Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/49

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fonda une ville qui, de son nom, fut appelée Solos. Il y établit quelques Athéniens qui, ayant peu à peu corrompu leur langage par leurs rapports avec les étrangers, donnèrent lieu à l’expression faire des solécismes. On les appelle Soléens, et Soliens les habitants de Solos en Chypre.

Solon, lorsqu’il apprit que l’usurpation de Pisistrate était consommée, écrivit aux Athéniens en ces termes :

Si vous expiez durement vos fautes, n’en accusez pas les dieux. C’est vous qui avez fortifié vos ennemis ; vous leur avez donné des gardes, et ils en ont profité pour vous imposer un dur esclavage. Chacun de vous en particulier a la ruse du renard ; mais s’agit-il de l’intérêt général ? vous n’avez ni intelligence, ni pénétration. Vous regardez à la langue et aux belles paroles d’un homme, mais pour les actes, vous n’en tenez aucun compte.

Pisistrate de son côté, lorsqu’il eut appris le départ de Solon, lui adressa cette lettre :

PISISTRATE À SOLON.

Bien d’autres que moi, parmi les Grecs, se sont emparés de la souveraineté ; et d’ailleurs je n’ai fait que rentrer dans mes droits, à titre de descendant de Codrus. J’ai repris un pouvoir que les Athéniens avaient juré de conserver à Codrus et à ses descendants, et qu’ils leur avaient ensuite retiré. Du reste, je ne manque en rien ni aux dieux, ni aux hommes. Je fais observer les lois que tu as données aux Athéniens, et elles le sont beaucoup mieux que sous le gouvernement populaire ; car je ne tolère aucune injustice. Tyran, je n’ai d’autre privilège que celui du rang et de la dignité ; je me contente du tribut que l’on payait autrefois aux rois ; je ne demande à chacun des Athéniens que la dîme de son revenu, non pas pour moi, mais pour l’entretien des sacrifices publics, pour parer aux diverses dépenses de l’État et aux éventualités de la guerre. Quant à toi, je ne t’en veux point d’avoir dévoilé mes desseins ; je sais qu’en