Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/21

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vouloit se rendre son disciple, lui ayant demandé de quelles choses il avoit besoin pour cela, D’un livre neuf, dit-il, d’un style[1] neuf, & d’une tablette neuve, voulant dire qu’il avoit principalement besoin d’esprit[2]. Un autre, qui cherchoit à se marier, l’ayant consulté, il lui répondit que s’il prenoit une femme qui fût belle, elle ne seroit point à lui seul ; & que s’il en prenoit une laide, elle lui deviendroit bientôt à charge. Ayant un jour entendu Platon parler mal de lui, il dit, qu’il lui arrivoit, comme aux Rois, d’être blâmé pour avoir bien fait. Comme on l’initioit aux mystères d’Orphée, & que le Prêtre lui disoit que ceux, qui y étoient initiés, jouissoient d’un grand bonheur aux Enfers, Pourquoi ne meurs-tu donc pas, lui répliqua-t-il ? On lui reprochoit qu’il n’étoit point né de deux personnes libres : Je ne suis pas né non plus, repartit-il, de deux lutteurs, & cependant je ne laisse pas de savoir la lutte. On lui demandoit aussi pourquoi il avoit si peu de disciples : C’est que je ne les fais pas entrer chez moi avec une verge d’argent[3] répondit-il.

  1. Sorte de poinçon dont les Anciens se servoient pour écrire.
  2. C’est un jeu de mots, qui consiste en ce que le terme grec, qui signifie ici neuf ou nouveau, peut aussi signifier & d’esprit.
  3. Cela veut dire que les choses les plus cheres étoient les plus estimées. Les Cyniques ne prenoient point d’argent de leurs disciples.