Page:Dostoïevski - Un adolescent, trad. Bienstock et Fénéon, 1902.djvu/31

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sur Versilov pour des explications définitives. Ses manières badines me blessaient à vif, et je les aurais préférées acrimonieuses. Dans nos conversations, il affectait un ton supérieur, équivoque et sarcastique. Même à mon arrivée, ce n’est pas avec sérieux qu’il m’accueillit. A ce régime, du moins, il a gagné, si c’était son dessein, de rester pour moi impénétrable. Quant à moi, je ne m’humilierai pas à solliciter qu’il veuille bien renoncer à ces façons déroutantes. Et je cessai moi-même de parler sérieusement, je cessai même de parler et j’attendis. J’attendis l’arrivée à Pétersbourg de certaine personne par qui je saurais, et de source sûre, la vérité ; c’était mon dernier espoir. Et déjà je prenais mes dispositions en vue d’une rupture. Certes, je regretterais ma mère. Pourtant je la mettrais en demeure d’opter, elle et ma sœur. Ma formule était prête : « Ou lui, ou moi. » J’avais fixé le jour. En attendant, je continuais à vaquer à mon service.