Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/184

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cents hommes qui la nettoieraient de fond en comble. »

Puis, tout à coup, haussant encore la voix, et le front barré d’un pli formidable :

« Prenez garde, frère Morris ! Voilà déjà quelque temps que j’ai l’œil sur vous. Non seulement vous manquez de courage, mais vous cherchez à décourager les autres. Frère Morris, ce sera un mauvais jour pour vous que celui où vous serez à l’ordre du jour, et je crois que je devrais déjà vous y mettre. »

Morris avait mortellement pâli ; il retomba sur son siège, comme si ses genoux se dérobaient ; et soulevant son verre d’une main tremblante, il but avant de pouvoir répondre :

« Je vous demande pardon, vénérable Maître, et je m’excuse près de mes frères si je suis allé trop loin dans mes paroles. Vous me connaissez tous comme un fidèle membre de la loge ; c’est par crainte d’un malheur pour elle que je me suis exprimé comme je l’ai fait. Mais j’ai plus de confiance dans votre jugement que dans le mien, vénérable Maître, et je vous promets de ne plus faillir. »

À cet aveu d’humilité, le Maître se rasséréna.

« C’est bien, frère Morris. Je regretterais d’avoir à vous donner une leçon. Mais tant que j’occuperai ce siège, la loge demeurera unie, dans ses propos comme dans ses actes. »

Il promena ses yeux sur l’assistance et continua :