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en même tems le pouce de la main gauche sur le rouleau, pressé par l’index de la droite ; ces trois mouvemens se font successivement. A mesure que le rouleau avance le long du côté du pot, il faut avancer la main gauche & la tenir toujours correspondante à la main droite, le pouce de la main gauche étant toujours pressé contre la partie du rouleau qui monte, & la tenant serrée.

Le rouleau étant ainsi posé, il y aura à la partie inférieure un filet qui débordera ; on applanira ce filet avec le pouce, en commençant où le rouleau finit. On unira pareillement tout le fonceau avec le doigt de devant recourbé, en commençant au commencement du rouleau, & en avançant le doigt vers soi, glissant ce doigt recourbé depuis le bout du rouleau le premier attaché jusqu’à l’autre bout, observant de faire toujours suivre la main gauche appliquée en-dehors ; cela fait, on pose un autre rouleau à l’extrémité du premier, puis un troisieme, jusqu’à ce que le tour du pot soit achevé. On recommence ensuite un second tour, puis un troisieme ; on avance ainsi les côtés du pot, & on les éleve à un bon pouce de plus que le pot ne doit avoir de hauteur ; ce pouce dont le pot est monté d’au-delà de sa mesure se renverse en-dedans ; il y en a qui font leurs pots sans bords renversés.

Pour renverser le bord on prend une latte de quatre pouces ou environ plus longue que le côté du pot, & de dix lignes en quarré ; on marque sur la latte la hauteur du pot. En cet endroit on passe un clou qui la traverse de deux pouces ; on applique ensuite l’autre bout de la latte perpendiculairement sur le fonceau ; on fait entrer la pointe du clou dans la surface du pot, puis tenant d’une main un des bouts de la latte, & l’autre bout de l’autre main, on fait tout le tour du pot : il est évident que la pointe y fera une coupure circulaire dont le plan sera parallele à celui du fond.

Après quoi renversez le bord en-dedans ; que ce bord promine en-dedans d’un demi-pouce ; humectez vos mains d’un peu d’eau, & les appliquant sur cette prominence, abattez-la ; unissez tout le tour du pot, & faites ensorte qu’il soit par-tout de la même épaisseur en tout son contour.

Le printems est la meilleure saison pour faire des pots ; on en fait dans les autres, mais en hiver il faut les garantir de la gelée par la fumée, soit du bois, soit du charbon : en été la trop grande chaleur est sujette à les faire fendre ou fêler.

Fours. Il s’en fait de deux sortes ; les uns d’une bonne terre glaise, la même dont on use pour les pots ; on y peut employer les épluchures de terre à pot, mais pour le premier établissement il faut faire cuire une bonne quantité de terre, moudre ensuite, passer au tamis grossier, & selon que la terre glaise est grasse ou maigre, y ajouter plus ou moins de ciment ou terre cuite. Il faut si elle est trop grasse y ajouter un peu plus de ciment ; le mélange s’en fait comme pour les terres à pots, on l’humecte, & on le jette dans un coin ; l’on continue jusqu’à ce qu’on ait de quoi faire la moitié d’un four. On la laisse ensuite s’imbiber pendant quelques jours, puis on la retourne avec des pelles, & on la remarche jusqu’à ce qu’elle soit liante ; alors on en construit le four tout d’une masse, ou l’on en fait des briques ; les briques sont préférables à la masse.

L’autre sorte de four se fait avec la terre glaise & le sable ; mais il est presqu’impossible de prescrire des regles pour sa composition, parce que la terre peut être plus ou moins grasse, le sable plus ou moins dur, ou plus ou moins fondant, ou plus ou moins pur ou mêlé de matiere étrangere. Si l’on trouvoit du grès dont le grain fût blanc & brillant, on ne risqueroit rien à s’en servir : il faudroit le réduire en sable

& le passer au tamis. Pour faciliter cette manœuvre, on mettra recuire les morceaux de grès, & cette préparation en facilitera le broyement.

Pour savoir si la qualité du sable est dure ou tendre, il faut prendre cinq mesures de sable & deux de terre grasse moulue, les mêlanger, humecter & pétrir avec les mains, en faire une brique, & mettre cette brique, quand elle sera bien seche, dans une arche à pot, avec un pot si on a occasion d’en faire recuire un. Cette brique s’attrempera avec le pot ; quand on levera le pot pour le substituer à un autre, faites prendre la brique avec une spatule, & qu’on la place sur les bords de deux pots ; on en connoîtra la qualité au bout de deux jours ; si elle se fond, ou la terre ou le sable ne valoit rien ; mais si l’on est sûr que la terre est bonne, c’est une marque que le sable est ou trop tendre, ou trop mêlé de beaucoup de terre étrangere.

Pour savoir s’il y a parmi le sable des matieres terrestres, prenez-en une pinte ; mettez-la dans une terrine vernissée qui contiendra six ou sept pintes ; versez dessus de l’eau claire ; remuez le sable avec les mains pendant quelque tems, autant qu’il faut pour que la terre se détache du sable ; laissez reposer le tout environ une minute, puis versez l’eau par inclinaison dans une autre terrine vernissée de la même grandeur que l’autre ; remettez encore de l’eau claire sur le sable, & réitérez la même manœuvre jusqu’à ce que l’eau vienne pure ; laissez reposer l’eau trouble dans l’autre terrine, quand cette eau sera claire, versez-la doucement par inclinaison ; faites évaporer le restant de l’eau, & vous aurez la quantité de terre qu’il y avoit dans une pinte de sable. Le sable ainsi lavé peut être plus ou moins dur ; s’il étoit un peu tendre, on en mêlangeroit trois mesures avec une mesure de terre grasse ; mais s’il étoit dur, cela vaudroit mieux pour faire la brique. Lorsque le sable est tendre, mais non mêlé de matieres terrestres ; lorsqu’il a le grain transparent, quelle que soit d’ailleurs la couleur, il sera bon pour le verre à voute ordinaire. Quand vous avez le sable qui convient, faites-en un mêlange de cinq mesures contre deux de terre grasse ; mêlez comme ci-dessus, & achevez l’opération.

Pour faire les briques, les bien faire, & épargner le tems & mieux construire le four, il faut en avoir de plusieurs dimensions ; il en faut pour les murailles, pour les tisonniers, les lits de champ, pour la couronne ou la voute, &c.

Le moule pour les murailles doit avoir dix-neuf pouces de longueur, huit pouces & demi de largeur, & cinq & demi de profondeur dans œuvre pour les tisonniers, vingt & un pouces de longueur, huit pouces & demi de largeur, quatre pouces de profondeur d’un côté, & de l’autre une quantité déterminée par la coupe du tisonnier.

L’arcade du tisonnier doit être le segment d’un cercle plus grand que celui dont le diametre en seroit la largeur, entre les murailles en haut. Voici le moyen de trouver ce segment, si l’on veut procéder méthodiquement & avoir en même tems la coupe de la brique, & par conséquent l’autre côté du moule pour l’arcade du tisonnier. Prenez une ficelle de huit à neuf piés, frottez-la avec de la craie comme font tous les charpentiers, & sur une grande table ou sur un plancher, que quelqu’un fixe la ligne sur le plancher avec le doigt ; faites-en autant, laissant entre votre doigt & celui de qui vous aide, environ quatre piés ; qu’ensuite l’un des deux bande la corde, & lui fasse tracer une ligne blanche en la baissant. Prenez sur cette ligne, la largeur du tisonnier qui est de 30 pouces en hauteur bb ; entre les points bb, coupez cette ligne bb en deux parties égales par la ligne ee au point F ; prenez du point F sur la perpendiculaire Fe, la partie FG de dix pouces qui soit la hauteur de l’arcade ; cher-