Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/181

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plus avantageux de payer que de combattre. Et, maintenant, frères… »

Tout en parlant, Mac Ginty retirait son bonnet de velours noir et son étole.

« …La loge a terminé ses travaux du jour, sauf en ce qui concerne une petite affaire dont il sera question avant que nous nous séparions. L’heure est venue de nous divertir fraternellement et d’entendre un peu de musique. »

Étrange chose que la nature humaine ! Ces êtres féroces pratiquaient couramment l’assassinat ; plus d’une fois, sans aucun grief personnel, ils avaient frappé le père de famille, et jamais ils n’éprouvaient ni regret ni compassion à la pensée de la veuve désespérée et de l’orphelin sans défense ; cependant la musique agissait sur eux, et, tendre ou pathétique, il arrivait qu’elle leur tirât des larmes. Mac Murdo possédait une belle voix de ténor ; s’il n’eût déjà gagné les suffrages de la loge, elle ne les lui eût par marchandés après l’avoir entendu chanter : Je suis assis sur la barrière, Mary, ou bien Au bord de la rivière Allan. Dès ce premier soir, il avait acquis une vraie popularité auprès de ses frères, il s’était imposé d’emblée pour l’avancement et les hautes fonctions. Mais il fallait d’autres qualités que celles d’une bonne camaraderie pour porter dignement le titre d’Homme Libre ; et Mac Murdo allait offrir le parfait modèle du genre avant même que la soirée se terminât. La bouteille de whisky avait plusieurs fois circulé