Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/19

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miner ses émotions avait fini par le rendre insensible. Mais si la sensibilité chez lui était amortie, les perceptions intellectuelles étaient on ne peut plus actives. À défaut d’une impression d’horreur telle que me l’avait fait éprouver la brève déclaration de Mac Donald, je pouvais lire sur le visage d’Holmes le tranquille intérêt du chimiste qui voit se précipiter les cristaux dans une solution sursaturée.

« Remarquable ! dit-il, remarquable !

« Vous n’avez pas l’air surpris ?

— Surpris ? Non, je ne suis pas précisément surpris, mais intéressé, monsieur Mac. Pourquoi serais-je surpris ? On m’avise, de bonne main, qu’un danger menace une certaine personne. Une heure plus tard, j’apprends que le danger a pris forme, que cette personne est morte. Cela m’intéresse, mais, comme vous le dites, cela ne me surprend pas. »

Il raconta brièvement à l’inspecteur l’histoire de la lettre et du chiffre. Mac Donald s’était assis, le menton entre les poings ; ses gros sourcils rapprochés ne formaient plus qu’une touffe jaune.

« J’étais en route pour Birlstone, dit-il ; et je pensais vous demander s’il vous plairait de m’accompagner. Après ce que je viens d’apprendre, peut-être aurions-nous mieux à faire à Londres.

— Je ne crois pas, dit Holmes.

— Diantre soit de votre message ! D’ici quarante-huit heures, les journaux vont être