Page:Dostoïevski - Un adolescent, trad. Bienstock et Fénéon, 1902.djvu/24

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formations sur sa santé et en sollicitait touchant celle des destinataires ; venaient ensuite, en bon ordre, les saluts et les bénédictions ; c’était tout. « A notre très chère et respectable épouse Sophie Andréievna, j’envoie le salut le plus profond... A nos aimables enfants, j’envoie ma bénédiction paternelle indéfectible... (Les enfants, au fur et à mesure de leur apparition, étaient enregistrés sous le nom de leur père légal.) Je ferai remarquer ici que Macaire Ivanovitch avait trop de tact pour jamais donner du « mon bienfaiteur » au « très respecté monsieur An­dré Pétrovitch, » bien que, dans chaque lettre, il lui envoyât immanquablement son salut le plus pro­fond, lui demandât sa grâce et appelât sur lui la béné­diction divine. Ma mère répondait à Macaire Ivano­vitch, presque courrier par courrier, et dans un style analogue. Versilov sans doute ne participait pas à la correspondance. Macaire Ivanovitch écrivait de localités fort diverses : il séjournait des semaines, des mois dans un couvent, puis se rendait dans quelque autre couvent. Il était devenu ce qu’on ap­pelle un pèlerin. Jamais il ne nous a rien demandé ; mais, tous les trois ans, il arrivait à la maison pour y passer quelques jours et s’installait chez ma mère, qui avait toujours son appartement distinct de celui de Versilov. De cela, il me faudra parler plus loin. Ici je remarquerai seulement que Macaire Ivanovitch s’installait en modeste appareil : un divan dans un coin, derrière un paravent, lui suffisait. Et il ne s’éternisait pas. Cinq jours, une semaine.

J’ai omis de mentionner qu’il était plein de respect envers son propre nom de « Dolgorouki », et pour­quoi ? parce que ce même nom est porté par des