Page:Dornis - Essai sur Leconte de Lisle, 1909.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
ESSAI SUR LECONTE DE LISLE

truction, il a son dessein : il veut graver dans notre souvenir cette parole, qu’il écrira au bas de la dernière de ses peintures de la vie animale, comme on détache une morale à la fin d’une fable :


« … Va, monstre ! tu n’es pas autre que nous ne sommes,
Plus hideux, plus féroce, ou plus désespéré.
Console-toi ! demain tu mangeras des hommes,
Demain par l’homme aussi tu seras dévoré.

La Faim sacrée est un long meurtre légitime
Des profondeurs de l’ombre aux cieux resplendissants,
Et l’homme et le requin, égorgeur ou victime,
Devant ta face, ô Mort, sont tous deux innocents.[1] »

  1. « Sacra Fames ». Poèmes Tragiques.