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LES TENDANCES DU THEATRE EN VERS


Encore qu’il n’ait point écrit en vers pour le théâtre, M. Maeterlinck est, assurément, le poète qui, parti de cette discipline nouvelle, a porté sur la scène les œuvres les mieux accueillies par le public.

A son avis le théâtre contemporain est « anachronique ». Ne persiste-t-il pas à placer tout l’intérêt d’une œuvre dans la violence de l’anecdote que l’on reproduit ? De ce fait, il le déclare en retard sur toutes les autres formes de l’art, car la sculpture, la peinture et la musique ne sont pas demeurées indifférentes au récent réveil de l’âme. Or, la représentation d’une âme ne peut être confinée dans un endroit que l’unité de lieu ou l’unité de temps imposent : une âme ne se manifeste entièrement que dans des temps successifs, et dans des lieux différents. Le poète symboliste choisit les plus significatives de ces manifestations et les groupe librement pour faire œuvre d’art, c’est-à-dire de synthèse représentative.

Au moment où ces théories se font jour, il paraît aux amis, et non des moindres, de l’école nouvelle qu’elle enferme une incontestable vérité :

« L’effroi que cause à certains critiques l’annonce d’un théâtre symboliste est une chose bien étonnante, écrit M. Beaunier. S’il est un genre littéraire qui doive, entre tous, être symboliste, n’estce pas le théâtre, dont la seule raison d’être, semble-t-il, est de représenter, de figurer ce que le roman, par exemple, raconte, énonce, décrit. »

Il n’a manqué jusqu’ici pour justifier de telles théories et de telles espérances, qu’une œuvre qui satisfît à la fois l’école symboliste et le pubHc.

Cela n’a pas été le Phocas de M. Vielé-Griffin, considéré cependant comme un chef-d’œuvre symboliste, et où l’on aperçoit une formule