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L’ÉVOCATEUR

dont il se répand, mais au contraire dans la discipline par laquelle il se restreint ; c’est vraiment à lui qu’on demande d’enfermer, dans un flacon de cristal, l’âme d’un champ de roses.

Voici donc le dernier prodige dont le génie évocateur de Leconte de Lisle eut à cœur de donner le spectacle à ceux qui l’ont soutenu de leurs admirations : lorsqu’après une vingtaine d’années d’études grecques, il acheva sa traduction de l’Iliade (1868) il sentit, qu’imprégné comme il l’était du génie grec, il pourrait condenser ses splendeurs épiques, ces milliers d’images, ces rumeurs de combats, ces interventions divines, dont tout son être était demeuré ébranlé et bourdonnant, en des vers qui auraient de la Beauté. Alors, il écrivit ce sonnet : Le Combat Homérique[1] qu’il faut relire, pour sentir, jusqu’au fond, ce que l’art discipliné, conscient de soi, peut ajouter de beauté absolue, à la naturelle expansion du génie.

  1. « Le Combat Homérique ». Poèmes Barbares.