Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/57

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Tu parles fort bien. En effet, tu as des yeux, qui sont ce qu’il faut pour voir une table & une tasse ; mais tu n’as point ce qu’il faut pour voir la qualité de table & de tasse ; savoir, l’entendement. On lui demanda ce qu’il lui semblait de Socrate ; il répondit que c’étoit un fou. Quand il croyait qu’il fallait se marier : Les jeunes gens, pas encore, dit-il ; et les vieillards, jamais. Ce qu’il voulait avoir pour recevoir un soufflet : Un casque, répliqua-t-il. Voyant un jeune homme qui s’ajustait beaucoup, il lui dit : Si tu fais cela pour les hommes, c’est une chose inutile ; & si tu le fais pour les femmes, c’est une chose mauvaise. Une autre fois il vit un jeune garçon qui rougissait : Voilà de bonnes dispositions, lui dit-il ; c’est la couleur de la vertu. Il entendit un jour deux avocats, & les condamna tous deux, disant que l’un avoit dérobé ce dont il s’agissait, & que l’autre ne l’avoit point perdu.Quel vin aimes-tu mieux boire ? lui dit quelqu’un : Celui des autres, reprit-il. On lui rapporta que beaucoup de gens se moquoient de lui ; il répondit : Je ne m’en tiens point pour moqué.Quelqu’un se plaignait des malheurs qu’on rencontre dans la vie ; à quoi il répondit que le malheur n’étoit point de vivre, mais de mal vivre. On lui conseillait de chercher son esclave qui l’avoit quitté : Ce serait bien, dit-il, une chose ridicule, que mon esclave Manès pût vivre sans Diogène, et