Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/127

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binocle, les gens qui l’entourent. On s’aviserait aisément de ses dispositions simples et sociables, de son désir d’entrer en amitié avec tout le monde ; le premier venu devinerait en lui un être communicatif par nature et par habitude, un caractère souriant, un esprit vif. Toutefois, en l’étudiant de près, on ne manquerait pas de discerner une fermeté de la mâchoire, une contraction de la lèvre, révélatrices d’un fond secret ; et l’on concevrait que ce jeune Irlandais brun, d’apparence si aimable, pourrait bien laisser sa marque, bonne ou mauvaise, sur n’importe quel milieu.

Après avoir, à deux reprises, tenté de lier conversation avec le mineur le plus proche, notre jeune homme, mal reçu, s’était résigné à un silence qui lui pesait ; et, tourné vers la portière, il regardait d’un air songeur filer le paysage. L’aspect en était peu fait pour le réjouir. Au versant des collines, dans l’obscurité croissante, palpitaient les rougeurs des hauts fourneaux. On apercevait confusément, de chaque côté, des monceaux de scories et de cendres, dominés par les puits des mines. Le long de la voie ferrée, les maisonnettes de bois, réunies par groupes, allumaient leurs vitres, et leurs habitants basanés encombraient les quais des stations. Les vallées de charbon et de fer du district de Vermissa n’étaient point le séjour du repos et de la culture intellectuelle : partout s’y manifestaient l’âpre bataille de la