Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/183

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Et le président jeta le journal sur la table.

« Voilà en quels termes Stranger parle de nous. Eh bien, je vous le demande, comment allons-nous lui répondre ? »

Une douzaine de voix poussèrent le même cri sauvage :

« Qu’on le tue !

— Je proteste, dit frère Morris, l’homme à la figure rasée. Frères, je vous en avertis, cette vallée sent trop le poids de notre main. Il viendra une heure où tout le monde se liguera pour se défendre et pour nous abattre. James Stranger est un vieillard universellement respecté dans la ville et dans le district. Son journal représente tout ce qu’il y a ici de plus solide. En le frappant, nous déterminerions dans cet État une agitation qui ne finirait que par notre ruine.

— Et comment s’y prendrait-on pour causer notre ruine, maître La Prudence ? s’écria Mac Ginty. Est-ce en faisant agir la police ? Mais une moitié de ses gens nous appartient, et l’autre nous redoute. Est-ce en recourant aux tribunaux ? Mais nous avons déjà tâté du juge, et qu’en est-il résulté ?

— Il y a un certain juge Lynch qui pourrait avoir son mot à dire. »

Cette réflexion de frère Morris suscita une clameur de colère.

« Je n’aurais qu’à lever le doigt, s’écria Mac Ginty, pour lâcher dans la vallée deux