Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/46

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dans un lieu d’exercice nommé Cranion[1], il se chauffait au soleil, Alexandre s’approcha, & lui dit qu’il pouvait lui demander ce qu’il souhaitait. Je souhaite, répondit-il, que tu ne me fasses point d’ombre ici. Il avoit été présent à une longue lecture, & celui qui lisait, approchant de la fin du livre, montrait aux assistants qu’il n’y avoit plus rien d’écrit. Courage, amis, dit Diogène, je vois terre. Quelqu’un, qui lui faisait des syllogismes, les ayant conclus par lui dire qu’il avoit des cornes, il se toucha le front & répondit, C’est pourtant de quoi je ne m’aperçois point. Un autre voulant lui prouver qu’il n’y avoit point de mouvement, il se contenta pour toute réponse de se lever & de se mettre à marcher. Quelqu’un discourait beaucoup des phénomènes célestes ; En combien de jours, lui dit-il, es-tu venu du Ciel ? Un Eunuque, de mauvaises mœurs, ayant écrit sur sa maison, "Que rien de mauvais n’entre ici" : Et comment donc, dit Diogène, le maître du logis pourra-t-il y entrer ? S’étant oint les pieds, au lieu de la tête, il en donna pour raison que lorsqu’on s’oignait la tête, l’odeur se perdait en l’air ; au lieu que des pieds elle montait à l’odorat. Les Athéniens vouloient qu’il se fît initier à quelques mystères, & lui disoient, pour l’y engager, que les Initiés présidoient sur les autres aux Enfers. Ne


  1. Nom d’un lien d’exercice à Corinthe.