regardoient Proserpine comme leur mere ; mais Strabon, l. IV. nous apprend que depuis la conquête des Romains, cette déesse avoit un temple dans les Gaules desservi à la maniere des Samothraces. (D. J.)

Temples de la Pudicité, (Antiq. rom.) la pudeur est une vertu trop essentielle au beau sexe, pour qu’on ne l’ait pas érigée en divinité. Aussi l’histoire nous apprend-elle que les Romains l’honoroient sous le nom de la Pudicité ; & cette déesse avoit dans leur ville des temples & des autels, sur lesquels on lui offroit des sacrifices. Mais comme si les grands devoient avoir d’autres dieux que le peuple, on distinguoit à Rome la Pudicité des dames patriciennes d’avec celle des plébéiennes. Nous avons indiqué ailleurs l’origine de cette orgueilleuse & singuliere distinction. (D. J.)

Temple des dieux purs, (Antiq. grecq.) Pausanias est le seul auteur qui en parle. « On voit, dit-il, sur la hauteur qui commande la ville de Pallantium, un temple bâti à ces divinités qu’ils appellent pures, & par lesquelles ils ont coutume de jurer dans leurs plus importantes affaires ; du reste, ils ignorent quelles sont ces divinités, ou s’ils le savent, c’est un secret qu’ils ne révelent point. S’il est donc permis de deviner, continue Pausanias, je crorois que ces dieux ont été appellés purs, parce que Pallas ne leur sacrifia pas de la même maniere qu’Evandre son pere, avoit sacrifié à Jupiter Lycéus ». Voyages de l’Arcadie, l. VIII. c. xliv. (D. J.)

Temple de la déesse Quies, (Antiq. rom.) cette déesse, car son nom féminin indique que c’en étoit une, avoit un temple chez les Romains hors la porte Colline, & un autre, selon Tite-Live, lib. IV. dans la rue Labicane ; on l’invoquoit pour jouir du repos, & ceux qu’elle exauçoit, étoient assurément bienheureux. (D. J.)

Temples de la Renommée, (Antiquités.) il est sûr que la Renommée eut un culte établi dans la Grece, sur-tout à Athènes, comme nous l’apprenons de Pausanias ; & un temple fameux, ainsi que le dit Plutarque dans la vie de Camillus. Il seroit inutile de chercher des figures de cette déesse, plus ressemblantes que le portrait qu’en a fait Virgile, liv. IV. de son Enéide.

Ex templo Lybiæ magnas it Fama per urbes, &c.


(D. J.)

Temple de Romulus, (Antiq. rom.) Numa Pompilius éleva un temple à ce fondateur de Rome, & prescrivit qu’il fût honoré sous le nom de Quirinus, par des sacrifices solemnels. C’est ainsi que fut faite l’apothéose de César, justement assassiné par les amateurs de la liberté ; mais l’apothéose de César vint trop tard, tout le monde s’en mocquoit. Les uns, dit Pline, liv. II. c. xv. appelloient Auguste le faiseur de poupées ; les autres disoient qu’il achevoit de peupler le ciel, qui depuis long-tems n’avoit reçu de membre d’aucune colonie romaine. (D. J.)

Temples de Saturne, (Antiq. rom.) je sais que la tradition grecque portoit que dès l’âge d’or, le fils de Caelus & de Vesta avoit un temple à Olympie ; mais Rome lui rendit le culte le plus religieux, & lui dédia divers temples.

Le premier temple qui fut bâti à Saturne, fut celui que lui fit élever T. Tatius roi des Sabins, au Capitole, après la paix faite entre lui & Romulus. Le second fut voué par Tullus Hostilius, après avoir triomphé trois fois des Sabins, & deux fois des Albins : il le dédia, & institua les saturnales. Le troisieme

fut dédié par les consuls A. Sempronius Atratinus & M. Minutius. D’autres disent néanmoins que ce fut Tarquin le superbe qui le bâtit, & que selon l’avis de Valerius Publicola, on en fit le lieu du trésor public. C’étoit dans ce temple que les ambassadeurs étrangers étoient premierement reçus par les questeurs romains, qui écrivoient leurs noms dans les registres de l’état, & fournissoient aux frais de leur séjour. C’étoit encore là où se gardoient les minutes des contrats, & de tous les actes que les peres & meres faisoient, comme aussi les noms de tous les citoyens romains, écrits dans les livres éléphantins. Ceux qui avoient recouvré leur liberté, y alloient pendre leurs chaînes & les lui consacrer, selon le témoignage de Martial.

Has cum geminâ compede dedicat catenas,
Saturne, tibi zoilus annulos priores.


(D. J.)

Temples de Sérapis, (Antiq. égyptien.) ce dieu avoit des temples en Asie, dans la Grece & à Rome ; mais les Egyptiens, dont Sérapis étoit une des principales divinités, éleverent sur tout autre peuple, plusieurs temples en son honneur. Le plus ancien se voyoit à Memphis ; il n’étoit pas permis aux étrangers d’y entrer, & ses propres prêtres n’avoient ce droit qu’après avoir enterré le bœuf Apis. Cependant le plus renommé de tous les temples de Sérapis, étoit celui que Ptolomée Soter lui consacra ; on l’appelloit Sérapéon, & j’en ai donné l’article qu’il faut remplir ici, parce que c’étoit un des plus superbes édifices, & des plus respectés qu’il y eût dans le monde.

Ce temple, dit Denys le géographe, est tout éclatant d’or, & l’on n’en trouve aucun sur la terre pour lequel on ait plus de dévotion. Il n’étoit point dans l’enceinte de la ville d’Alexandrie, mais hors des murs, ainsi que celui de Saturne ; la raison en est que les lois de l’Egypte défendoient d’immoler des victimes sanglantes à ces deux divinités dans l’enclos des villes, de peur de les profaner par le sang de telles hosties.

Suivant quelques historiens, le simulacre du dieu Sérapis touchoit de chacune de ses mains, sur un des côtés du temple, & étoit un assemblage de tous les métaux & de tous les bois. On avoit pratiqué à l’orient, ajoute-t-on, une petite fenêtre avec tant de justesse, qu’à un certain jour bien connu des prêtres, quelques rayons du soleil s’échappoient par cette étroite ouverture, & venoient tomber sur les levres de la statue de Sérapis. Le peuple crédule pensoit que l’astre du jour venoit baiser la bouche de cette divinité.

Selon Strabon, il n’y avoit rien de plus gai que les pélerinages qui se faisoient au temple de Sérapis. « Vers le tems de certaines fêtes, dit-il, on ne sauroit croire la multitude de gens qui descendent sur un canal d’Alexandrie à Canope, où est le temple. Jour & nuit, ce ne sont que des bateaux pleins d’hommes & de femmes qui chantent & qui dansent avec toute la liberté imaginable. A Canope il y a sur le canal une infinité d’hôtelleries, qui servent à retirer ces voyageurs, & à favoriser leurs divertissemens ».

Le temple de Sérapis fut détruit par l’ordre de l’empereur Théodose, & alors on découvrit, dit un écrivain ecclésiastique, l’effronterie des prêtres de cette divinité, qui avoient pratiqué un grand nombre de chemins couverts, & disposé une infinité de machines pour tromper les peuples par la vûe de faux prodiges.

Sérapis avoit un oracle fameux dans un de ses temples à Babylone, où il rendoit ses réponses en songe. Pendant la derniere maladie d’Alexandre, quelques