Page:Doyle - La Marque des quatre.djvu/73

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nous arc-boutâmes alors tous les deux et cette fois elle s’ouvrit brusquement ; nous étions dans la chambre de Bartholomé Sholto.

Cette pièce avait servi de laboratoire de chimie. Contre le mur en face de la porte, s’alignait sur une étagère une double rangée de fioles bouchées à l’émeri et la table était couverte de petites lampes Bunsen, d’éprouvettes et de cornues. Dans les coins on voyait des bonbonnes d’acide enveloppées de paille. L’une d’elles semblait avoir été fêlée, car un liquide noirâtre s’en était échappé et avait formé une espèce de ruisseau qui répandait dans l’air une odeur âcre rappelant celle du goudron. Un escabeau placé sur un amoncellement de plâtras donnait accès à un trou ouvert dans le plafond et assez large pour livrer passage à un homme. Au pied de cet escabeau gisait une longue corde à nœuds. Devant la table, effondré dans un fauteuil, le maître de la maison était assis, la tête penchée sur l’épaule gauche, un sourire énigmatique et spectral errant sur sa figure. Il était déjà raide et froid et avait certainement cessé de vivre depuis plusieurs heures. Je remarquai que non seulement ses traits, mais ses membres eux-mêmes étaient tordus et contournés de la plus étrange façon. Près de