Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/16

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le boutiquier du coin vendait des couronnes de laurier, j’enverrais Billy nous en acheter une. »

Un papier posé sur le genou, j’avais retranscrit, au fur et à mesure qu’Holmes le déchiffrait, l’étrange message ; et je le relisais avec étonnement.

« Quelle façon gauche et baroque de s’exprimer ! dis-je.

— Au contraire, dit Holmes, cela me paraît fort remarquable. Quand on n’a, pour s’exprimer, que les mots qu’on va chercher dans une colonne d’almanach, on ne peut se flatter de trouver tous ceux qu’on désire. Il faut compter sur l’intelligence de celui à qui l’on s’adresse. Ici, pas d’obscurité ni d’équivoque. Il se trame quelque chose d’horrible contre un certain Douglas, propriétaire campagnard, dont on nous indique la résidence. Porlock est sûr – « sûreté » est ce qu’il a trouvé de plus approchant – que nous devons nous hâter d’intervenir. Et voilà le résultat de notre petit travail, qui est, je puis le dire, un joli morceau d’analyse. »

Holmes, même quand il se lamentait sur un résultat inférieur à ses espérances, éprouvait cette joie impersonnelle de l’artiste qui se sent vraiment faire son œuvre. Il riait encore tout bas de sa réussite quand Billy ouvrit la porte, pour livrer passage à l’inspecteur Mac Donald, de Scotland Yard.

Nous étions alors dans les dernières années du xixe siècle ; il s’en fallait que Mac Donald fût, comme aujourd’hui, une espèce de célébrité