Page:Dostoïevski - Crime et chatiment, tome 1.djvu/176

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textuel de l’interrogatoire ! Hein ! comment la trouves-tu ?

— Mais, enfin, les preuves sont là.

— Il ne s’agit pas des preuves en ce moment, il s’agit de la question faite à Nicolas, de la manière dont les gens de police comprennent la nature humaine ! Allons, c’est bien, laissons cela ! En résumé, ils ont tellement tourmenté ce malheureux qu’il a fini par avouer : — « Ce n’est pas sur le trottoir que j’ai trouvé ces boucles d’oreilles, mais dans l’appartement où je travaillais avec Mitréi. » — « Comment as-tu fait cette trouvaille ? » — « Mitréi et moi nous avions peint toute la journée ; il était huit heures, et nous allions partir, quand Mitréi prend un pinceau, me le passe sur la figure et se sauve après m’avoir ainsi barbouillé.

« Je m’élance à sa poursuite, je descends les escaliers quatre à quatre en criant comme un perdu ; mais au moment où j’arrivais en bas de toute la vitesse de mes jambes, je bouscule le dvornik et des messieurs qui se trouvaient là aussi, je ne me rappelle plus combien il y en avait. Là-dessus, le dvornik me dit des injures, un autre dvornik m’injurie également, la femme du premier sort de sa loge et fait chorus avec eux. Enfin un monsieur qui entrait dans la maison avec une dame nous invective à son tour, Mitka et moi, parce que nous étions étendus en travers de la porte et barrions le passage. J’avais saisi Mitka par les cheveux, je l’avais jeté à terre et je lui donnais des coups de poing. Il m’avait pris aussi par les cheveux et me cognait de son mieux tout en étant sous moi. Nous faisions cela sans méchanceté, histoire de rire. Ensuite Mitka se dégagea et fila dans la rue, je courus après lui, mais je ne pus le rattraper et je retournai seul à l’appartement, parce que j’avais mes affaires à mettre en ordre. Tandis que je les rangeais, j’attendais Mitka, je croyais qu’il allait revenir. Et voilà que dans le vestibule, au coin, près de la porte, je marche sur quelque chose, je regarde : c’était un objet enveloppé dans du papier. J’enlève